Nations unies, Etats-Unis | AFP | vendredi 30/03/2023 - De plus en plus de pays réclament des règles environnementales fortes avant toute exploitation minière des fonds marins, mais à l'issue de nouvelles négociations sur ce sujet controversé, les ONG craignent toujours un feu vert au démarrage d'une industrie décriée.
"La première chose à souligner, c'est que l'atmosphère politique a radicalement changé depuis un an, où aucun Etat ne s'était levé pour dire non à l'extraction minière", a déclaré à l'AFP Emma Wilson, du groupement d'ONG Deep Sea Conservation Coalition.
Avant le dernier jour de réunion du Conseil de l'Autorité internationale des Fonds marins vendredi, la militante est malgré tout "très inquiète": "le risque demeure d'une demande de contrat plus tard cette année".
L'AIFM et ses 167 Etats membres sont en charge à la fois de la protection et de l'exploitation potentielle du plancher océanique hors juridictions nationales, "patrimoine commun de l'humanité".
L'autorité basée en Jamaïque n'a pour l'instant octroyé que des contrats d'exploration à des centres de recherche et des entreprises dans des zones bien délimitées, potentiellement riches en minerais.
L'exploitation industrielle du nickel, cobalt ou cuivre n'est elle pas censée commencer avant l'adoption d'un code minier en discussions depuis près de dix ans.
Discussions qui se sont poursuivies lors du Conseil de l'AIFM réuni depuis le 16 mars et jusqu'à vendredi.
ONG et scientifiques alertent depuis des années sur les menaces de dommages inestimables à des écosystèmes profonds encore peu connus. Et de plus en plus d'Etats relaient cette inquiétude: Canada, Australie, Belgique et d'autres ont insisté à Kingston pour que l'exploitation ne puisse commencer sans des règles rigoureuses.
"Le Brésil estime que (...) les meilleures connaissances scientifiques disponibles sont insuffisantes pour approuver tout projet d'extraction minière" en haute mer, a elle insisté l'ambassadrice Elza Moreira Marcelino de Castro.
Sans aller jusqu'à parler de "moratoire" ou de "pause" de l'exploitation, position défendue par 14 pays, dont la France, l'Allemagne, le Chili ou Vanuatu.
"L'extraction minière sous-marine abimerait le plancher océanique mais aurait aussi un impact plus large sur les populations de poissons, les mammifères marins, et le rôle essentiel de régulation du climat des écosystèmes profonds", a souligné le représentant du Vanuatu Sylvain Kalsakau.
"S'éloigner du précipice"
"Nous encourageons nos voisins du Pacifique qui ont exprimé un intérêt pour l'extraction minière sous-marine à s'éloigner du précipice", a-t-il plaidé.
Un message clair pour Nauru qui a lancé un pavé dans la mare en déclenchant à l'été 2021 une clause permettant de réclamer l'adoption du code minier dans les deux ans.
Dans le cas contraire, le petit Etat insulaire pourrait solliciter un contrat d'exploitation pour Nori (Nauru Ocean Resources), filiale du canadien The Metals Company qu'il sponsorise, à l'expiration de cette période le 9 juillet -- avant donc la prochaine réunion du Conseil de l'AIFM de juillet.
Mais sans code minier, le Conseil est pour l'instant divisé sur le processus d'examen d'une demande de contrat d'exploitation, et risque de se séparer vendredi soir sans accord, selon des observateurs, qui dénoncent cette "incertitude".
Parmi les 36 membres de l'organe exécutif de l'AIFM, les plus hostiles à l'extraction souhaitent des règles rendant plus difficile une approbation du contrat, expliquent ces observateurs à l'AFP. A l'inverse, le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a jugé dans la presse que l'exploitation des minerais sous-marins peut ne pas se faire "au détriment de la biodiversité".
"Cela crée énormément d'anxiété ici", a commenté Pradeep Singh, expert en droit de la mer au Research Institute for Sustainability de Potsdam.
Le représentant de Nauru a certes répété que son pays attendrait la session de juillet avant de déposer une demande, mais les observateurs interrogés par l'AFP doutent que le code minier soit terminé à cette date.
"Il semble que respecter la date butoir ne soit pas possible", indique Pradeep Singh à l'AFP, soulignant les "nombreux points contentieux".
Mais les défenseurs des océans ne perdent pas espoir. "La dynamique reste bonne", a déclaré à l'AFP François Chartier, de Greenpeace.
Capitalisant sur l'approbation historique début mars du premier traité de protection de la haute mer, il espère que les Etats seront cohérents avec cette ambition à l'AIFM. Et que l'Assemblée des 167 membres, "plus légitime", pourra se saisir de la question d'un moratoire en juillet.
"La première chose à souligner, c'est que l'atmosphère politique a radicalement changé depuis un an, où aucun Etat ne s'était levé pour dire non à l'extraction minière", a déclaré à l'AFP Emma Wilson, du groupement d'ONG Deep Sea Conservation Coalition.
Avant le dernier jour de réunion du Conseil de l'Autorité internationale des Fonds marins vendredi, la militante est malgré tout "très inquiète": "le risque demeure d'une demande de contrat plus tard cette année".
L'AIFM et ses 167 Etats membres sont en charge à la fois de la protection et de l'exploitation potentielle du plancher océanique hors juridictions nationales, "patrimoine commun de l'humanité".
L'autorité basée en Jamaïque n'a pour l'instant octroyé que des contrats d'exploration à des centres de recherche et des entreprises dans des zones bien délimitées, potentiellement riches en minerais.
L'exploitation industrielle du nickel, cobalt ou cuivre n'est elle pas censée commencer avant l'adoption d'un code minier en discussions depuis près de dix ans.
Discussions qui se sont poursuivies lors du Conseil de l'AIFM réuni depuis le 16 mars et jusqu'à vendredi.
ONG et scientifiques alertent depuis des années sur les menaces de dommages inestimables à des écosystèmes profonds encore peu connus. Et de plus en plus d'Etats relaient cette inquiétude: Canada, Australie, Belgique et d'autres ont insisté à Kingston pour que l'exploitation ne puisse commencer sans des règles rigoureuses.
"Le Brésil estime que (...) les meilleures connaissances scientifiques disponibles sont insuffisantes pour approuver tout projet d'extraction minière" en haute mer, a elle insisté l'ambassadrice Elza Moreira Marcelino de Castro.
Sans aller jusqu'à parler de "moratoire" ou de "pause" de l'exploitation, position défendue par 14 pays, dont la France, l'Allemagne, le Chili ou Vanuatu.
"L'extraction minière sous-marine abimerait le plancher océanique mais aurait aussi un impact plus large sur les populations de poissons, les mammifères marins, et le rôle essentiel de régulation du climat des écosystèmes profonds", a souligné le représentant du Vanuatu Sylvain Kalsakau.
"S'éloigner du précipice"
"Nous encourageons nos voisins du Pacifique qui ont exprimé un intérêt pour l'extraction minière sous-marine à s'éloigner du précipice", a-t-il plaidé.
Un message clair pour Nauru qui a lancé un pavé dans la mare en déclenchant à l'été 2021 une clause permettant de réclamer l'adoption du code minier dans les deux ans.
Dans le cas contraire, le petit Etat insulaire pourrait solliciter un contrat d'exploitation pour Nori (Nauru Ocean Resources), filiale du canadien The Metals Company qu'il sponsorise, à l'expiration de cette période le 9 juillet -- avant donc la prochaine réunion du Conseil de l'AIFM de juillet.
Mais sans code minier, le Conseil est pour l'instant divisé sur le processus d'examen d'une demande de contrat d'exploitation, et risque de se séparer vendredi soir sans accord, selon des observateurs, qui dénoncent cette "incertitude".
Parmi les 36 membres de l'organe exécutif de l'AIFM, les plus hostiles à l'extraction souhaitent des règles rendant plus difficile une approbation du contrat, expliquent ces observateurs à l'AFP. A l'inverse, le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a jugé dans la presse que l'exploitation des minerais sous-marins peut ne pas se faire "au détriment de la biodiversité".
"Cela crée énormément d'anxiété ici", a commenté Pradeep Singh, expert en droit de la mer au Research Institute for Sustainability de Potsdam.
Le représentant de Nauru a certes répété que son pays attendrait la session de juillet avant de déposer une demande, mais les observateurs interrogés par l'AFP doutent que le code minier soit terminé à cette date.
"Il semble que respecter la date butoir ne soit pas possible", indique Pradeep Singh à l'AFP, soulignant les "nombreux points contentieux".
Mais les défenseurs des océans ne perdent pas espoir. "La dynamique reste bonne", a déclaré à l'AFP François Chartier, de Greenpeace.
Capitalisant sur l'approbation historique début mars du premier traité de protection de la haute mer, il espère que les Etats seront cohérents avec cette ambition à l'AIFM. Et que l'Assemblée des 167 membres, "plus légitime", pourra se saisir de la question d'un moratoire en juillet.