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Le Ranch de Paco, l’expérimentation du bonheur


HIVA OA (Marquises), le 12 JUIN 2014. Après avoir parcouru continents et îles, le destin a ramené Paco à Hiva Oa, île verte et montagneuse, creusée par les sentiers de chasseurs, où les chevaux sauvages sont d’une beauté sans pareil, un cadre de vie unique où l’environnement naturel est l’Or noir des Marquises. Paco est Marquisien, le visage carré d’un ancien parachutiste, le regard droit et pétillant d’expériences de la vie. Avec l’humilité du militaire, il tient les rênes de sa vie dans un cadre idyllique : un simple ranch.

Paco n’a rien du casanier, il a l’esprit aventurier. Avant de vivre dans son ranch, il a voyagé, et dès l’adolescence, il a été formé dans l’armée, il a commencé par un régiment à Bayonne, puis s'est engagé dans les Parachutistes, où il a fait carrière. Né à Naiapa, à Hiva Oa, Lucien Pautehea, dit Paco, est le 6ème enfant d’une fratrie de 18. En 1971, à l’âge de 14 ans il quitte son île pour Tahiti, puis à 16 ans il part travailler sur l’atoll de Moruroa. A 18 ans, il fait le choix de faire son service militaire en France, parce qu’il avait envie de découvrir d’autres contrées. En tant que militaire parachutiste, il connaîtra la Nouvelle Calédonie, la Martinique, il est intervenu en Côte d’Ivoire, en Centre Afrique, au Tchad…

De la passion du cheval, au Ranch.

Vient le temps où après avoir vécu loin de nos îles, il revient à Hiva Oa avec sa femme et ses deux fils. Passionné de chevaux, « comme la plupart des Marquisiens de mon âge, maintenant il y en a de moins en moins, c’est dommage » dit-il, Paco a commencé à attraper les chevaux sauvages. Comme une passion, une relation s’établit entre l’homme et l’animal, quelque chose de particulier. La chasse et le dressage, tout un rituel, plein d’émotions et de satisfactions. On pourrait dire qu’il randonne sur les sentiers du bonheur, puisqu’il vit de ce qu’il aime : La pêche, les chevaux et la chasse. Quasiment autonome, Paco a construit son ranch, il y vit avec sa femme Patricia, ils ont un fa’a’apu et goûtent à la liberté que chaque jour leur offre.

Paco en capture alors 7 : « J’avais un copain qui avait une pension au village, il m’a demandé si je ne pouvais pas me lancer dans les randonnées à cheval, parce que ses clients lui demandaient souvent ce type d’activité, donc j’ai commencé comme ça. En 2004, je suis parti à Tahiti pour faire un stage de guide de randonnée équestre qui a duré sept mois. » Aujourd’hui Paco a 18 chevaux, pour bien faire dit-il, il faudrait en avoir 30 dans son ranch.

Quand je demande à Paco de me parler de situations cocasses qu’il a pu expérimenter durant ses randonnées, il me répond « Oh oui, c’est arrivé, souvent avec les débutants qui ont peur. Mais tu sais, les femmes sont beaucoup plus courageuses que les hommes, j’ai vu des cavaliers partir mais au bout de 500 mètres arrêter parce qu’ils ont trop peurc’est arrivé que des gens fassent un vol plané en montant la selle parce qu’ils se lancent trop vite ou trop fort ; quand on est en groupe, les gens rient, mais il n’y a jamais eu d’accidents graves. Au pire, un jour, un homme a perdu l’équilibre, son cheval est parti au galop et il est tombé. Parfois, les cavaliers perdent les étriers, alors ils se penchent, ils se penchent pour essayer de replacer leurs pieds et ils finissent par tomber… »

Une journée typique au Ranch

« J’ai un parc, mes chevaux se baladent en liberté, ils se nourrissent des pâturages, de l’herbe uniquement. Le matin, quand j’ai des clients prévus, je cherche les chevaux qu’il faut, je les brosse, je les prépare, parce que les randonnées durent 2h30 ou 3h00 selon la vitesse des cavaliers, il faut compter entre douze et dix-huit kilomètres. Après la randonnée, je desselle mes chevaux, je les douche, je les emmène là où il y a de l’herbe. »

Il n’y a pas de vétérinaire dans le coin, pas la peine dit Paco, « Les chevaux marquisiens ne tombent jamais malade, c’est comme les Marquisiens, ils ne tombent jamais malade non plus » (rires) « Ici, pas de vols de chevaux, c’est plutôt des enclos qu’on oublie de refermer »
C’est une passion, il faut que ça reste un plaisir

Paco gère sa vie selon ses propres besoins : Pour lui, c’est essentiel de pouvoir aller pêcher, de chasser et de faire du cheval. Quand il y a trop de monde qui fait des réservations, il est obligé d’annuler : Il tient à mettre du plaisir dans tout ce qu’il fait, car après tout, il est à la retraite. « Il faut que ça reste un plaisir, je dirais même que c’est une passion »

Le Marquisien doit savoir pêcher, chasser, et faire du cheval.

« J’adore la pêche, autant à la traîne que sous marine. J’ai mon potimarara. Quand je n’ai plus assez de viande, j’arrête les randonnées et je vais chasser. Ici, on ne fait pas le Carrefour ! Je vais sur le terrain. Je suis le patron de moi même. Je vis uniquement de ce que j’ai besoin. »

Paco et l’étalon noir, Toko Au

Un matin, un étalon noir sauvage traînait autour d’une des juments du Ranch. Quand Paco l’a vu, il a tout de suite voulu le capturer. Il l’a attrapé et depuis, il y a une grande affection entre Toko Au et son maître, c’est un étalon noir particulièrement doux, qui est très demandé par les habitués de ses randonnées équestres. Il adore le galop… donc déconseillé aux débutants.

L’expérimentation du bonheur.

Comme son propre père, Paco a appris à ses fils comment pêcher, chasser… Même si aujourd’hui ils sont loin, Paco leur a transmis ce qu’ils devaient connaître, en tant que Marquisiens. L’un de ses fils chassait seul dès l’âge de 12 ans, « une fois même il a tué un cochon, il me l’a montré… »

« Je ne me peux pas dire ‘je suis tahitien’, ‘je suis breton’quand je suis en France, les Français me regardent non pas comme un Français, je suis Marquisien et fier de l’être et puis voilà, comme tout le monde peut être fier de son pays, tout simplement »

Puis Paco rajoute que c’est sa grand mère qui a mis en terre son placenta : Si on lui demande qui il est, il répond que HivaOa, c’est sa terre, qu’il est Marquisien. « Tous ces jeunes Marquisiens qui sont à Tahiti et qui n’ont pas de travail devraient revenir ici, aux Marquises. Au moins quand tu es chez toi, tu es bien dans ta tête, ici il y a plein de terres qui ne demandent qu’à être plantées, cultivéestout ce qui se mange, plante le, si ça n’est pas pour toi, fais le pour tes enfants ou ta famille »

Pour Paco, les Marquises offrent tout ce dont l’homme a besoin pour vivre heureux : « On n’est pas envahi par le béton, on a tout ce qu’il faut pour vivre heureux. Les touristes, quand ils viennent, c’est surtout ça qu’ils admirent, cette nature belle et vivante, cet espace naturel ; le regard vers cette nature est très apaisant, c’est ça la vie ! »



Rédigé par Ariirau RICHARD-VIVI le Jeudi 12 Juin 2014 à 15:06 | Lu 4182 fois