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La CPS à l'arrêt ce mardi : le cas Régis Chang cristallise les passions


PAPEETE, le 24 mars 2015 - Alors que des négociations ont eu lieu lundi toute l'après-midi entre la direction et les syndicats, la situation reste bloquée. Pourtant le nouveau président du Conseil d'administration de la PSG, Yves Laugrost, nous explique qu'il a même fait écrire un courrier par le président Fritch pour rassurer les salariés. Il y affirme que la rédaction du projet de convention sur le RST "a évolué avec l'accord de l'État et à ma demande", répondant à la principale demande des syndicats. ll les aurait aussi attendu lundi soir dans son bureau jusqu'à 22h, en vain : ils ne sont pas venus, et entre 100 et 250 salariés de la CPS étaient en grève ce mardi, bloquant les entrées du siège de l'établissement à Mamao.


Karl Helme, délégué syndical et représentant du personnel à la CPS
Karl Helme, délégué syndical et représentant du personnel à la CPS
Karl Helme, délégué syndical O Oe To Oe Rima et représentant du personnel à la CPS, explique l'origine de la colère des salariés : "pour l'instant, on est dans l'impasse. Le protocole négocié le 8 mars a été entièrement remis en cause par le conseil d'administration du 20 mars. On a affaire à des gens qui sont sans parole."

Mais le vrai fond du différend qui mobilise les syndicats reste le directeur général de la CPS Régis Chang, dont la gestion les hérisse depuis 2010 : "on a utilisé toutes les instances de la Caisse, délégués du personnel, comités d'hygiène et sécurité… même l'inspectrice du travail est intervenue auprès du directeur pour lui signaler qu'il y a des employés en mal-être et en détresse à cause de son management, mais il a fait la sourde-oreille."

Et au niveau de la gestion, les accusations sont également vives, mais toujours pour des questions personnelles. Ainsi, les syndicats ont accepté que les salaires des employés de la CPS soient gelés et que certains termes de leur convention collective changent : réduction du nombre de "voyages administratifs" (un billet vers Paris offert tous les trois à cinq ans), le nombre maximum de congés cumulables est baissé de 66 à 45 jours (à noter que les salariés de la CPS ont 25 jours de congés par an comme dans le privé), révision des conditions de licenciement et du statut des cadres…

Mais "alors qu'il demande aux salariés de faire des efforts, en décembre dernier nous apprenons par la presse qu'il s'arroge une prime de 250 000 Fcfp par mois, rétroactive sur 12 mois, pour la gestion des SCI, en plus de son salaire, de la prime de responsabilité et de la prime d'assiduité… Il a passé Noël avec un paquet de millions. Et il fait refaire son bureau au troisième étage pour plusieurs millions ! Enfin depuis qu'il est là, il fait de plus en plus appel à des prestataires de la Socredo pour remplacer la CPS. Par exemple l'archivage, c'était géré il y a cinq ans par la CPS en interne pour 5 millions Fcfp par an. Aujourd'hui c'est géré par l'OSCD pour 21 millions Fcfp en 2014 !"

La réponse de Régis Chang

Dans un article publié lundi, Régis Chang répondait à ces critiques. Pour lui, cette colère des salariés a une autre origine : "Ce qui a fait déborder le vase ce sont les deux mesures souhaitées en interne : la mise d'office à la retraite des salariés de la CPS qui atteignent 60 ans et 35 années de cotisation, comme le dit le code du travail, ou bien à 65 ans, et la négociation du voyage administratif. Ces mesures étaient souhaitées par le gouvernement et ont fait l'objet de débats en conseil d'administration. Aujourd'hui, je suis celui qui exécute ces décisions et on m'en rend responsable, mais on se trompe de cible."

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 24 Mars 2015 à 16:59 | Lu 1627 fois