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La Loi des prodiges garantit de bouleversantes rencontres


PAPEETE, le 24 octobre 2019 - François de Brauer est auteur, et acteur. Il interprète sur scène une vingtaine de personnages avec brio et finesse. Tous ces individus, des femmes et des hommes de tout âge se croisent pour raconter l’art, mais aussi pour parler de la pensée, de la construction de l’individu et de ses liens avec la société. François de Brauer montre finalement l’homme et l’humanité.

La Loi des prodiges, de et avec François de Brauer, est une pièce de théâtre. C’est un seul en scène car l’acteur est bien le seul artiste présent. Mais il interprète une vingtaine de personnages avec une telle précision et une telle finesse qu’ils semblent être plusieurs sur scène.

François de Braeur donne à chacun une voix, un accent, un regard, des mimiques particuliers. Il leur attribue des défauts et des qualités qui émeuvent le spectateur et, parfois, l’acteur lui-même.

La pièce parle d’un homme, Rémy Goutard. Il débarque sur scène en sortant du ventre de sa mère. Ce sont donc les parents de Rémy Goutard qui occupent l’espace pendant un temps.

Puis, Rémy a 3 ans. Sa mère s’émerveille, son père, un artiste déconsidéré, sombre. Il grandit. Timide, il se construit en entretenant un ressentiment contre l’art en général et les artistes en particulier.

Un jour il accepte de visiter un musée d’art contemporain au bras d’une bonne amie, étudiante comme lui. Elle s’extasie, Rémy Goutard finit par exprimer son dégoût, sa nausée et finalement sa colère face aux toiles. Il sort tandis que son amie reste, embrigadée par un artiste qu’elle idolâtre.

Il finit sur un banc, seul, à l’extérieur du musée. Un sans-abri qui, pour gagner de l’argent joue au clown-magicien, le rejoint et engage la discussion. Rémy Goutard assure, à propos du musée qu’il "aurait préféré se casser une jambe plutôt que de rentrer dans ce truc à immondices".

Le sans-abri, lui, fait un lien entre l’art et l’humanité. Il interroge : "t’y as apporté quelque chose, toi, à l’humanité ?"

Rémy Goutard répond : "Non, pas encore, mais j’y réfléchis". Puis il sort une pièce qu’il tend au sans-abri : "c’est la dernière fois que je débourse un centime pour un artiste !"

Plus tard, et après avoir croisé ou recroisé d’autres femmes et d’autres hommes sur sa route, l’étudiant s’engage dans la politique. Il va même jusqu’à imaginer une réforme, la réforme Goutard. Cette dernière vise à faire disparaître l’art et les artistes.

Finalement, le spectateur se retrouve au milieu d’une manifestation, assiste à une émission télévisée, rit aux éclats devant le numéro unique et exceptionnel de "Igor grosses balloches".

La prouesse de l’acteur est de faire voyager son public qui s’imagine sans mal dans un appartement avec les parents de Rémy Goutard, au musée, dans la rue, attablée à une terrasse de café ou bien encore dans les studios d’une chaîne de télévision.

François de Braeur n’offre pas un seul en scène. Il assure une véritable performance gestuelle, physique et technique.
Pendant près de deux heures cette performance reste au service du texte. Les mots sonnent juste, tous accordés les uns aux autres. Ils se succèdent, surprennent parfois, ils font sourire et réfléchir.

Ils pointent du doigt les travers de l’homme et, avec eux, les dérives de la société. Ils disent les errances de l’art contemporain, la condition des artistes, la fabrication de l’opinion, la disparition de la pensée, la surenchère médiatique vouée à l’audimat. Ils font rêver et vibrer. Ils touchent au cœur, et au corps.


Pratique

Du 25 octobre au 2 novembre à 19h30 le vendredi et samedi et à 17 heures le dimanche.
À partir de 2 500 Fcfp.
Billets en vente à Carrefour Arue, Punaauia et Faa’a, à radio 1 et en ligne.

Contacts

Site internet de la compagnie du caméléon
Tél. : 87 31 40 40

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 24 Octobre 2019 à 17:32 | Lu 1038 fois