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La colère bretonne contre l'écotaxe provoque des affrontements dans le Finistère


La colère bretonne contre l'écotaxe provoque des affrontements dans le Finistère
PONT-DE-BUIS, 26 octobre 2013 (AFP) - Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont marqué une nouvelle manifestation samedi dans le Finistère contre l'écotaxe poids lourds, signe de la colère grandissante en Bretagne contre cette taxe qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2014.

Le dernier des trois portiques écotaxe du Finistère encore en état de fonctionner a été la cible samedi d'une manifestation à l'appel du "collectif pour l'emploi en Bretagne", réunissant selon les organisateurs plus d'un millier de personnes dont des salariés d'entreprises en difficulté comme Gad SAS ou encore des agriculteurs.

Les manifestants avaient déjà tenté de s'en prendre à ce portique il y a une semaine, en vain. Cette fois ils sont venus en force avec une centaine de poids lourds, des tracteurs et des remorques pleines de pneus, de choux-fleurs et de bottes de paille.

Ils ont investi la RN 165, bloquée à la circulation entre Brest et Quimper depuis le début de la matinée et se sont rendus devant le portique de Pont-de-Buis où les attendaient environ 150 hommes des forces de l'ordre retranchés derrière des barrières, a constaté un photographe de l'AFP.

La tension n'a fait que grandir jusqu'à ce que les manifestants, dont certains étaient cagoulés, ne lancent l'assaut peu après 14h00, à renfort de jets de pneus, provoquant une réplique à grand renfort de lacrymogènes. La scène a rapidement été noyée dans la fumée des pneus et celle des fumigènes, tandis que des engins agricoles se dirigeaient vers le barrage des forces de l'ordre, arrachant les traverses de la voie express.

Les manifestants avaient enfilé des bonnets rouges, 900 en tout, distribués par les organisateurs, le symbole de la révolution antifiscale en Bretagne au XVIIe siècle, sous l'Ancien Régime.

Ils avaient aussi pour certains recouverts leurs plaques minéralogiques d'autocollants reproduisant la plaque de la voiture présidentielle (Ds5) de François Hollande, CB-455-VH, mais avec le numéro du département du Finistère, le 29, selon des organisateurs.

Choux-fleurs et fumier

Une autre manifestation a eu lieu samedi contre un portique écotaxe, cette fois dans le Morbihan. Une centaine de manifestants venus avec une quarantaine de véhicules, dont des engins agricoles, et une trentaine de camions, ont organisé un barrage filtrant sous le portique de Saint-Allouestre (Morbihan), sur la RN24, avec distribution de tracts et de produits bretons. La manifestation s'est terminée sans heurts vers 13h00, selon la gendarmerie.

Dans la nuit de vendredi à samedi des agriculteurs, avec 14 tracteurs équipés de remorques, ont aussi mené une action coup de poing à Morlaix (Finistère) en déversant vers minuit devant le centre des impôts des palettes, des choux-fleurs et du fumier, selon une source policière. Les agriculteurs ont écrit sur le sol "Ici repose l'écotaxe".

Ces actions s'amplifient et deviennent de plus en plus tendues alors que le gouvernement reste inflexible sur la date de mise en application de l'écotaxe au 1er janvier 2014, assurant cependant à la Bretagne un abattement de 50% en raison de son éloignement du reste de l'espace européen.

Une réunion vendredi à Rennes à la préfecture de région n'a pas suffit à apaiser les tensions. Le collectif des acteurs économiques bretons, qui affirme représenter 150.000 entreprises, a boycotté cette réunion, exigeant au préalable à toute discussion le report sine die de l'écotaxe.

Le préfet de région Patrick Strzoda a lui affirmé à cette occasion que des expertises sont en cours pour évaluer notamment l'impact réel de l'écotaxe sur les coûts des entreprises, mais il a précisé que "pour l'instant les problèmes évoqués peuvent trouver une solution dans la mise en place de l'écotaxe au 1er janvier".

Selon un sondage Ifop à paraître dans Dimanche Ouest-France les Bretons sont à 74% "vent debout contre l'écotaxe", principalement ceux du Morbihan (82%) et du Finistère (81%).

"Je trouve ces taxes scandaleuses et je comprends très bien qu'on puisse manifester contre elles", a affirmé quant à elle samedi matin la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, à l'occasion d'un déplacement en Bretagne, à Fougères (Ille-et-Vilaine).

Rédigé par Par Christian GAUVRY le Samedi 26 Octobre 2013 à 05:57 | Lu 284 fois