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Kayak – 2nd ICF Ocean Racing : 139 athlètes étrangers ! 'On attendait ça depuis 15 ans'

Les championnats du monde de kayak à Tahiti ont été une réussite puisque 22 pays, 169 étrangers dont 139 athlètes étaient présents, à leur frais. Les athlètes ont bénéficié de conditions de surf exceptionnelles et d’une arrivée grandiose empreinte d'authenticité culturelle. 'Magic Hiromana Florès', meilleur tahitien, arrive 4e en U23.


Cory Hill, le grand gagnant de cette course qui restera dans les mémoires.
Cory Hill, le grand gagnant de cette course qui restera dans les mémoires.
ARUE, le 4 octobre 2015. La fédération tahitienne de kayak et son président Charles Villierme ont réussi leur pari : Organiser en Polynésie un événement sportif qui a réussi à attirer un nombre important d’athlètes internationaux. Pas moins de 22 pays ont répondu à l'appel, à travers la venue de 169 personnes dont 139 athlètes.
 
Trois courses étaient au programme. En premier lieu le championnat de Polynésie, une épreuve de qualification pour les athlètes polynésiens qui s'est déroulée dimanche 27 septembre et qui a vu également la participation d'étrangers déjà sur place. L'épreuve avait été remportée par le métropolitain Yannick Laousse, suivi d’un autre métropolitain, Nicolas Lambert, puis de Hiromana Florès, le meilleur Polynésien et de Lewis Laughlin, 4e, en grande forme.
 
Le vendredi 2 octobre, le championnat du monde féminin d'Ocean Racing a vu la victoire de Teneale Hatton devant Michele Eray. Au total, pas moins de 36 femmes ont pris le départ pour un parcours de 30km entre Hitia’a et Arue. La dernière course s'est déroulée samedi, le championnat du monde masculin d''Ocean Racing', sur le même parcours. C’est Cory Hill qui s’est imposé devant Clint Robinson et Jasper Mocke.
 
Rappelons que l'Ocean Racing est une discipline relativement récente. Elle a été initiée par des champions olympiques de kayak de vitesse qui ont voulu se diversifier et faire du sport en contact avec l'océan avec le 'surf ski'. Grâce à des conditions de houle et de vent idéales, les athlètes ont pu trouver leur bonheur avec de la rame dans du gros surf.
 
Alors que les diverses fédérations du territoire s'évertuent à organiser des évènements sportifs afin d'attirer en Polynésie des participants étrangers, avec des résultats souvent faibles, la fédération de kayak a réussi à créer un engouement local comme international pour ces championnats du monde. Charles Villierme a insisté sur le fait que les étrangers ont payé leur billet, leur hébergement, leurs frais de séjour, générant un impact économique non négligeable.
 
Alors que le va'a n'est pratiqué pour l'instant que par une trentaine de pays dans le monde, le kayak, une discipline olympique, intéresse 189 pays réunis en une fédération. Avec un peu d'adaptation, le rameur polynésien peut devenir un kayakiste. Nos athlètes polynésiens n'ont pas démérité, à l'image d'un Hiromana Florès qui arrive dans le Top 15 mondial et 4e meilleur U23. Selon son coach Gordon Barff 'il est en pleine préparation d'Hawaiki Nui en V6, s'il s'était focalisé sur le kayak, il aurait pu gagner.'
 
Les organisateurs ont joué la carte culturelle puisque les sportifs ont été accueillis au son des 'pu' et des toere, avec la présence des danseurs du groupe O'Tahiti E ainsi que celle d'un groupe de danseurs marquisiens, venus en nombre.

Hiromana Florès, le meilleur tahitien arrive 4e des U23
Hiromana Florès, le meilleur tahitien arrive 4e des U23
Hiromana Florès est arrivé 4e en U23 :
 
Beaucoup d'émotion lors de cette arrivée ?
 
« C'est sûr. Ma famille est à 500% derrière moi, comme d'habitude à l'arrivée ils sont là. Aujourd'hui, cela a été difficile, on a eu quand même du très beau surf, on s'est bien amusés. Les derniers 2-3 kilomètres c'était du plat, il fallait grignoter quelques places et c'est ce que j'ai pu faire. Je suis satisfait de ma course. Au départ, je savais que j'allais être pénalisé car je ne suis pas à l’aise avec le vent de côté. Ils sont partis devant moi et j'ai du virer à la balise à la 25e ou 30e place. Dans le surf, j'ai pu rattraper quelques 'copains'. »
 
Tu as enchaîné les courses dernièrement, pas trop fatigué ?
 
« J'étais très très bien. J'ai pu effectivement faire beaucoup de courses. Je tiens d'ailleurs à remercier mon grand sponsor Air Tahiti Nui, c'est grâce à ce sponsoring que j'ai pu voyager et améliorer mon niveau par rapport aux étrangers. »
 
Rencontrer ces étrangers à domicile, c'était différent ?
 
« Je voulais vraiment 'cartonner' aujourd'hui ou au moins faire de mon mieux, j'ai fait ma course à 100% et je remercie le seigneur. C'est sûr, comme tous les athlètes, quand tu arrives 2e, 3e ou 4e tu veux faire mieux mais aujourd'hui ça va, je suis content, je sais que devant ce ne sont pas des manchots, ce ne sont que des champions. Terminer comme 1er tahitien c'est super, je suis très content. »

La légende Lewis Laughlin avec la relève incarnée par Hiromana Florès
La légende Lewis Laughlin avec la relève incarnée par Hiromana Florès
Lewis Laughlin au micro de Tahiti Infos :
 
Quelques mots sur ta course ?
 
« Super. Peu importe le résultat, en tous cas pour moi. Le fait d'être ici, c'est vraiment une aubaine. Un tel plan d'eau, le niveau, cet échange avec le monde entier...C'est quelque chose que l'on attendait depuis plus de 15 ans, cela s'est fait aujourd'hui donc bravo. »
 
Toi qui es champion de kayak depuis de longues années, tu regrettes que ce moment n'ait pas eu lieu avant ?
 
« Là dessus, il n'y a pas photo ! Mais bon c'est comme ça, certains déclics prennent du temps mais je crois que c'est parti, ce sera pour la jeune génération comme Hiromana et les autres. Je reste un passionné, c'est un sport que j'aime énormément. J'ai fait ma part du chemin il y a des années, et aujourd'hui cela continue avec un président motivé et un pays qui commence à découvrir le kayak, c'est une réussite. »
 
Par rapport au va'a, le kayak c'est l'ouverture sur le monde ?
 
« Je me rappelle en 2001, la première fois qu'on avait créé le circuit mondial, on avait fait une course ici, une en Afrique du Sud et une à Hawaii, j'avais fait 1er ici puis 2e et 2e, j'avais donc remporté ce circuit. La ICF depuis deux ans s'y met, c'est bien mais il ne faut pas oublier ce qui a été fait depuis le début. Le plus important c'est qu'avec ces internationaux, cela suscite de l'engouement pour le kayak ici à Tahiti, je ne pouvais pas rêver mieux. »

Beaucoup d'intensité et d'émotion pour cette arrivée de course
Beaucoup d'intensité et d'émotion pour cette arrivée de course
Gordon Barff, vice président délégué de la fédération de kayak :
 
C'est un grand jour pour le kayak polynésien ?
 
« Pas seulement. Ce lieu est mythique, car lié à l'histoire polynésienne comme à l'histoire de l'arrivée des premiers navigateurs occidentaux. La World Surf Ski Series est un championnat intercontinental mondial. La fédération internationale est reconnue par le comité international olympique, elle a développe le kayak en haute mer en l'appelant 'Ocean Racing'. C'était important que ce championnat puisse se faire. A Rio en 2016, le Surf Ski sera en démonstration mais 4 ans plus tard, il sera présent aux jeux olympiques. »
 
Les locaux n'ont pas démérité, notamment Hiromana Florès ?
 
« Les Polynésiens aujourd'hui ont été majestueux. Lewis Laughlin bien sûr, Eric Deane chez les seniors, Kévin Céran-Jérusalemy et surtout Hiromana Florès, le meilleur Tahitien qui termine dans les 15 premiers, ce n'est pas rien, et surtout à la 4e place en U23. C'était un objectif qu'on s'était plus ou moins fixé. Bien sûr, on souhaitait qu'il gagne mais tout le monde est en forme, tout le monde veut gagner. »
 
« Cela lui ouvre des possibilités, il a eu une proposition concrète de sponsoring international hier par la marque ‘Think’, c'est phénoménal, on n'attendait pas du tout ça. Il va être le représentant dans le Pacifique pour cette marque. Dans chaque pays où il sera inscrit il aura un kayak de haut niveau à disposition. »
 
Un remerciement ?
 
« Merci à la fédération internationale d'avoir accepté que les championnats du monde puissent se faire ici, merci à la fédération tahitienne de kayak bien sûr, Charles et le conseil fédéral. Merci à tous les grands sponsors, le Pays à travers le ministère de la jeunesse et des sports, le ministère du tourisme, merci à tous pour ce grand jour pour le sport tahitien. Le kayak est un sport international et olympique. Bravo à ‘Magic Hiromana !’ »

Yannick Laousse, le métropolitain arrive 7e.
Yannick Laousse, le métropolitain arrive 7e.
Yannick Laousse 7e, meilleur Européen :
 
Satisfait du résultat ?
 
« C'est toujours la bataille avec les sud africains, les australiens qui dominent le sport depuis pas mal d'années puisque ce sont eux qui l'ont inventé. Là, ça y est, on déboule sur le circuit mondial, c'est une superbe performance. »
 
Comment avez-vous vécu cet événement ?
 
« On l'a très bien vécu. On s'est préparés depuis 15 jours pour cet événement. On regardait les conditions météo tous les jours, ce que l'on a pu voir la semaine dernière s'est confirmé, on a eu du vent d'est/sud est à 20 nœuds, avec une houle de plus de deux mètres, on a eu 30km de surf, que du surf, du placement, de la glisse. Cela a été fabuleux. En tant que ‘surf skieur’, je n'ai jamais concouru dans des conditions pareilles, des conditions idylliques. »
 
Avec en plus l'ingrédient 'ambiance', les compétiteurs semblent satisfaits ?
 
« Voilà. On sent bien la culture polynésienne qui est omniprésente, qui imprègne les sens, c'est important aussi, cet esprit proche de l'océan, proche des éléments. On est surtout là pour se 'tirer la bourre' et on a vraiment été gâtés sur les conditions. Je ne vois pas qui pourrait se plaindre de ce qu'on a eu et de l'organisation qui a été mise en place. L'horaire de départ, tout était calé. Tous les kayaks sont arrivés indemnes au départ pour tout le monde. Je pense qu'il y a une prestation de qualité, une compétition de qualité. »

Rédigé par SB le Dimanche 4 Octobre 2015 à 16:54 | Lu 1818 fois