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L’alerte des professionnels de santé libéraux


L’alerte des professionnels de santé libéraux
Tahiti, le 19 mars 2020 - Un courrier cosigné par les six syndicats de professionnels de santé libéraux demande la mise en place urgente de mesures sévères pour empêcher la propagation en Polynésie du Covid-19 et un meilleur accompagnement dans leur activité professionnelle.

Jeudi matin, une lettre cosignée par les six syndicats de professionnels de santé libéraux de Polynésie française demande aux autorités du Pays de ne pas tarder à prendre des mesures contraignantes, en phase avec la fragilité sanitaire de la population polynésienne face à une propagation non maîtrisée du coronavirus Covid-19. "Devant l’augmentation du nombre de cas confirmés (…) et au regard de l’évolution de la pandémie à travers le monde (…) nous tenons à rappeler qu’une part importante de notre population présente des pathologies chroniques (diabète, obésité, hypertension, rhumatisme articulaire aigu, bronchopneumopathie chronique obstructive, etc.) susceptibles d’entraîner des formes graves de Covid", explique cette lettre cosignée par les syndicats des médecins libéraux, des infirmiers libéraux, des sages-femmes, des kinésithérapeutes et des orthophonistes. 

"Servons-nous de l’expérience des autres"

La mise en place de mesures pour empêcher la circulation du coronavirus dans la population polynésienne est demandée "sans attendre" : quarantaine dans une structure dédiée pour les résidents de retour au fenua ; confinement immédiat de la population avec instauration de mesures coercitives afin d’en garantir l’application ; nombre de dépistages élargi conformément aux recommandations internationales ; arrêt immédiat de tout transport de passagers inter-îles.
"On tire clairement la sonnette d’alarme", s'agace Jérôme Fernandez, le président du syndicat des infirmiers libéraux. "Et on demande la mise en place urgente d’un confinement général accompagné de mesures coercitives. Aujourd’hui, on en appelle au civisme des populations. Mais on a vu ce que ça donne en France. Tant que les gens ne sont pas malades, ils vont croire que ça n’arrive qu’aux autres, à la télévision. Servons-nous de l’expérience des autres. Nous avons la chance d’avoir un peu de temps. Le confinement général devrait déjà être la règle depuis lundi."

Masques, gants, etc.
 
Parallèlement, les professionnels de santé attendent plus de soutien dans l’exercice de leur activité. "Nous sommes tous en première ligne", explique le docteur Didier Bondoux, président du syndicat des médecins libéraux. "On sait que la gestion de cette crise est difficile et que cela risque de s’aggraver. Mais ce que l’on souhaite dire c’est 'aidez-nous, parce que nous serons toujours à vos côtés. Nous avons besoin de vous'. Nous avons tous des amis en France pour savoir qu’à tout moment, en cas d’infection, notre situation économique est susceptible de devenir problématique. Nous sommes des libéraux. En cas de confinement, il n’y a plus rien qui tombe." La garantie d’une indemnité financière en cas de mise en confinement est ainsi demandée.
 
Plus spécifiquement, les professionnels de santé demandent aussi à recevoir sans délai le nécessaire pour une protection individuelle (masques, gants, etc.), l’ouverture d’une crèche-garderie par commune pour accueillir leurs enfants et qu’il soit procédé à un recensement des professionnels mobilisables rapidement (remplaçants, retraités, etc.). Une réflexion pour envisager l’assouplissement du dispositif de conventionnement afin de permettre l’exercice de remplaçants non-conventionnés. 
 
Le ministre de la Santé leur a promis ce jeudi matin, dès réception du courrier, qu’une réponse leur serait adressée "rapidement". En attendant, les six syndicats de professionnels de santé devaient être reçus jeudi à 18 heures au Haut-commissariat.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 19 Mars 2020 à 17:40 | Lu 4666 fois