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Le Syndicat de la fonction publique coupé en deux


Tahiti, le 12 avril 2021 - Les désaccords à l’origine du débarquement le mois dernier de Vadim Toumaniantz du poste de secrétaire général provoquent une scission au Syndicat de la fonction publique (SFP). Un nouveau syndicat de fonctionnaires fait son apparition : le Syndicat des agents publics de Polynésie.

"On a reçu beaucoup trop de plaintes pour rester bras croisés, sans rien faire. On, a trop travaillé pour voir Vadim passer 8 heures par jour au Cesec et percevoir ses indemnités de conseiller", explique Guy Sue, le secrétaire général adjoint du Syndicat de la fonction publique (SFP). En poste depuis 2013 à la tête du syndicat des cadres de l’administration territoriale, Vadim Toumaniantz a été débarqué le 12 mars dernier suite à ce qu’il nomme un "push" du conseil d’administration. Olivier Champion a été élu par cinq voix sur les huit membres du bureau syndical au poste de secrétaire général. "Nos statuts prévoient que le bureau soit renouvelé tous les ans. C’est une décision démocratique" complète Guy Sue. Mais, comme l'expose Vadim Toumaniantz dans une note d'information largement diffusée le 2 avril dernier aux membres du syndicat, l'accession d'Olivier Champion à la tête du SFP est le fait d'une "faction minoritaire" qui a "décidé de procéder à mon éviction, par « stratégie », et surtout, sur la base de critiques contrevenant aux décisions de l’Assemblée générale" qui venait de se tenir peu avant, le 12 mars.

"Après huit années passées à la tête de notre centrale, le secrétaire général sortant avait fini par oublier l’objet principal de notre action, à savoir la défense des intérêts des agents de l’administration", tacle de son côté la lettre d'information du mois de mars diffusée à tous les membres du SFP. "Il laisse aujourd’hui un certain passif à notre syndicat, à la fois sur le plan moral et financier. Il était important de modifier le leadership afin d’insuffler une dynamique nouvelle et rester fidèles aux valeurs que nous défendons : « respect des droits et des devoirs »". Si le conseil d’administration du SFP ne se satisfait pas des bilans financier et électoral de Vadim Toumaniantz avec un syndicat qui aurait perdu un tiers de ses membres ces dernières années, le principal grief que lui impute l’instance dirigeante tient à ses émoluments de conseiller de la quatrième institution du Pays, dont l’intéressé a toujours refusé de reverser une quote-part au syndicat. Décision qu’il assume sans peine.

Quant à son bilan financier à la tête du SFP, Vadim Toumaniantz le défend pied à pied : "J’ai pris une structure qui n’avait pas de local. Maintenant elle dispose d’un siège. Les finances étaient à zéro. Le syndicat à aujourd’hui plus de 700 000 Fcfp avec les encours."

Nouveau syndicat de fonctionnaires

Reste que le débarquement de Vadim Toumaniantz est aujourd’hui à l’origine d’une scission au sein du SFP. Avec quelques proches, l’ancien secrétaire général a déposé ce lundi les statuts d’un nouvel organe syndical, constitué ce vendredi et chargé de porter les intérêts des fonctionnaires polynésiens : le Syndicat des agents publics de Polynésie. Toumaniantz assure avoir le soutien de la majorité des adhérents du syndicat et de "la moitié des élus SFP en commission administrative paritaire". Un syndicat dont il est demeuré membre jusqu’à présent. "Qu’il le crée, c’est son droit. Mais qu’avant il nous rende la liste des adhérents du SFP", déplore Guy Sue. "Depuis le mois dernier, il en fait le tour pour les persuader de le suivre. On ne vous dit pas tout, c’est pénible."

Aujourd’hui, la charge de secrétaire général du SFP est confiée à Olivier Champion, un agent en charge des finances et des moyens généraux à la Délégation de la Polynésie française, boulevard Saint-Germain à Paris. Une situation qui pourrait sembler problématique pour quelqu’un qui doit représenter les agents de la fonction publique territoriale au fenua. Mais que le secrétaire général adjoint du SPF repousse : "Il a demandé à être muté à Tahiti. En attendant, il s’occupera de tous les dossiers qu’il peut gérer à distance. Je me chargerai de ce qui doit être fait sur place.

Une scission syndicale à la tête du SFP que regarde d'un air pensif cet agent de l’administration contacté lundi matin. Il s’en moque : "Il y tellement de problèmes avec la crise Covid actuellement... Je me demande où ils trouvent de l’énergie à mettre là-dedans."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 12 Avril 2021 à 12:38 | Lu 2604 fois