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Le bois à la cote aux Raromata'i


Raiatea, le 8 octobre 2020 – Seul scieur des Raromata'i conventionné avec le territoire, Claude Brun est un autodidacte de génie. Parti de rien, le voilà aujourd’hui à la tête d’une petite entreprise à laquelle on fait appel pour des chantiers comme la construction de maisons.
 
Il est un fait que la filière bois a le vent en poupe notamment par la volonté du territoire de diminuer les importations pour les remplacer par de la production made in fenua. Les Raromata'i n’échappent pas au phénomène pour le plus grand bonheur de Claude Brun qui depuis 2008 s’est décidé à exploiter les pinus de sa propriété à Tenape, pour débiter des planches destinées à la construction de fare.
 
De fil en aiguille, d'abord avec une grande tronçonneuse et un guide, puis avec une scie professionnelle qu'il a entièrement fait renaître de ses cendres, il s'est mis à débiter ce bois d'une qualité (le Pin Caribean) absolument incroyable. Le scieur de Raiatea traite ensuite ses bois par trempage avec un produit non nocif, notamment pour les abeilles, ce qui n'est pas le cas des traitements réalisés ailleurs avec des produits chimiques. En tout cas, en 12 ans d’activité il n'a constaté aucune attaque de termites. Ses principaux clients sont les particuliers, parfois les hôtels ou les sociétés pour des pontons, etc.

Une filière avec du potentiel

Le déclic s’est véritablement produit l’année dernière à l’occasion d’une commande de deux fare 100% en pinus de Raiatea. Les coûts de production et de réalisation, incomparables avec le bois importé, ont vite trouvé écho si bien que trois autres fare lui ont été commandés pour cette année.
Claude Brun croit dur comme fer dans l'avenir de ce matériau, et a embauché un jeune C.A.E. (Contrat d'Aide à l'emploi) et une patentée pour le seconder dans sa tâche. Outre l’aspect humain il a aussi investi dans la technologie en équipant son atelier de panneaux solaires dont l’énergie produite alimentera son atelier.
 
Son souhait serait que des jeunes reprennent l'exploitation après une bonne formation. Il y a du travail dans ce secteur. D'autant que côté surface plantée par le territoire (sur des parcelles privées conventionnées et sur le domaine public) il y a de quoi faire avec 700 hectares à exploiter. En effet le territoire a planté les premiers arbres dans les années 70. Près de 50 ans après, marqué par un manque de suivi puisque les éclaircies n’ont pas été réalisées dans les règles de l’art, ce qui a entrainé des nœuds dans les planches, le stock exploitable est confortable.

Les chiffres de la filière
Au fenua, la surface de pinus est estimée à 5900 hectares. Raiatea en compterait 700 ha ainsi que 100 hectares en essence précieuse. Les élagages se font régulièrement sur des branches de 0 à 9 mètres pour éviter les nœuds. Sur trois arbres on en enlève deux pour laisser ce que l'on appelle les bois de réserves. Il y a 10 ans, le programme de développement de la filière a incité les exploitants à s'installer au même titre que Claude Brun. L'objectif du pays est de passer de 3000 m3 l'an actuellement à 15 000 m3 dans 5 ans. Évidemment la replante est à l'ordre du jour pour la pérennité de la filière, c'est-à-dire qu'un hectare exploité est un hectare replanté. En tout cas c'est le cas pour le domaine du Pays.

Rédigé par JPM le Jeudi 8 Octobre 2020 à 08:13 | Lu 1380 fois