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La SNCF promet une "profonde réorganisation" après les incidents de Montparnasse


Paris, France | AFP | vendredi 08/12/2017 - Très critiquée après deux pannes majeures survenues en quelques mois à Paris-Montparnasse, la SNCF a promis "une profonde réorganisation" dans la gestion de la rénovation de ses infrastructures, comme le réclamait le gouvernement.

"Les événements survenus cet été et dimanche (...) démontrent des failles importantes (...) dans notre mode de fonctionnement", a reconnu le patron de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, dans un courrier adressé à la ministre des Transports, Elisabeth Borne, daté de jeudi, et dont l'AFP a obtenu copie vendredi.
Le patron du gestionnaire du réseau ferroviaire français, en première ligne depuis la panne géante du dimanche 3 décembre à la gare de Paris-Montparnasse, a notamment annoncé la création d'un nouveau poste de "directeur général délégué", placé directement sous son autorité.
Ce responsable devra plancher sur une nouvelle organisation "de l'ensemble de la filière ingénierie et de la maîtrise d'ouvrage". Le poste a été attribué à Matthieu Chabanel, jusqu'alors directeur général adjoint chargé de la maintenance et des travaux. Sa nomination est effective depuis vendredi matin.
M. Chabanel "proposera d'ici la fin du mois de janvier une nouvelle articulation entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre des projets pour renforcer la responsabilisation et l'agilité dans ce domaine", a expliqué M. Jeantet. Son courrier vient en réponse aux exigences formulées lundi par la ministre des transports, qui souhaite que la gestion des grands travaux par l'entreprise publique soit profondément revue.
Mme Borne a pris acte des annonces et exprimé vendredi sa confiance à M. Jeantet, sur Twitter : "@Patrick_Jeantet vient de présenter ses décisions pour tirer tous les enseignements de l'incident de #Montparnasse. Je sais sa pleine mobilisation ainsi que celle des équipes @SNCFReseau pour les mettre en oeuvre".
La paralysie de Montparnasse dimanche, qui a touché des milliers de voyageurs, est due à une panne informatique sur un poste d'aiguillage, détectée à l'issue de travaux réalisés sur ce poste durant le week-end, d'après les premiers éléments recueillis par la SNCF.
 

- "Sous-investissement" -

 
 
Un audit, lancé immédiatement après l'incident, "questionnera (...) l'ensemble du processus de mise en oeuvre des opérations de modernisation des systèmes d'exploitation sous l'angle de la fiabilité et proposera des évolutions visant à gagner en robustesse", promet M. Jeantet.
Il note d'ailleurs que "l'état des systèmes de commandes de signalisation n'est pas à la hauteur des enjeux".
"L'empilement et la disparité des technologies (dont certaines datent de 1937) engendrent de véritables difficultés d'exploitation. Il devient urgent d'améliorer les systèmes de contrôle-commande des trains et de la signalisation pour permettre un véritable saut de performance", ajoute-t-il.
Enfin, il rappelle la difficulté du gestionnaire du réseau ferroviaire à faire face à la multiplication des travaux de rénovations après des années de sous-investissement.
"La situation dans laquelle nous nous trouvons (...) est d'autant plus complexe que, pour rénover et moderniser le réseau ferré national et plus particulièrement les 15.000 kilomètres du réseau le plus circulé, qui a souffert d'un sous-investissement durant des décennies, nous avons engagé un programme de 1.600 chantiers sur tout le territoire", écrit-il.
"La multiplication de ces chantiers, en particulier en Ile-de-France, va augmenter l'occurrence des risques et il est de notre responsabilité de nous organiser pour mieux les anticiper, en minimiser l'occurrence et le cas échéant en gérer les conséquences".
Mme Borne avait jugé "inacceptable" l'incident de dimanche, qui avait provoqué une pluie de critiques des usagers sur les réseaux sociaux, et de responsables politiques, allant jusqu'à des appels à la démission du président de la SNCF Guillaume Pepy.
Ce dernier est resté en retrait sur ce dossier, laissant à M. Jeantet le soin de régler la crise.
Fin juillet déjà, en plein chassé-croisé estival, une panne de signalisation dans l'alimentation électrique d'un poste d'aiguillage à Vanves (Hauts-de-Seine), avait provoqué trois jours de pagaille à la gare Montparnasse.

le Vendredi 8 Décembre 2017 à 05:00 | Lu 149 fois