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La piste criminelle privilégiée après l'incendie d'un abattoir dans l'Ain


Haut Valromey, France | AFP | vendredi 28/09/2018 - Un violent incendie a ravagé dans la nuit de jeudi à vendredi un abattoir de l'Ain: la piste criminelle était privilégiée sur fond de tensions croissantes entre certains militants de la cause animale et la filière viande, dont les acteurs demandent  l'intervention de l'Etat.

L'incendie, qui n'a pas fait de blessé, s'est déclaré vers 01H00 sur la petite commune de Haut-Valromey, réduisant en fumée la moitié des 4.000 m2 des Etablissements Gesler, un important employeur local.
"Tout ce qui est abattoir pur et bouverie n’a pas été impacté. Par contre, la charcuterie est détruite à 100%, l’administratif pareil et, pour tout ce qui est salle de découpe, il y aura de gros gros travaux" de remise en état, a précisé vendredi à AFPTV Pierre Favre, un des dirigeants de l'entreprise, exprimant son "incompréhension" devant cet acte "gratuit".
"J’ai eu beaucoup de solidarité du monde paysan qui est arrivé tout de suite" pour mettre les bêtes en sécurité, a-t-il souligné.
"Plusieurs véhicules" garés sur le site ont été détruits, ont ajouté les pompiers qui, à l'aide de 15 engins, sont parvenus à maîtriser le sinistre au bout de quatre heures.
"Nous sommes certains que c'est criminel. Des experts sont attendus sur place pour des vérifications", a confirmé le procureur de la République de Bourg-en-Bresse Christophe Rode, qui a ouvert une enquête pour "destruction volontaire de biens par substances incendiaires". 
Selon la gendarmerie, "plusieurs départs de feu" ont été en effet constatés sur le site, où "ni revendication ni tags" n'ont été relevés.
"Il y a eu six départs de feu. La police a retrouvé six bidons d’accélérant, donc il est évident que c’est criminel. On ne sait pas qui a besoin ou envie de voir un outil de travail de cette nature partir en flammes", dénonce Christelle Gesler, fille du fondateur de l'entreprise.
Qui peut avoir "besoin ou envie de voir 80 familles au chômage technique ?", s'est-elle demandé.
La brigade de recherche de la gendarmerie de Belley (Ain) a été chargée de l'enquête. 
L'incendie intervient alors que la tension est vive entre la filière viande et certains militants de la cause animale qui s'en prennent depuis quelques mois à des boucheries, à coup de tags radicaux ou de dégradations.
Mercredi, l'association antispéciste 269 Libération Animale avait appelé à une "Nuit Debout devant les abattoirs" partout sur le territoire. Elle avait vu notamment sa manifestation interdite dans les Yvelines par le préfet.
Fait rare, l'ensemble des syndicats agricoles français(FNSEA, Coordination rurale, Confédération paysanne, Jeunes agriculteurs et Modef) a publié vendredi un communiqué commun dans lequel les organisations dénoncent "les attaques répétées contre leur métier" alors que les éleveurs font "déjà face à une situation économique fragile".
Les syndicats s'insurgent également contre "les mots utilisés par certaines associations vegan (...) qui atteignent l'indécence et l'injure quand ils font référence au drame de l'holocauste".
Dans une lettre ouverte, les professionnels français de la viande ont de leur côté appelé Emmanuel Macron à "enrayer immédiatement" les "offensives sectaires" dont ils font l'objet et "qui ne peuvent qu'aboutir à une guerre civile".
"Les libertés de conscience et d'expression invoquées par des collectifs et associations anti-viande et antispécistes ne sauraient être les cautions de ces violences", écrivent l'interprofession des viandes bovines Interbev et celles des viandes porcines Inaporc, en estimant à "un million" le nombre de personnes "travaillant" dans le secteur de la viande en France.
Jugeant que "trop, c'est trop", la Fédération nationale bovine a estimé pour sa part que les appels "répétés" des associations anti-viande "à faire brûler les abattoirs ne pouvaient conduire qu’aux conséquences dramatiques de cette nuit". Elle demande que les pouvoirs publics mettent un terme à cette "dérive" "dans les plus brefs délais".
"Nous n’avons pas d’ennemis personnels, nous n’avons pas d’ennemis professionnels et nos concurrents ne sont pas des terroristes. Donc oui, effectivement dans le climat actuel, on peut tirer des conclusions (...). On verra bien ce que la police va conclure. En tout cas, tant que ça n’a pas été revendiqué, la seule chose dont on peut être sûr, c'est qu’on a affaire à des lâches", a conclu Mme Gesler.

le Vendredi 28 Septembre 2018 à 06:25 | Lu 669 fois