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La France réplique à Duterte sur les droits de l'homme


Manille, Philippines | AFP | mercredi 30/08/2017 - La diplomatie française a démenti mercredi des propos du président philippin Rodrigo Duterte selon lequel les justiciables étaient présumés coupables en France jusqu'à preuve du contraire, soulignant à l'inverse l'importance du respect des droits de l'homme.
L'ambassade de France à Manille a diffusé un communiqué à la suite de déclarations faites lundi par M. Duterte qui défendait sa guerre controversée contre le trafic de drogue dont le bilan s'élève à des milliers de morts.
"Nous devons souligner que, comme aux Philippines, la présomption d'innocence jusqu'à ce que la culpabilité soit établie est au coeur du système judiciaire français, fondé sur les principes inscrits dans la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789", dit le communiqué.
"La France est convaincue de l'importance de l'Etat de droit, de l'application de la loi et du respect des droits de l'Homme dans tous les pays, y compris les Philippines".
M. Duterte avait réagi avec colère à des commentaires de la Française Agnès Callamard, rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions sommaires ou arbitraires, au sujet du meurtre présumé par la police d'un adolescent de 17 ans dans le cadre de la la lutte antidrogue.
Sur Twitter, Mme Callamard avait dénoncé un "meurtre" et réclamé une enquête, ajoutant que le décès de ce garçon devait être "le dernier".
Le président philippin, coutumier des sorties ordurières en particulier à l'encontre de ceux qui critiquent sa campagne de répression, l'a personnellement visée.
"Fille de pute, dites-le-lui ! Elle n'a pas intérêt à me faire peur, cette fille de pute. C'est une idiote ! D’où elle vient cette folle ?".
En apprenant sa nationalité française, M. Duterte a affirmé qu'en France, les gens étaient présumés coupables jusqu'à preuve du contraire.
"Même chez elle, ça se passe comme ça. C'est une idiote. Chez eux, aux termes de la loi française, ils peuvent mettre quelqu'un en détention presque indéfiniment. Et la loi française dit qu'on est coupable et qu'on doit prouver son innocence. C'est comme ça que ça marche".
Après la diffusion du communiqué de la diplomatie française, le chef de l'Etat philippin a accusé mercredi soir dans un discours à Manille les gouvernements européens et notamment français de ne pas comprendre le système judiciaire de son pays.
"Notre code pénal tel qu'il a été révisé, c'est la châtiment. C'est oeil pour oeil, dent pour dent. C'est la loi fondamentale de la jungle. Si vous violez (la loi) et tuez, vous payez de votre vie", a-t-il déclaré.
Avocat de formation, le président, âgé de 72 ans, a aisément remporté la présidentielle de 2016 avec la promesse d'éradiquer le problème de la drogue dans l'archipel en faisant abattre des milliers de toxicomanes et de trafiquants présumés.  
Depuis qu'il a pris ses fonctions voici 14 mois, la police a annoncé avoir tué environ 3.500 personnes dans des opérations antidrogue.
Plus de 2.000 autres personnes accusées par la police d'être mêlées à des affaires de drogue ont été tuées par des inconnus, selon les chiffres officiels. Des milliers d'autres ont été abattues dans des circonstances non élucidées, victimes, selon les défenseurs des droits de l'homme, de miliciens.

le Mercredi 30 Août 2017 à 04:24 | Lu 491 fois