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La goélette Tara sur le chemin du retour après deux ans de moisson de micro-organismes


SEYLLOU / AFP
SEYLLOU / AFP
Dakar, Sénégal | AFP | dimanche 03/09/2022 - La goélette française Tara a jeté l'ancre au Sénégal avant d'entamer son retour vers l'Europe et de boucler presque deux ans de navigation dans l'Atlantique sud destinée à l'étude des micro-organismes marins et leur rôle clé dans l'écosystème océanique.

Depuis qu'il a largué les amarres le 12 décembre 2020 de son port d'attache à Lorient (ouest de la France), le voilier-laboratoire conçu par l'explorateur Jean-Louis Étienne dans les années 1980 a parcouru quelque 38.000 milles (environ 70.000 kilomètres), ralliant le Chili, touchant aux confins de l'Antarctique en mer de Weddell et retraversant l'océan pour remonter les côtes ouest-africaines.

Avec ses six marins et une équipe de plusieurs scientifiques de toutes nationalités régulièrement renouvelée, la mission appelée Microbiomes s'est livrée à des prélèvements devant servir à comprendre le fonctionnement mal connu des micro-organismes, acteurs largement invisibles à l'oeil nu et pourtant primordiaux, et leurs interactions avec le climat et les pollutions.

Les micro-organismes (virus, bactéries, phytoplancton et zooplancton, larves...) représentent deux tiers de la biomasse marine.

"On prélève de l'eau en surface ou en profondeur, qu'on filtre à différentes fractions de taille, et ça nous permet d'avoir accès à ces différentes communautés de plancton et de microbiome", expliquait samedi dans le port de Dakar Samuel Chaffron, chargé de recherche à Tara Océan, la fondation scientifique française qui oeuvre pour la préservation des océans et qui a conçu la mission.

Autre objet d'étude: la pollution plastique: "Pour cela on a collecté énormément de plastique, macro-, micro- et nanoplastiques, pendant toute la mission", disait-il.

Dans sa partie africaine, la mission, à laquelle sont associés 42 instituts de recherche du monde entier, s'est spécialement intéressée aux fleuves comme le Congo ou la Gambie, à leur influence sur la biodiversité et la pollution par les micro-plastiques.

"On pollue trop"

La mission a aussi vocation à éduquer et sensibiliser le grand public aux enjeux océaniques lors de ses escales et à servir au plaidoyer politique.

"Il faut faire un plan Marshall de la transition écologique dans le monde entier", a déclaré le directeur général de Tara Océan, Romain Troublé.

"On est en train de voir qu'on touche les limites de tout. On pêche trop, l'écosystème le montre: il n'y a plus de thiof (mérou blanc) ici depuis quelques années. On pollue trop, il n'y a qu'à voir le port de Dakar pour le comprendre", s'alarmait-il.

Le Sénégal, où le voilier de 36 mètres est arrivé lundi, constitue la dernière séquence dédiée à la science et à la sensibilisation à la cause des océans avant le retour via Lisbonne et une arrivée à Lorient prévue mi-octobre.

Entre le 11 et le 19 septembre, la mission sera sur le fleuve Casamance (sud du Sénégal), a indiqué une porte-parole de Tara Océan.

L'échantillonnage dans les eaux sénégalaises, "ça nous permet de savoir ce qu'il y a à cette période-là, les poissons qui sont actuellement dans les eaux du Sénégal et qui ne peuvent pas migrer, de quoi est-ce qu'ils se nourrissent", se réjouissait Baye Cheikh Mbaye, océanologue sénégalais.

Il déplore le manque de moyens et de données des instituts de recherche sénégalais. "La mission de Tara, ça permet de compléter un gap", anticipait-il.

le Lundi 5 Septembre 2022 à 05:45 | Lu 232 fois