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La Polynésie toujours plus dépendante de l'argent de l'État


Cette infographie résume les grands mouvements d'argent entre notre économie et le reste du monde en 2017. Les flèches représentent les entrées et les sorties d'argent, en milliards de francs. Par exemple pour le tourisme, il faut comprendre que les visiteurs étrangers ont dépensé 54 milliards de francs dans nos îles, tandis que les Polynésiens ont dépensé 16 milliards de francs à l'étranger. Un autre exemple : nos importations ont coûté 173 milliards de francs qui sont sortis du territoire pour payer nos fournisseurs, tandis que nos exportations ont rapporté 17 milliards de francs. (Chiffres IEOM)
Cette infographie résume les grands mouvements d'argent entre notre économie et le reste du monde en 2017. Les flèches représentent les entrées et les sorties d'argent, en milliards de francs. Par exemple pour le tourisme, il faut comprendre que les visiteurs étrangers ont dépensé 54 milliards de francs dans nos îles, tandis que les Polynésiens ont dépensé 16 milliards de francs à l'étranger. Un autre exemple : nos importations ont coûté 173 milliards de francs qui sont sortis du territoire pour payer nos fournisseurs, tandis que nos exportations ont rapporté 17 milliards de francs. (Chiffres IEOM)
PAPEETE, le 7 février 2019 - La balance des paiements 2017 de la Polynésie vient d'être publiée. Ce document rassemble tous les flux d'argent qui entrent et qui sortent du fenua. Les chiffres montrent que la reprise économique a fait exploser les importations en 2017, principale dépense de la Polynésie à l'extérieur. Notre plus grosse industrie à l'exportation, le tourisme, continue de progresser... Mais c'est largement insuffisant pour réduire notre dépendance envers les transferts de l'État.

L'IEOM, notre banque centrale, vient de publier la balance des paiements 2017 de la Polynésie. Elle montre que le déficit commercial du fenua a explosé il y a deux ans : les importations ont augmenté de plus de 12 milliards de francs, tirées par la reprise de la consommation (les ventes de voitures en particulier) et la hausse des prix du pétrole ; pendant ce temps, les exportations ont dévissé de 2,7 milliards. Au final, la Polynésie importe pour 156 milliards de francs de trop pour équilibrer nos échanges de biens...

Heureusement, dans les services nous sommes meilleurs. La plus grosse industrie locale reste le tourisme, qui a permis d'injecter 54 milliards de francs d'argent extérieur dans l'économie (en hausse), et a rapporté 29 milliards de francs de devises à la compagnie aérienne locale ATN (en baisse). Même les autres services, en dehors du tourisme et des dépenses de l'État, s'améliorent grâce à une progression des locations et des services de négoce international. Les Polynésiens, eux, ont dépensé 16 milliards de francs à l'étranger en voyages, et 9 milliards de francs en billets d'avions achetés auprès de compagnies étrangères. Nous dépensons toujours environ 5 milliards de francs auprès des compagnies de transport maritime pour acheminer notre fret.

Mais notre force dans les services est très loin de compenser notre déficit commercial gargantuesque. Ce n'est que grâce aux généreux transferts de l'État, 137 milliards de francs nets, que notre économie peut financer nos habitudes de consommation. Ils représentent 23 % du PIB polynésien, et 48 % des crédits du compte des transactions courantes (incluant les échanges de biens, de services, de revenus et les transferts courants). Ces dépenses ont encore progressé en 2017, suite à l'augmentation de la Dotation Globale d'Autonomie (avec un milliard de rallonge, elle atteint 10,8 milliards de francs) et une revalorisation de 3,2% des rémunérations des fonctionnaires. Ces hausses ont compensé la baisse des investissements de l'État, la nouvelle prison de Papeari étant achevée.

Quand on additionne toutes ces dépenses et recettes du compte des transactions courantes, il reste presque 30,6 milliards de francs de "bénéfices" à l'économie polynésienne, ce que les économistes appellent notre "capacité de financement". A cause de l'explosion de notre déficit commercial, elle est en forte baisse en 2017, après avoir dépassé les 43 milliards de francs en 2016.

>>> Lire aussi nos articles des années précédentes sur la balance des paiements 2016, 2015, 2014, 2013 et 2012.

Les comptes financiers

La Polynésie toujours plus dépendante de l'argent de l'État
En dehors des transactions courantes qui concernent les échanges de biens, de services et les transferts courants (comme les dotations de l'État), la Balance des paiements inclut également les comptes financiers de la Polynésie.

Ils montrent que la reprise économique de 2017 a eu l'effet positif d'attirer les investisseurs étrangers. Ils ont injecté, en net, 6,7 milliards de francs d'investissements directs dans notre économie. Il s'agit principalement d'investissements immobiliers et des apports de trésorerie de sociétés extérieures à leurs filiales polynésiennes.

Ces comptes montrent aussi une "photographie" des mouvements financiers des banques, ménages, entreprises et administrations polynésiens avec l'extérieur. Ainsi, les banques polynésiennes, qui collectent plus de dépôts qu'elles n'accordent de prêts, ont globalement placé de l'argent à l'extérieur, en particulier en Nouvelle Calédonie où les banques prêtent beaucoup.

Les ménages, entreprises et administrations ont – de leur côté – fortement réduit leur engagement extérieur de 27,1 milliards de francs (en remboursant des prêts par exemple, c'est donc de l'argent qui est sorti du Territoire), tandis que 15,7 milliards de francs d'avoirs extérieurs ont été rapatriés au fenua par les acteurs économiques (hors banques).

Nos principaux partenaires commerciaux en 2017

Comme en 2016, les principaux partenaires commerciaux de la Polynésie sont la France suivie des trois puissances économiques mondiales : l'Union Européenne, la Chine et les États-Unis. Dans le détail, notre commerce avec la métropole a légèrement baissé, celui avec l'UE et le reste du monde a légèrement augmenté.
- France : 26 %
- UE (hors France) : 15 %
- États-Unis : 11 %
- Chine : 10 %
- Nouvelle-Zélande : 7 %
- Corée du Sud : 5 %
- Singapour : 4 %
- Japon : 3 %
- Australie : 3 %
- Autres : 16 %

Pour comparer : la balance des paiements 2016 et celle de 2017

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Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 7 Février 2019 à 15:16 | Lu 7129 fois