Ice : le gouvernement “nous a lâchés”

Tahiti, le 12 août 2025 - Les membres de la Fédération citoyenne de lutte contre les drogues et la toxicomanie ont claqué la porte du ministère de la Prévention contre la délinquance, lundi soir. Ils estiment avoir été dénigrés par le ministère qui a remis en cause leur “légitimité à agir”. Ils dénoncent également “le revirement de situation” par rapport à l’octroi d’une subvention de 104 millions francs. Le gouvernement “nous a lâchés”, disent-ils.  
 
Les membres du bureau de la Fédération citoyenne de lutte contre les drogues et la toxicomanie (FCLDT) sont sortis en “colère”, lundi soir, du ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance de Kainuu Temauri.
 
La présidente de la fédération, Cathy Gaudot, explique que c’est le “revirement de situation” du ministère par rapport à la remise en cause de leur “légitimité à agir” qui les a poussés à claquer la porte de la réunion. “Vous, on ne vous connaît pas, alors que ça fait six mois qu’on est sur le terrain, six mois que les familles nous appellent, que nous répondons aux appels de détresse”. Pour Cathy Gaudot, leur “colère était légitime”.
 
Même si la présidente de la fédération confie qu’elle ne s’attendait pas à recevoir les 250 millions francs promis par le président du Pays pour la lutte contre l’ice, elle regrette le “revirement de situation” quant à l’octroi d’une subvention. La fédération a présenté un budget prévisionnel à hauteur de 104 millions de francs. Cet argent devait servir à la mise en place d’une “structure administrative (…). Une des conditions pour pouvoir prétendre à ces subventions (…). Notre demande est légitime, on agit sur le terrain (…). Et d’un coup, on nous a lâchés.”
 
Heimoana Lintz, le vice-président de la fédération, indique, pour sa part, qu’ils ont revu le budget à la baisse, puisque celui-ci était d’abord de 160 millions de francs. “On nous a demandé de reconsidérer nos priorités car ce ne sera pas 104 millions qu’on aura. On est resté sur cette base puisque la convention est ficelée et on était prêt à signer.” Il souligne que si la fédération n’arrivait pas à écouler toute la subvention avant la fin de l’année, “le reste, ils le gardent”. “Où est le problème”, s’interroge-t-il, “puisqu’on fonctionnait par tranche et avant chaque déblocage de tranche, on doit justifier”.     

Heimoana Lintz pointe également du doigt Rauarii Liao-De Longeaux, ancien membre de la fédération devenu délégué interministériel en charge de la lutte contre les addictions et les violences, et son équipe qui avaient, selon lui, pour “objectif d’arriver au gouvernement, et de ne pas travailler avec la fédération”. En mai dernier, le divorce a été acté entre le bureau de la fédération et le nouveau délégué interministériel. “On n’a pas la même définition du volontariat ou du bénévolat”, souligne la secrétaire de la fédération, Mihinoa Grand Brotherson.

Selon nos sources, Rauarii Liao-De Longeaux aurait, à l’époque, demandé un salaire d’1,3 million de francs à la fédération qui a été revu à la baisse à hauteur de 700 000 francs net. La fédération lui reproche également de ne plus avoir de contact avec elle.

“Depuis sa nomination, il n’y a plus rien”, affirme Heimoana Lintz alors même que les membres voient plusieurs de “leurs propositions ressortir comme stratégies du gouvernement, lui-même conseillé par le délégué interministériel”, ajoute Mihinoa Grand Brotherson qui demande au président de démissionner Rauarii Liao-De Longeaux de ses fonctions.
       
Contacté, le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance n’a pas souhaité s’exprimer.