Tahiti Infos

Îles flottantes : une lectrice inquiète nous écrit


PAPEETE, 22 mai 2017 - Une lectrice nous fait part de son inquiétude face au projet d’îles flottantes promu par l’organisation non gouvernementale Seasteading Institute et dont une installation pilote pourrait être réalisée en Polynésie française.

Dans un courrier adressé à la rédaction de Tahiti Infos, avant de songer à l’installation d’un prototype d’île flottante et d’un partenariat entre le Pays et le Seasteading Institute, cette lectrice estime nécessaire de recueillir l’accord préalable de la population polynésienne, par le biais d’un référendum local.

Elle dit avoir assisté aux conférences de présentation organisées du 15 au 17 mai derniers à Tahiti. Visiblement, elle n’en revient pas convaincue : "(...) J’ai entendu beaucoup d’intervenants dire « les polynésiens sont prêts », « on retrouve l’identité polynésienne », « on va enrichir l’identité polynésienne », « ceci est pour nos générations futures » (…). Mais, est-ce qu’à un seul moment quelqu’un a pensé demander l’avis du principal intéressé : le Peuple ? Est-ce que ce projet d’une envergure si importante, réalisé dans les eaux polynésienne ne mérite pas un référendum local ? Ce serait la moindre des choses ; c’est le respect que les élus doivent au Peuple.

Selon un chercheur américain, les inquiets vis à vis du projet doivent se rassurer car je cite : « ce projet ne sera pas fait dans notre jardin, mais dans le lagon ». Oui, donc notre chère pirogue Hokule’a qui prône le respect des océans est tombée aux oubliettes et Vaiana servi aux jeunes générations depuis des mois, trouvera finalement sur son beau lagon une île artificielle bien loin de Te Fiti.
La culture polynésienne ne relève pas du folklore, elle est vivante et bien réelle, le lagon est notre jardin et fait partie de notre patrimoine. Alors avant d’y toucher peut-être faudrait-il demander l’accord de la population.

La protection des coraux, des mammifères marins, les pêcheurs, les stocks de poissons seront mis à mal par les infrastructures que ce projet va engendrer car forcément il faudra des navettes pour approvisionner toute l’île et ne parlons pas de la pollution engendrée par tous les bateaux qui viendront chercher les stocks de marchandises.
Ce sont encore les associations qui vont devoir faire le boulot et lutter pour protéger le patrimoine foncier et maritime. Et que fait le Parti vert du Fenua qui se veut le plus respectueux de l’environnement ?

Par respect pour le peuple polynésien un référendum local – mécanisme démocratique prévu par la loi organique du 27 février 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie française - devrait être organisé.
Et la véritable justification est que le lagon appartient au peuple et non pas à un petit nombre d’élus, ni d’intervenants qui préjugent de l’avis des Polynésiens et parlent en leur nom. C’est dans ce vote que ce projet trouvera sa légitimité et non dans des propos visant à se servir de l’identité et de la culture polynésienne pour justifier la réalisation de ce projet notamment aux yeux des investisseurs. Ces derniers trouveront également leur intérêt dans ce référendum local puisqu’il leur permettra d’avoir une vision concrète de la faisabilité du projet.

Certes, créer des richesses est nécessaire pour générer des recettes pour le Pays mais c’est la manière de le faire qui faute, selon moi. Ce projet nécessite des études plus poussées au sujet de ses conséquences environnementales, juridiques et socio-économiques ».

Par ce courrier, je souhaite uniquement préciser quelques points et rendre les informations recueillies durant la conférence accessibles à tous. Et donner l’information, selon moi, ce n’est pas uniquement la transmettre à haute voix, c’est surtout faire en sorte que la compréhension de celle-ci soit accessible à tous y compris aux moins aguerris afin qu’ils puissent mesurer les enjeux que le projet suscite. C’est cela, le véritable accès à l’information et j’espère que certains élus entendront cet appel, informeront concrètement la population et organiseront un référendum local
".

Rédigé par extrait d'un courrier par Mi.T. le Lundi 22 Mai 2017 à 11:51 | Lu 10744 fois