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La Polynésie, espace stratégique numérique


Tahiti, le 21 juillet 2021 – Patrick Le Guyader, consultant, revient sur les menaces de cybersurveillance des télécoms et d’Internet qui visent la Polynésie, en marge de sa conférence sur la cybersurveillance mondiale des télécommunications et d’Internet, qui se tiendra le 28 juillet prochain à Pirae.
 
Une conférence de l'association régionale de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale) sur “La cybersurveillance mondiale des télécommunications et d’internet” se tiendra le 28 juillet au cercle mixte interarmées de Tahiti. Elle sera animée par Patrick Le Guyader, consultant en sécurité des systèmes d’information passé par la DST –aujourd’hui DGSI– et le CNES (Centre national d’études spatiales) à Kourou en Guyane.

La conférence abordera les activités de collecte et d’analyse par les agences de renseignement des États, afin de recueillir des informations diverses (politiques, industrielles, personnelles entre autres). Un thème qui colle à l’actualité, avec la révélation de l’enquête sur le système de cybersurveillance d’ampleur à partir du logiciel espion israélien Pegasus, le 18 juillet dernier, par le consortium de journalistes Forbidden Stories. A ce sujet, Patrick Le Guyader rappelle que l’éloignement géographique de la Polynésie ne lui permet évidemment pas d’échapper à la menace : “Si les services de renseignement d’un État-tiers décident par exemple de cibler et d’infecter l’iPhone d’un politique ou d’un journaliste de Tahiti, ils peuvent facilement le faire à distance”, explique le consultant en cybersécurité.
 
“Attitude responsable” nécessaire
 
La position de la Polynésie dans le Pacifique en fait justement un espace stratégique. Tahiti est au carrefour numérique de trois continents. Un projet de câble entre le Chili et la Polynésie française a récemment reçu l’accord de la France, du Chili et du Pays. La Chine s’intéresse elle aussi à la création d’une liaison sous-marine entre Hong-Kong et le territoire. Pour Patrick Le Guyader, cette “ambition légitime” nécessite une attitude responsable vis-à-vis de la sécurité des transmissions. Il rappelle le risque : “Un câble international de communication en fibre optique, Honotua, relie Tahiti à Hawaii depuis 2013. La même année, Edward Snowden livrait au Guardian ses révélations sur la mise en place d’un système mondialisé de surveillance des données par la NSA. Les écoutes via les câbles sous-marins par le programme de surveillance PRISM sont avérées. Il ne faut pas non plus oublier que Snowden travaillait en qualité de sous-traitant à Hawaii. Nous sommes donc exposés.”

Au-delà des réseaux télécom, il existe une menace numérique liée à l’utilisation d’Internet. Patrick Le Guyader évoquera en outre, dans le cadre de cette conférence, les solutions dont disposent les entreprises pour se prémunir des vols de données, qu’ils soient physiques ou virtuels. “Les cybermenaces auxquelles la Polynésie doit faire face sont les mêmes que partout ailleurs dans le monde”, indique l’expert. A ce titre, il estime la solution réside dans l’augmentation des audits de sécurité dans les entreprises et les administrations, et la sensibilisation du personnel sur des thèmes de base. A commencer par la sécurisation des mots de passe, ainsi que la vigilance sur Internet et lors de l’utilisation d’un ordinateur, smartphone, d’une tablette, d’une clé USB ou tout autre support technologique.

En France, l’un des acteurs majeurs de la cybersécurité est l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Elle apporte son expertise et son assistance technique à divers organismes, avec une mission renforcée au profit des opérateurs d'importance vitale (OIV), c’est-à-dire les entreprises et administrations indispensables, comme l’OPT ici localement. Au contraire de la métropole et des DROM, il n’y a pas encore de référent ANSSI posté à Tahiti. Tout est géré depuis Paris : “Il existe un autre risque, celui de penser que la Polynésie française est moins protégée. Cela pourrait pousser des hackers à cibler plus particulièrement le territoire”, conclut l’expert.
 

INFOS PRATIQUES

La conférence est sur inscription et le nombre de places est limité.
Pour vous inscrire ou pour toute demande de renseignement, merci d’adresser votre message à l’adresse [email protected]
 

Rédigé par Valentin Guelet le Jeudi 22 Juillet 2021 à 17:43 | Lu 2226 fois