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La France en confinement inédit face à l'épidémie de coronavirus


Paris, France | AFP | mardi 17/03/2020 - 67 millions de Français sont entrés mardi à midi dans un confinement totalement inédit dans l'histoire du pays pour faire face à l’épidémie de coronavirus contre laquelle le président Emmanuel Macron a décrété "la guerre".

Pendant au moins deux semaines, l'ensemble de la population est ainsi appelée à rester chez elle sous peine d'amendes, à quelques rares exception près, personnels de santé ou forces de l'ordre notamment.
Le pays bascule ainsi dans une ère totalement nouvelle, après que le président Macron a martelé à plusieurs reprises que "nous sommes en guerre" contre l'épidémie, en annonçant lundi soir ces mesures drastiques lors d'une intervention suivie à la télévision par plus de 35 millions de personnes, un record absolu.
Annonçant juste après midi à la sortie d'un Conseil des ministres spécial le déploiement de 100.000 policiers et gendarmes pour faire respecter ces mesures, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a appelé les Français à se comporter en "alliés de guerre" en respectant "un mot d'ordre qui sauve des vies: restez chez vous".
Rappelant que toutes "les activités collectives sont interdites" il a assuré que la France mettait ainsi en place les mesures de confinement "les plus strictes d'Europe".
Après des scènes de "panique" relevées par le chef de l’État ces derniers jours, des supermarchés pris d'assaut alors qu'enflait la rumeur de mesures de confinement comme dans des pays voisins déjà touchés par le Covid-19, un calme étrange s'était abattu dès la matinée sur le pays, rues quasi désertes et files d'attente disciplinées devant les magasins encore ouverts.
 

- Science fiction -

 
De nombreuses personnes ont quitté ces dernières heures les grandes villes pour les campagnes et le gouvernement a annoncé que le fréquence des trains allait encore baisser. Même le sanctuaire catholique de Lourdes va fermer, "pour la première fois de son histoire".
Une demi-heure avant le début du confinement, Delphine, 37 ans, promène son fils Robin sur place du Capitole à Toulouse, déserte. "On a un peu l'impression de vivre dans un film de science fiction, ça fait vraiment scénario de catastrophe. Hier il pleuvait, il n'a pas pu s'aérer. On habite au coeur de ville et il faut bien qu'il puisse se défouler. Je suis en télétravail. Quand j'aurai 15 ou 20 minutes, s'il n'y a pas trop de monde, je reviendrai sur la place, il fera un peu de trottinette." 
Peu avant midi, le gardien du parc du Hautmont à Mouvaux (Nord), ville de 13.000 habitants de la métropole lilloise, ferme le parc à jeux, sous un beau soleil: "Ce matin encore, il y avait là une quinzaine d'enfants. Le toboggan est en métal, et on sait que le virus reste longtemps sur cette matière. Les gens doivent comprendre qu'il ne faut pas rester groupés".
Avec 1.210 nouvelles contaminations et 21 décès en 24 heures, le bilan officiel en France a atteint les 148 morts et 6.633 cas depuis le début de l'épidémie, selon le dernier bilan lundi soir. Sachant qu'il y avait dimanche soir environ 400 patients en état grave, et que le chiffre officiel des malades ne prend pas en compte ceux qui ne présentent pas de symptômes aigus.
 

- Situation "très tendue" -

 
Face à la propagation exponentielle du coronavirus, toutes les personnes qui circuleront devront être "en mesure de justifier leur déplacement" a souligné M. Castaner, au risque de se voir infliger une amende actuellement de 38 euros.
Les déplacements tolérés sont ceux entre domicile et travail quand c'est absolument nécessaire, pour aller faire ses courses, pour raisons de santé, ou encore pour "motif familial impérieux ou l'assistance de personnes vulnérables", a détaillé le ministre.
"On est partis sur au moins deux semaines de confinement collectif, on sait que c'est une période qui est nécessaire pour bloquer la circulation du virus", et "si dans 15 jours nous voyons que la situation s'est suffisamment apaisée et que nous pouvons lever tout ou partie des mesures de confinement, nous le ferons", a affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran.
Sur le plan sanitaire, la situation est "très tendue" dans certaines régions comme le Grand Est, a reconnu M. Véran, d'où des mesures comme le déploiement d'un hôpital de secours par l'Armée en Alsace ou l'envoi d'hélicoptères pour transférer certains malades vers d'autres sites afin de décharger les hôpitaux qui sont au bord de la saturation.
 

- Récession attendue -

 
Compte tenu de cet état de "guerre", toutes les réformes, notamment celle des retraites, très controversée, sont "suspendues".
Et face à la récession économique qui se profile, le gouvernement va desserrer les cordons de la bourse. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui s'attend à une chute de 1% du PIB cette année, a ainsi annoncé que le gouvernement allait mobiliser de manière "immédiate" 45 milliards d'euros, notamment via le report du paiement de toutes les charges fiscales et sociales dues par les entreprises.
Un fonds de solidarité de 1 milliard d'euros minimum va en outre être institué pour aider les petites entreprises. Et le gouvernement n'exclut pas de recourir à des nationalisations "si nécessaire".
Pour éviter une multiplication des faillites, l’État va se porter garant des prêts accordés aux entreprises à hauteur de 300 milliards d'euros. Les loyers et les factures d'eau, de gaz et d'électricité "devront être suspendus" pour les plus petites entreprises qui rencontrent "des difficultés", a également annoncé le président.
Après le train de mesures pour relancer l'économie, la Bourse de Paris a ouvert en hausse de 3,93%, avant de se replier.
Le second tour des élections municipales va quant à lui être reporté, après un premier tour dimanche marqué par une abstention record. Le Premier ministre Édouard Philippe a proposé la date du 21 juin. Ce report ne concernera pas les maires élus dès le 1er tour dans 30.000 des 35.000 communes de France.

le Mardi 17 Mars 2020 à 06:38 | Lu 816 fois