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La réforme fiscale touristique au cœur des municipales


Tahiti, le 27 novembre 2025 - À trois mois des municipales, la réforme de la fiscalité touristique ravive les tensions entre le Pays et les communes. Jeudi, Gaston Tong Sang a interpellé Moetai Brotherson sur la suppression de la part communale de la Redevance de promotion touristique (RPT), une manne essentielle pour les îles touristiques. Le président a défendu un cadre fiscal “modernisé” censé sécuriser les recettes des communes, mais le maire de Bora Bora juge cette réforme “presque méprisante” pour les collectivités locales.

 
Ce jeudi matin à Tarahoi, Moetai Brotherson a répondu à la question orale de Gaston Tong Sang sur la suppression de la part communale de la RPT. Le maire de Bora Bora s’inquiète des conséquences pour les communes touristiques et rappelle que cette redevance constitue un élément vital de leur autonomie financière et du financement des infrastructures locales.
 
De son côté, le président du Pays a présenté sa réforme comme une modernisation du cadre fiscal, ayant pour “objectif de simplifier et rationaliser le cadre fiscal, tout en confortant les recettes des communes”, a-t-il expliqué. Il a détaillé les trois volets de cette réforme : la rénovation de la taxe de séjour, la suppression des centimes additionnels à la RPT et une adaptation de la fiscalité sur les hébergements touristiques. “Les communes conservent la liberté de fixer leurs tarifs, notamment pour les pensions de famille, et peuvent atteindre un niveau de recettes au moins équivalent à celui des taxes cumulées en 2004”, a-t-il souligné, rappelant à Gaston Tong Sang qu'il ne s'agit pas d'une obligation. La réforme prévoit également une révision triennale des plafonds de tarification, alignant la fiscalité sur la fréquentation réelle, tout en garantissant que l’augmentation de la taxe de séjour compense la suppression de la part communale de la RPT.
 

“Une ineptie”, pour Gaston Tong Sang


Faux, répond Gaston Tong Sang, qui estime que la réponse proposée par Moetai Brotherson est “presque méprisante vis-à-vis des communes qui œuvrent tous les jours pour que les touristes soient un vecteur fort économique”. Le tāvana n'a pas non plus la même lecture comptable de la compensation financière issue de la révision de la taxe de séjour “vendue” par le gouvernement : “Pour moi, c’est une ineptie”, a-t-il dit. “La taxe de séjour, c’est vraiment la taxe forfaitaire de base… On sait très bien que c’est très compliqué à recouvrer, notamment auprès des pensions de famille”. Selon lui, la suppression de la RPT représenterait une perte immédiate de “300 millions de francs par an” pour Bora Bora, que l’augmentation de la taxe de séjour ne peut pas compenser.
 

Une réforme au cœur du débat politique


À un peu plus de trois mois des municipales, le dossier prend une dimension politique majeure. Tong Sang avertit que si la réforme passe en l’état, il ne fera plus d’efforts. “Beaucoup de communes ont vu des recettes nouvelles arriver grâce à cette RPT. C’est aussi un signal qu’on envoie aux communes touristiques”, insiste-t-il.
 
De son côté, le président Brotherson défend sa logique de modernisation visant à sécuriser les budgets communaux, adapter la fiscalité à la fréquentation réelle, et offrir aux communes un cadre plus stable. Une approche contestée par Gaston Tong Sang, qui la juge déconnectée du quotidien des maires et de la gestion des infrastructures touristiques essentielles. Dans ce contexte, le débat dépasse la simple question budgétaire et s’inscrit pleinement dans la campagne municipale à venir, où la fiscalité touristique pourrait devenir un enjeu déterminant pour les élus locaux.
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 27 Novembre 2025 à 16:47 | Lu 1668 fois