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L'OMS ouvre la voie à la vaccination des pays les plus démunis


Genève, Suisse | AFP | lundi 15/02/2021 - L'Organisation mondiale de la santé a annoncé lundi avoir accordé son homologation d'urgence au vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, ouvrant la voie à la distribution de centaines de millions de doses à des pays défavorisés privés jusque-là d'immunisation.

Cette procédure aide les pays qui n'ont pas les moyens de déterminer eux-mêmes l'efficacité et l'innocuité d'un médicament à avoir plus rapidement accès à des thérapies, et permet au dispositif Covax, mis en place pour assurer un accès équitable au vaccin, d'en commencer la distribution. 

"Des pays sans accès à des vaccins jusqu'à aujourd'hui vont finalement être capables de commencer l'immunisation de leur personnel soignant et des populations vulnérables, contribuant à l'objectif d'une distribution équitable par le système Covax", a déclaré la docteure Mariangela Simao, la sous-directrice générale de l'OMS chargée de l'accès aux médicaments et aux produits de santé.

Le vaccin d'AstraZeneca représente en effet l'immense majorité des 337,2 millions de doses de vaccins que le dispositif Covax, piloté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi), entend distribuer au premier semestre de cette année.

Ces doses destinées à Covax sont fabriquées en Corée du Sud et en Inde par le Serum Institute of India (SII). L'homologation concerne ces deux versions, selon un communiqué de l'agence onusienne.

La semaine dernière, le vaccin avait déjà été recommandé par le comité d'experts vaccinaux de l'OMS pour toute personne de 18 ans ou plus, y compris dans des pays où des variants plus contagieux circulent.

Pourtant, le vaccin développé par l'université d'Oxford (Royaume-Uni) et le géant pharmaceutique a connu des déboires et des doutes sur son efficacité pour les plus de 65 ans et face au variant du virus qui donne le Covid-19, initialement détecté en Afrique du Sud mais aujourd'hui présent dans le nombreux pays.

Pour l'OMS et ses experts, ce vaccin fait parfaitement l'affaire pour la priorité du moment: limiter la gravité et la mortalité d'une pandémie qui a coûté la vie à 2,4 millions de personnes en un peu plus d'un an.

Il est déjà largement utilisé à travers le monde, à commencer par le Royaume-Uni depuis le mois de décembre, mais aussi dans l'Union européenne.

Un simple réfrigérateur

Bien que considéré comme moins efficace que les vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna, qui eux reposent pour la première fois sur l'emploi de l'ARN messager, il a l'énorme avantage de pouvoir être stocké avec des moyens de réfrigération classiques.

Un arguments de poids notamment dans les 92 pays et territoires défavorisés, qui vont le recevoir gratuitement par le biais de Covax et qui souvent ne disposent pas des capacités de chaîne ultra-froide nécessitées par les deux autres vaccins.

Sa technologie dite "à vecteur viral", qui utilise un virus inoffensif comme un "cheval de Troie" pour empêcher le virus SARS-CoV-2 de se propager dans l'organisme, fait aussi qu'il est nettement moins cher, à environ 2,50 euros la dose, avec des variations en fonction des coûts de productions locaux. 

AstraZeneca s'est aussi engagé à ne pas faire de profits sur ce produit. 

Comme d'autres fabriquants, le géant pharmaceutique britannique se retrouve confronté à des difficultés pour répondre à la demande et cherche des partenaires pour produire plus.

Vaccination de riches 

Même si le nombre de vaccinations dans le monde dépasse désormais celui des cas d'infection enregistrés, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus martèle que les trois quarts de ces vaccinations ont été faites dans seulement 10 pays qui représentent 60% du PIB mondial.

En d'autres termes, pendant que les riches vaccinaient depuis le mois de décembre, les pauvres devaient prendre leur mal en patience.

"Au moins 130 pays, qui comptent 2,5 milliards de personnes, n'ont pas injecté un seul vaccin", avait-il accusé la semaine dernière.

"Si nous n'éradiquons pas le virus partout, nous pourrions bien nous retrouver à la case départ", avait-il aussi mis en garde.

le Lundi 15 Février 2021 à 11:12 | Lu 209 fois