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L'île de Pâques en pleine Tapati, le festival culturel du bout du monde


L'île de Pâques en pleine Tapati, le festival culturel du bout du monde
HANGA ROA, 14 février 2012 (AFP) - Depuis début février, l'île de Pâques vit au rythme de la Tapati, son festival annuel, qui voit s'affronter pendant 15 jours deux candidates au trône de reine de l'île et leurs équipes, autour d'épreuves culturelles, artisanales ou sportives.

Chacun des 6.700 habitants choisit de soutenir Lily, 20 ans, ou Céline, 15 ans, en fonction de ses affinités, mais surtout de ses liens familiaux, ce qui suscite des tensions dans une île où presque tout le monde est cousin.

"C'est une guerre, et elle a déjà commencé", assure Céline à l'AFP, au premier soir de compétition.

Son père affirme avoir dépensé 50.000 euros pour obtenir le sacre de sa fille: il faut confectionner des centaines de costumes de plumes, de coquillages et de tissu végétal, pendant l'année de préparation. Et, lors des répétitions, nourrir les compétiteurs qui vont danser, chanter, nager, ramer, ou encore surfer pour leur reine.

Toute l'énergie de cette île polynésienne se concentre sur les épreuves les plus spectaculaires du festival, comme le tau'a. Lors de ce triathlon traditionnel, les athlètes naviguent en pirogue faite de roseaux, courent autour du spectaculaire cratère de Rano Raraku et le traversent à la nage, le tout sous le regard des moais, les mystérieuses statues de l'Île de Pâques.

D'autres athlètes se mesurent au grand galop, dans les nuages de poussière de cette île peu arborée. Le cheval reste un moyen de déplacement courant à l'île de Pâques et les Rapa Nui sont d'excellents cavaliers.

Les candidates mènent aussi des ballets de 300 personnes sur scène, doivent parler Rapa Nui, chanter, danser, nager et maîtriser toutes les subtilités artisanales héritées de leurs ancêtres.

D'autres disciplines apparues plus tard, comme l'accordéon ou le tango, permettent d'assurer une compétition permanente pendant tout le festival.

En marge de cette compétition, les plus courageux tenteront le grand défi du Haka Pei. Cette épreuve ne rapporte pas de points aux candidates à l'élection de la reine, mais elle impose le respect: les concurrents construisent une sorte de luge à base de troncs de bananiers, avant de dévaler une colline à plus de 80 kilomètres à l'heure. L'unique but étant d'arriver en bas sain et sauf.

Une troupe de danse marquisienne, Kaipeka, participe pour la première fois à la Tapati. Elle a enflammé les 2.000 spectateurs, soit près du tiers de l'île, avec ses "haka", ces danses viriles et belliqueuses que l'on retrouve jusqu'en Nouvelle-Zélande.

L'île de Pâques, isolée dans le Pacifique, à plus de 5 heures d'avion de Papeete à l'ouest et de Santiago du Chili à l'est, n'en partage pas moins un patrimoine culturel commun avec ses "voisines" polynésiennes.

Mais cet isolement ne freine pas le tourisme. L'île reçoit un peu plus de 65.000 touristes par an, ce qui correspond à sa capacité maximale d'accueil, selon la maire Luz Zasso Haoa. Et pendant la Tapati, on peut effectivement croiser un couple de Japonais errant à travers le village à la recherche d'une chambre ou d'un canapé pour la nuit.

Le festival s'achèvera le 17 février, avec une forme de carnaval dans la capitale Hanga Roa. Les habitants, mêlés aux touristes, défileront presque nus, la plupart vêtus d'un simple string végétal. Ils se peindront mutuellement le corps avec des couleurs issues d'essences naturelles, pour effrayer ou séduire, dans une sauvagerie parfaitement assumée.

ml/hdz/ros

Rédigé par Par Mike LEYRAL le Lundi 13 Février 2012 à 21:35 | Lu 1244 fois