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Indonésie: affrontements lors de manifestations contre des lois controversées


Jakarta, Indonésie | AFP | lundi 30/09/2019 - La police a fait usage de gaz lacrymogène à Jakarta et dans plusieurs villes d'Indonésie lundi contre des manifestants qui ont poursuivi leur mouvement de protestation contre des lois controversées, entamé la semaine dernière.

Au moins deux étudiants ont été tués et des centaines ont été blessés au cours des manifestations et parfois des émeutes qui ont embrasé l'archipel d'Asie du Sud-Est depuis le 23 septembre.
Dans la capitale indonésienne, quelque 26.000 policiers et militaires et des véhicules blindés étaient déployés lundi. Plusieurs milliers d'étudiants portant des bannières manifestaient près du Parlement protégé par des barbelés, selon des journalistes de l'AFP.  
Quelques affrontements ont eu lieu entre des manifestants qui lançaient des pierres et les forces de l'ordre répliquant avec des gaz lacrymogènes.
Les étudiants dénoncent notamment une réforme qui risque d'affaiblir l'agence de lutte contre la corruption (KPK), une institution très respectée en Indonésie.
"Pourquoi modifier cette loi?", demande Lukmanul Hakim Ahbr, un Indonésien de 24 ans qui explique être venu de Malaisie où il fait ses études pour participer au mouvement.
"Nous les étudiants (...) rejetons toute révision qui affaiblisse la KPK", indique-t-il à l'AFP.
Ils protestent également contre un vaste projet de révision du code pénal qui prévoit notamment des peines de prison pour les relations sexuelles hors mariage ou entre personnes du même sexe. Le fait de "montrer ou d'offrir" des moyens de contraception à des mineurs deviendrait illégal. 
Le projet prévoit aussi une application plus large de la loi controversée sur le blasphème qui inquiète les minorités dans ce pays qui compte la plus grande population musulmane au monde. Et il envisage d'interdire les "insultes" envers le président ou le vice-président.
A Bandung, importante ville étudiante sur l'île de Java, où plusieurs milliers de jeune ont manifesté, une jeune femme portait une pancarte affirmant "le gouvernement ne doit pas se mêler de ce qui est dans notre pantalon" .
"J'ai décidé de rejoindre les manifestations après avoir entendu parler de la mort des étudiants et des attaques de gaz lacrymogène", dit Banyu Biru, un jeune de Bandung portant l'uniforme de son lycée.
A Lombok, île proche de Bali, des affrontements ont éclaté entre quelque 2.000 étudiants et les forces de l'ordre, selon un journaliste de l'AFP. 
Les manifestants demandent aussi le retrait des troupes indonésiennes de Papouasie, où des violences ont fait plus de 30 morts en septembre. Ils veulent encore une enquête sur la mort de deux étudiants à Kendari, ville de l'île de Célèbes la semaine dernière aux cours de violentes manifestions.
Le président indonésien Joko Widodo a tenté d'apaiser les étudiants en faisant des concessions alors qu'il s'apprête à être investi pour un second mandat en octobre. Le vote de la réforme du code pénal a été repoussé et le chef de l'Etat a dit envisager de revenir sur celle de l'agence anti-corruption. 
Mais après un week-end relativement calme, ces manifestions, parmi les plus importantes depuis le soulèvement de 1998 qui a chassé le dictateur Suharto du pouvoir, ont repris lundi.
Le ministre indonésien à la Sécurité Wiranto a mis en garde contre toute violence lundi, à la veille de l'installation du nouveau parlement indonésien.
"Je demande aux manifestants de ne pas avoir recours à la violence et de ne pas perturber l'installation des nouveaux députés", a-t-il déclaré à des journalistes.

le Lundi 30 Septembre 2019 à 12:18 | Lu 188 fois