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Jordy Chan promet “de belles perspectives à venir dans le BTP”


(Crédit photo : Présidence de la Polynésie française)
(Crédit photo : Présidence de la Polynésie française)
Tahiti, le 10 septembre 2025 - Suite à sa rencontre avec les syndicats représentatifs du bâtiment et des travaux publics, le ministre des Grands Travaux, Jordy Chan, a tenu à rassurer en présentant, ce mercredi, les perspectives des projets stratégiques du ministère, à l'horizon 2032. Un programme d'investissement sur les sept prochaines années, évalué à 164 milliards de francs, reposant sur l'entretien et la réhabilitation des structures existantes, la décentralisation de l'administration, la redynamisation du centre-ville de Papeete, et le développement du Port autonome.
 
Sous le feu de certaines critiques depuis sa prise de fonctions en tant que ministre des Grands travaux, Jordy Chan tient aujourd'hui à mettre les points sur les “i”. En effet, depuis l'annulation de certains gros projets tels que celui du Village tahitien de Punaauia, les inquiétudes émanant des acteurs du BTP et les critiques de l'opposition se multiplient. Une situation qui, pour autant, n'inquiète en rien le jeune ministre. “Lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, nous nous sommes rendu compte que la majeure partie du budget alloué au ministère des Grands travaux servait, dans les faits, à entretenir, réhabiliter ou reconstruire des ouvrages existants”, explique Jordy Chan. “De notre côté, nous considérons que pour faire avancer notre Fenua, il faut non seulement conserver ce patrimoine, mais il faut également – et surtout – investir dans des projets stratégiques. C'est la raison pour laquelle, durant les deux dernières années, nous avons réfléchi et élaboré un ambitieux programme de développement d'infrastructures qui, aujourd'hui, est évalué à plus de 160 milliards de francs entre 2026 et 2032.” Un programme que le ministre a pris le temps de présenter, ce mercredi, à la présidence de la Polynésie française à l'occasion d'une conférence de Presse.
 
Entretenir, réhabilité, et surtout construire
 
Pour commencer, il tient à rassurer. Les projets courants d'entretien et de réhabilitation des infrastructures, annuellement programmés dans l'ensemble des archipels, seront maintenus, ainsi que leur budget (12 milliards de francs). De nombreux projets tels que la sécurisation du col de Toovii à Nuku Hiva, le réaménagement de l'aérodrome de Tikehau, ou encore la reconstruction du quai de Avera à Rurutu – pour ne citer qu'eux – seront “réalisés à courts termes” promet le ministère des Grands travaux.
 
Il rappelle aussi qu'afin d'améliorer la mobilité des Polynésiens et de réduire la congestion routière, près de 14 milliards de francs seront investis d'ici 2030. En effet, le ministère souhaite aménager jusqu'à 10 km de voies réservées pour les bus et 15 km de pistes cyclables dans l'agglomération de Papeete. Sur la côte est, il mise également sur la construction d'une troisième entrée vers Papeete située au niveau de Aorai Tini Hau, d'un shunt au carrefour giratoire de Erima, et d'une troisième voie mobile le long de la route territoriale traversant la commune de Mahina.
 
Mais surtout, le ministre des Grands travaux compte sur le projet de décentralisation proposé par le gouvernement pour relancer définitivement les grands chantiers. Ce projet table sur la construction de bâtiments administratifs à Taravao et dans les communes de Papara et Mahina d'ici 2032. Des centres administratifs qui devraient permettre la délocalisation de quatre ministères, neuf services et près de 900 agents. Un chantier estimé à 17 milliards de francs par le ministère, et une initiative qui pourrait libérer du foncier public à des endroits stratégiques en plein cœur de Papeete. Une occasion de redynamiser le centre-ville selon le ministre, qui compte investir près de 25 milliards dans le développement d'immeubles à usage mixte (commerces, bureaux, et/ou logements).
 
Et enfin, le ministère assure que de nombreux chantiers structurants sont programmés au titre du schéma directeur du Port autonome de Papeete, où plus de 24 milliards de francs seront déployés d'ici 2032 afin d'assurer le développement de cette place forte de l'économie locale. Il s'agit notamment des travaux en lien avec l'approfondissement de la passe de Papeete, l'extension du terminal de commerce international, la construction du quai de cabotage n°6, ou encore l'aménagement d'un pôle de réparation navale.
 
Aux grands travaux de grands moyens
 
Quand on fait le calcul, on se rend compte que ces projets reviendront à quasiment doubler le budget alloué habituellement à notre ministère”, souligne le ministre à propos de cet ambitieux programme d’aménagements à l’horizon 2032. “Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est que l'on aura de belles perspectives à venir dans le secteur du BTP, et ça veut dire aussi qu'il faut se préparer. Nous, ce que nous estimons au sein du gouvernement, c'est que nous avons la capacité financière pour mener à bien ces projets. Maintenant, pour y arriver, il faut non seulement des sous mais aussi des matériaux, des hommes et des femmes pour les mettre en œuvre.”
 
Et à ce titre, le gouvernement, après l'avis favorable du Cesec, a d'ores et déjà soumis au vote de l'assemblée de Polynésie française l'adaptation du code des mines. Une réforme qui devrait sécuriser l'approvisionnement en matériaux des chantiers en favorisant l'installation de carrières agréées, contrôlées et respectant les prescriptions environnementales exigées par le Pays. Le but étant de réduire au maximum le recours aux extractions sauvages.
 
Interrogé sur l'inquiétude et les doutes qui semblent peser sur le secteur du BTP, Jordy Chan garde une posture sereine : “Le programme que l'on vient de présenter s'étale de 2026 à 2032. D'ici 2028, certains des projets présentés aujourd'hui seront lancés. De plus, un des objectifs de ce gouvernement, notamment concernant la redynamisation du centre-ville, c'est de contractualiser les travaux et les appels d'offres d'ici la fin de la mandature. Ce que je peux dire, c'est que dans tous les cas de figure, les projets d'infrastructures sont des projets qui se déroulent sur du temps long. Pour construire une route, un port ou un aéroport, il faut compter cinq ans : deux ans d'études et trois ans de travaux, et plus s'il faut faire des acquisitions foncières. Pour construire un bâtiment, c'est sept ans de projet : quatre ans d'études, trois ans de travaux. Et plus, s'il y a des aléas en termes de chantier. Nous, en tant que gouvernement, on se doit de prévoir l'avenir de la Polynésie. On ne peut pas résonner sur un mandat de cinq ans uniquement ; ça serait faire défaut à notre fonction, défaut à la Polynésie, et ça serait faire défaut à la population.”

Rédigé par Wendy Cowan le Mercredi 10 Septembre 2025 à 17:33 | Lu 2337 fois