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Iles Salomon: Le nouveau 1er ministre Gordon Darcy Lilo a prêté serment sur fonds de troubles civils


PHOTO : Gordon Darcy Lilo, élu mercredi Premier ministre par le Parlement des îles Salomon, a finalement pu prêter serment devant le Gouverneur Général. (Source photo : Solomon Star)
PHOTO : Gordon Darcy Lilo, élu mercredi Premier ministre par le Parlement des îles Salomon, a finalement pu prêter serment devant le Gouverneur Général. (Source photo : Solomon Star)
HONIARA, jeudi 17 novembre 2011 (Flash d’Océanie) – Gordon Darcy Lilo, élu mercredi Premier ministre par le Parlement des îles Salomon, a finalement pu prêter serment devant le Gouverneur Général Sir Frank Kabui, sur fonds de manifestations violentes qui ont finalement pu être contenues par les forces de l’ordre, rapporte jeudi la presse locale.
Le Parlement des îles Salomon a élu mercredi M. Lilo, vétéran de la politique locale, au poste de Premier ministre, en remplacement de M. Danny Philip, qui avait démissionné vendredi 11 novembre 2011.
M. Lilo a obtenu 29 des 49 suffrages exprimés lors de cette séance de l’assemblée.
Mais dès après l’annonce du résultat de ce vote des députés, un groupe de plusieurs centaines de personnes, pour la plupart originaires de la province de Malaïta, s’est rassemblé devant le parlement et dans les rues de la capitale Honiara, en exigeant la démission immédiate du nouveau chef désigné de l’exécutif.
Juste après les élections législatives de mai 2006, un scénario similaire s’était produit, mais la police et les forces armées régionales présentes aux îles Salomon, prises de court, n’avaient pas réussi à contenir ces troubles qui avaient alors dégénéré en émeutes et provoqué la démission-surprise du nouveau Premier ministre, immédiatement remplacé par M. Manasseh Sogavare.
Un important contingent de forces policières et militaires régionales, la Mission Régionale d’Assistance aux îles Salomon (RAMSI), est positionné aux îles Salomon depuis juillet 2003, en mode stabilisation après la guerre civile qui avait perduré entre 1998 et 2003
Rapidement, cette force placée sous commandement de l’Australie (qui en est l’un des principaux contributeurs et financiers, sous le nom de code « Anode ») avait réussi à mettre un terme aux affrontements entre province rivales de Guadalcanal (où se trouve la capitale Honiara) et de Malaïta.
Mercredi 16 novembre 2011, la désignation de M. Lilo au poste de Premier ministre devait entraîner quasi-immédiatement sa prestation de serment.
Celle-ci, en raison des émeutes, a dû attendre jusqu’à la fin de l’après-midi, après que la situation ait été jugée stabilisée par les autorités, après l’entrée en scène de pelotons anti-émeute.
Les émeutiers, dont les meneurs de décrivaient comme appartenant à un « Malaita Masina Forum », avaient auparavant lancé un ultimatum au Gouverneur Général pour qu’il annuelle cette intronisation.
Faute de quoi, passées 16 heures (locales, GMT+11), ils déferleraient sur la ville.
Ils avaient commencé à s’en prendre aux véhicules, à coup de pierres.
Après l’intervention des unités de maintien de l’ordre, la cérémonie, discrète, a eu lieu dans les bureaux du Gouverneur Général, sous haute protection policière.
Pendant toute cette séquence, de nombreux commerces et entreprises de la capitale avaient préféré fermer leurs portes.

Depuis mercredi, le gouvernement australien a mis à jour ses conseils aux voyageurs et ressortissants désireux de se rendre ou résidant aux îles Salomon.
Canberra insiste, dans cette version actualisée qui appelle à la vigilance, sur les risques persistants de violences et de troubles civils dans la capitale liés à l’élection de M. Lilo.
Le département australien des affaires étrangères avertit que « certains services pourraient être interrompus », mais que « le dispositif de sécurité renforcé sera en place à Honiara ».
« Les tensions politiques peuvent se produire sans préavis (…) Les violences politiques les troubles civils, les manifestations, se produisent de temps à autres aux îles Salomon et coïncident parfois avec les séances du Parlement, des enquêtes fortement médiatisées ou encore des périodes d’incertitude politique ou des conflits du travail », rappelle Canberra, qui conseille à ses compatriotes d’ « éviter toutes les manifestations, les grands rassemblements et les meetings politiques, car ils peuvent se révéler violents ».
M. Lilo, qui occupa des postes-clés au sein de plusieurs gouvernements précédents, était encore la semaine dernière ministre des finances de M. Philip, avant que ce dernier choisisse de le limoger, sur fonds d’hémorragie en direction de l’opposition.
Le nouvel élu se réclame toutefois toujours comme faisant partie de la Coalition Nationale pour l’Avancement en milieu rural (NCRA, National Coalition for Rural Advancement), que dirigeait aussi M. Philip.
Depuis la démission de M. Philip, le 11 novembre 2011, six candidats s’étaient officiellement déclarés dans la course au poste de Premier ministre des îles Salomon.
Danny Philip, Premier ministre des îles Salomon depuis les législatives d’août 2010, a présenté vendredi sa démission quelques minutes avant la mise aux voix d’une motion de censure à son encontre devant le Parlement de cet archipel.
La motion avait été déposée par le groupe d’opposition mené par l’ancien Premier ministre Derek Sikua.
Parmi les six candidats à la succession de M. Philip figuraient notamment trois membres du gouvernement sortant (dont Gordon Darcy Lilo, en charge des finances et tout récemment limogé), deux membres de l’opposition (dont l’ancien Premier ministre Manasseh Sogavare qui, jusqu’à sa chute par voie de motion de censure, en 2006, avait eu une relation particulièrement tendue avec l’Australie).
Au cours des jours précédant la démission de M. Philip, la tension était montée au sein même du gouvernement de ce dernier, dont au moins cinq ministres avaient soit choisi de passer à l’opposition, soit avaient été limogés, pour infidélité, malgré les recrutements de dernière minute du chef de l’exécutif dans les rangs de l’opposition.
L’opposition, dans les semaines qui ont précédé la chute de M. Philip, avait exigé sa démission, affirmant avoir la preuve de détournement d’une bonne partie d’un fonds d’aide publique (de l’ordre de dix millions de dollars salomonais, soit environ 940.000 euros) provenant de Taïwan, et dont une partie aurait bénéficié à titre « discrétionnaire » à l’épouse de M. Philip, présidente du conseil d’administration d’une société de fabrication de bateaux en fibre de verre, dans la province de l’Ouest de l’archipel.

pad

Rédigé par PAD le Jeudi 17 Novembre 2011 à 06:02 | Lu 529 fois