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Le Pass'sport fera place au Mā'ohi Pass


Tahiti, le 2 octobre 2025 - Ce jeudi à l’assemblée, lors de la séance des questions orales, le ministre des Sports et de la Jeunesse, Kainuu Temauri, a annoncé la mise en place prochaine d'un Mā'ohi Pass. Un dispositif local qui devrait poursuivre et élargir les actions du Pass'sport, dispositif national tout juste supprimé en raison de restrictions budgétaires décidées par l'État.
 
L'exercice des questions orales ne déçoit jamais. Que l'on soit de l'opposition ou de la majorité, l'occasion de fustiger l'action du gouvernement est trop belle pour la laisser passer. Et ce jeudi, c'était au tour du ministre des Sports et de la Jeunesse, Kainuu Temauri, de rendre des comptes.
 
Face à lui, la représentante du Tapura Huiraatira à l'assemblée de la Polynésie française, Tepuaraurii Teriitahi, a, en effet, déploré la suppression du Pass'sport et l'absence de réaction du gouvernement vis à vis de cette situation. D'autant que, selon la représentante Tapura, ce dispositif “a contribué de manière concrète à lutter contre l'inactivité, pour l'insertion sociale, à prévenir les maladies liées à la sédentarité tout en dynamisant l'activité de nos fédérations, de nos clubs sportifs et de nos écoles de danse.”
 
Et pour cause : sur l'année scolaire 2024-2025, ce sont près de 5.000 jeunes qui ont bénéficié de ce Pass'sport, à raison d'une aide de 15.000 francs chacun. Un dispositif au budget total de 60 millions de francs, qui a su intégrer 202 associations réparties sur 32 disciplines sportives. Un bilan positif, incontestable, qui n'a néanmoins pas suffi à la reconduction du programme. En effet, pour des raisons de restriction budgétaire à l'échelle nationale, la tranche d'âge des bénéficiaires s'est vue réduite et certains territoires d'Outre-mer, dont la Polynésie française, ont dû supprimer le dispositif.
 
Pour Tepuaraurii Teriitahi, les conséquences sont graves : “Nous avons tous appris la non-reconduction de ce dispositif. La fin du Pass'sport laisse malheureusement de nombreuses familles démunies face au coût des inscriptions. Nos jeunes, souvent issus des quartiers prioritaires, qui en bénéficiaient jusqu'à présent devront se résigner à quitter les clubs sportifs qu'ils fréquentaient avec assiduité et engouement. Une porte ouverte vers l'oisiveté dont nous connaissons tous les issus malheureuses !” Une situation regrettable qui, selon le ton employé par l'élue, ne semble pas susciter de réaction de la part du ministre des Sports, Kainuu Temauri. Et celle-ci rappelle : “Il y a quelques mois, votre prédécesseur avait vanté publiquement les mérites de ce dispositif – financé entièrement, rappelons-le, par l'État français – en insistant sur son efficacité pour les jeunes et pour les associations sportives locales, attribuant presque la paternité de ce dispositif à votre gouvernement.”
 
Un ministre des Sports droit dans ses bottes
 
Interrogé par la représentante Tapura sur les moyens qui pourront être mis en œuvre afin de pallier ce manque, Kainuu Temauri – sportif dans l'âme et rameur dans la vraie vie – a montré qu'il savait aussi mettre les gants et rendre les coups. Et le ministre en charge des Sports et de la Jeunesse a tenu à mettre les choses au clair : “Je ne suis pas tout à fait d'accord lorsque vous dites que ma prédécesseuse s'est arrogé la paternité de ce dispositif. Il faut dire que les deux première années de la mise en route du dispositif Pass'sport ont été un peu compliquées parce qu'on a voulu appliquer stricto sensu le dispositif tel qu'il existe en Métropole. (...) Pour rappel, avant, il fallait être bénéficiaire de l'allocation rentrée scolaire pour être éligible au Pass'sport. On l'a étendu pour pouvoir le faire bénéficier à nos classes moyennes, puisque eux aussi ont le droit à l'accès à une pratique sportive régulière. On l'a ouvert à d'autres disciplines sportives comme le ’Ori tahiti. Nous avons augmenté la tranche d'âge. Je pense qu'il faut rendre à César ce qui est à César : Le succès du Pass'sport sur la dernière année c'est aussi grâce aux choix qu'a faits Nahema Temarii.”
 
Plus concrètement, cette question orale posée par Tepuaraurii Teriitahi a été l'occasion pour le ministre des Sports d'annoncer un futur dispositif, plus global : “J'ai le plaisir aujourd'hui de vous annoncer que l'on va reconduire le dispositif à compter de la rentrée sportive de janvier 2026, sous une nouvelle appellation : le Mā’ohi Pass. Concrètement, il s'agit d'un budget de 60 millions qui sera mobilisé au titre du Fonds de prévention sanitaire et sociale pour l'année 2026, pour que l'on puisse continuer à faciliter l'accès à une activité physique et sportive. Au-delà du changement de nom et de notre volonté de ne plus faire référence au sport, nous avons vraiment la volonté de poser une politique transversale.” Car si l'urgence est bel et bien de redéployer le dispositif sportif, ce dernier devrait être bientôt compléter par un Pass Jeunes – en cours d'élaboration à la Direction de la Jeunesse et des Sports selon le ministre – et un Pass Culture, qui lui est porté par le ministre de l'Éducation et de la Culture, Ronny Teriipaia.
 
Enfin, afin de dissiper les doutes du côté de l'opposition, Kainuu Temauri a également tenu à réaffirmer son cap : “Je me dois en tant que ministre des Sports de favoriser le sport de masse et le sport pour tous. (...) Je ne vois pas le sport uniquement comme une activité physique et sportive. Cela peut réellement être un outil de lutte contre les addictions. Je l'ai dit [mercredi], on ne peut pas juste faire des actions pour dire que l'ice c'est pas bien, que le paka c'est pas bien. Bien sûr, il faut y aller de front et dire ces choses-là ; mais il faut aussi en tant que puissance publique que l'on puisse proposer une alternative positive, et cela passe par des activités : le sport, la culture, la jeunesse, et bien sûr bien d'autres choses. Je tiens vraiment à réaffirmer mon engagement dans ce sens-là.”

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 2 Octobre 2025 à 16:22 | Lu 2815 fois