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Le navigateur Laurent Bourgnon, porté disparu au large de l’atoll Toau


Le navigateur suisse Laurent Bourgeon est porté disparu au large de l'atoll de Toau, dans les Tuamotu
Le navigateur suisse Laurent Bourgeon est porté disparu au large de l'atoll de Toau, dans les Tuamotu
PAPEETE, 24 juin 2015 - Les recherches engagées à la mi journée pour tenter de localiser Laurent Bourgnon, porté disparu au large de l’atoll Toau, étaient toujours vaines en début de soirée malgré les moyens mis en oeuvre par le centre de secours en mer (MRCC).

Le MRCC de Papeete a été alerté en début d’après-midi de la disparition du navigateur Laurent Bourgnon qui effectuait une plongée au niveau de l’atoll de Toau, situé près de Fakarava, à environ 400 km de Tahiti dans l’archipel des Tuamotu.

Laurent Bourgnon effectue actuellement une croisière privée à bord de son bateau et avait entrepris, dans le cadre de son activité professionnelle, de plonger ce matin.

Lorsque l’équipage et les passagers du navire se sont rendus compte qu’il n’était pas remonté à la surface, ils ont donné l’alerte au MRCC à 13h45 qui a immédiatement engagé l’hélicoptère inter administration Dauphin. Celui-ci a atteint l’atoll de Toau aux environs de 17h00. Les personnes à bord ont entamé, elles-mêmes, des recherches avec les deux annexes qui équipent le bateau.

Les recherches étaient toujours en cours dans la soirée et seront poursuivies si besoin dans la journée du 25 juin.

Navigateur chevronné, vainqueur de la solitaire du Figaro (1988), deux fois vainqueur de la Route du Rhum (1994, 1998), le Suisse Laurent Bourgeon a également remporté la Transat Jacques Vabre (1995), la Québec-Saint-Malo (1992), sur son trimaran Primagaz.

Laurent Bourgnon, marin surdoué et vrai "citoyen de la mer"

Le navigateur franco-suisse Laurent Bourgnon, porté disparu après une plongée dans l'archipel des Tuamotu (Polynésie française), est l'un des meilleurs marins de sa génération, un vrai "citoyen de la mer" mais aussi un sportif aussi talentueux que polyvalent.

Tignasse blonde en bataille, yeux bleus océan et toujours pieds nus sur le pont de ses bateaux, il est aussi un aventurier comme il n'en existe plus guère aujourd'hui, capable de passer avec succès de la barre d'un dragster océanique au volant d'un buggy du Paris-Dakar, voire aux commandes d'un ULM ou d'un petit avion de tourisme.

Né le 16 avril 1966, à La Chaux-de-Fond en Suisse, il contracte très petit le virus de la voile. A 4 ans, il effectue en famille sa première traversée de l'Atlantique, ses parents ayant décidé de délaisser un temps leur boulangerie pour vivre leur passion maritime.

Et lorsque Laurent est âgé de 13 ans, la famille Bourgnon, avec Yvan le petit frère (né en 1971), repart pour un tour du monde. Après avoir sacrifié à des études de mécanique, il se lance naturellement dans la voile.

- L'Atlantique en Hobbie Cat -

A 20 ans, avec Fred Giraldi comme équipier, il relie en 22 jours l'archipel des Canaries à la Guadeloupe en Hobbie Cat 18, un petit catamaran (5,50 m) plus apte à tirer des bords entre trois bouées qu'à affronter la haute mer.

A l'arrivée, il reçoit les encouragement de Philippe Poupon qui vient de remporter la Route du Rhum 1986. Un an plus tard, Bourgnon se classe 2e de la Mini-Transat après avoir remporté la 2e étape Canaries-Martinique.

La consécration arrive en 1988. Cette année là, il rejoint l'élite de la voile hauturière en remportant la Solitaire du Figaro, à sa première participation et en soufflant la victoire à Alain Gautier à l'arrivée de la toute dernière étape.

Il hérite alors d'une réputation de surdoué, de marin dur au mal, intuitif et excellent préparateur, attentif au moindre détail. Obsessionnel de la chasse au poids, il coupe les boulons trop longs à bord de ses bateaux, ainsi que... les manches de ses brosses à dents.

Bourgnon passe ensuite à des bateaux plus gros et surtout à des multicoques, sa passion. A la fin des années 1980, les trimarans de 60 pieds Orma (18,28 m) sont les machines les plus sophistiquées au monde (les plus dangereuses aussi) et le marin franco-suisse va très vite s'imposer dans cet exercice d'équilibriste.

- Un OVNI -

A la barre de ces engins, il enchaîne les succès et son curriculum vitae donne le tournis.

Outre deux victoires d'anthologie dans la Route du Rhum (1994 et 1998), il enquille les premières places dans les courses La Baule - Dakar (1991), Québec - Saint-Malo (1992) et Transat Jacques Vabre (avec l'Américain Cam Lewis, en 1995). Il décroche le titre prestigieux de champion du monde de course au large en 1994, 1995 et 1997.

En 1997, il gagne la Transat Le Havre - Cartagène (Colombie) avec son frère Yvan, lui aussi passionné d'aventures maritimes et qui a bouclé mardi à Ouistreham (Calvados) un tour du monde en catamaran de sport!

Longtemps domicilié à La Trinité-sur-Mer (Morbihan), alors capitale de la voile océanique française, Laurent Bourgnon s'installe ensuite en Polynésie où il vit depuis plusieurs années.

"C'est un OVNI, un marin au talent fou et doté d'un sens marin exceptionnel", dit de lui Didier Ravon, rédacteur en chef de Voiles et Voiliers. "Il a le don de faire avancer vite un bateau, lisant le ciel mieux que quiconque. Élevé dans une ambiance un peu baba cool, de liberté totale, il se fiche de l'image qu'il peut donner. C'est un vrai 'citoyen de la mer'".

Son frère Yvan arrive en Polynésie

Paris, France | AFP | jeudi 25/06/2015 - Le navigateur Yvan Bourgnon a indiqué jeudi qu'il se rendait en Polynésie française pour participer aux recherches à la suite de la disparition de son frère Laurent après une plongée dans l'archipel des Tuamotu.

"Même si je sais que tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver Laurent, je me rends sur place pour participer aux recherches. Je ne peux pas rester en France à ne rien faire. J’irai sur l’eau pour chercher mon frère jour et nuit, aussi longtemps qu’il y aura un espoir", a indiqué Yvan Bourgnon, dans un communiqué publié par son service de presse.

"Laurent est un combattant, je sais qu’il est capable de tenir plusieurs jours à la dérive en pleine mer. Nous comptons, ma famille et moi, sur le soutien des autorités polynésiennes, des habitants de Fakarava et des plaisanciers présents sur place, pour continuer à se mobiliser et poursuivre les recherches", souligne Yvan Bourgnon, précisant avoir "fait le point avec la gendarmerie et le MRCC (Centre de Recherche et de Sauvetage en Mer) de Papeete".

Comme son frère Laurent, Yvan Bourgnon parcourt les mers sur tous les supports. Il a bouclé mardi à Ouistreham (Calvados) un tour du monde en catamaran de sport sans habitacle, en solitaire vingt mois après son départ des Sables-d'Olonne (Vendée).

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 24 Juin 2015 à 19:28 | Lu 8827 fois