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La lettre du CEPF, Mai 2010: Edito : Du courage, de l’honnêteté et de l’audace

Il nous faut avoir du courage et de l’honnêteté pour reconnaître que la Polynésie française est plongée dans une situation exceptionnelle et très préoccupante à plus d’un titre.
Une économie qui peine à démarrer dans un contexte local aggravé par les effets de la crise internationale. De très nombreuses entreprises sont au bord de l’asphyxie et tentent de survivre tant bien que mal.


Les demandeurs d’emploi n’ont jamais été aussi nombreux et une population de plus en plus grande est réduite à vivre dans des conditions de précarité extrême.
Un système de protection sociale qui a atteint ses limites et qui pèse chaque jour un peu plus lourdement sur les comptes sociaux du pays.
Un pays qui, avec son train de vie et faute de ressources fiscales suffisantes se trouve sans réserve de trésorerie, n’étant plus en mesure de faire face à ses obligations financières.
Une dégradation des comptes publics pointée du doigt par la société de notation financière STANDARD & POOR’S dans un rapport accablant qui rend encore plus difficile tout recours à l’emprunt.
Une Caisse de Prévoyance Sociale qui est confrontée à l’assèchement de sa trésorerie.
Une activité touristique en berne qui se détériore un peu plus au fil des mois.
Le diagnostic de la situation du pays dressé lors des Etats généraux était très négatif et sans concession. La situation présente le confirme et l’aggrave.

Certes, il faut avoir de l’honnêteté pour reconnaître et accepter ce constat d’échec global. Mais que faudra-t-il de plus pour que l’on s’attelle à l’impérieuse nécessité de repenser les fondamentaux de l’organisation de notre société ?
Désormais, nous n’avons plus le choix, toutes les énergies sans exception aucune doivent converger vers ce seul objectif. Il importe que les forces vives et politiques arrivent à se fédérer autour d’un projet de société qui prenne en compte les idées majeures recensées lors des Etats généraux. Une société dont le modèle économique ne serait plus fondé uniquement sur la consommation et sur des dépenses publiques massives de l’Etat et du Pays. Des efforts devront être nécessairement consentis. Toutefois, ils seront d’autant mieux acceptés que leur bien-fondé sera admis par tous et que leur répartition sera établie de manière équitable.

« L’initiative doit revenir au pays » pouvait-on écrire suite à la visite de notre Ministre de l’outre-mer au mois de février dernier. Relevons ce défi. Ayons l’audace de se mettre sérieusement et sans plus attendre au travail plutôt que d’adopter l’attitude de ceux qui privilégient de manière trop systématique la fuite en avant.
Cependant et jusqu’à ce que nous sortions de l’impasse institutionnelle que nous connaissons, il importe que la stabilité politique soit maintenue afin de nous permettre de bâtir ce projet et d’assurer le minimum vital économique d’ici les prochaines élections. En clair, n’interrompez pas le difficile processus de création d’activités.
Que notre sensibilité soit bleue, mauve, orange, rouge, verte, … ce travail là nous sera salutaire car nous serons irrémédiablement confrontés à cette nécessité et nous n’avons plus les moyens d’attendre.

« Le plus grand danger en temps de crise, ce n’est pas la crise. C’est d’agir avec la logique d’hier ». Peter DRUCKER (Théoricien du marketing américain).

Luc TAPETA-SERVONNAT
Président

Rédigé par Luc TAPETA-SERVONNAT le Jeudi 20 Mai 2010 à 09:41 | Lu 474 fois