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I'a Here compte sur sa recette de achards pour valoriser la bonite


PAPEETE, le 19 janvier 2018 - Installée sur Moorea Hereiti Thieme achète, fume et cuisine des toheveri (bonite), son "poisson phare" comme elle l'appelle. Après des années de tests, d'essais et de maturation, elle est en train de concrétiser son projet avec l'ouverture d'un laboratoire de transformation.

"Mon tane est pêcheur et, pour l'aider lui et les autres pêcheurs à vendre leurs poissons, j'ai imaginé ma société", résume Hereiti Thieme. C'était il y a quatre ans. Le projet se structure tout juste.

La société de Hereiti Thieme c'est I'a Here, elle est basée à Moorea et a vu le jour fin 2017. Les poissons ce sont les toheveri, les bonites, "le poisson du pauvre". À la pleine saison, les pêcheurs peuvent en rapporter jusqu'à trente par jour, alors que les clients sont rares. "C'est un poisson fort qui part moins bien que le thon par exemple ou le haura", constate Hereiti Thieme.

Lancée à "corps perdu"


Pendant un temps, Hereiti Thieme, formée pour travailler dans le social, a eu un poste qui lui permettait de mettre à l'épreuve ses compétences. Mais elle n'a pas gardé ce poste. "J'ai été ensuite commis de cuisine dans un hôtel", poursuit-elle. Mais cela ne répondait pas à ses aspirations. "J'étais frustrée de faire quelque chose qui ne me plaisait pas." Début 2017, elle a démissionné. Elle était en CDI, pour se lancer "à corps perdu" dans la mise en place de I'a Here.

Ses recettes sont prêtes depuis longtemps. "Je fais des achards à partir de poisson fumé. Je propose en plus, depuis peu, des rillettes à la crème ou à l'huile d'olive et le poisson simplement fumé." Elle fabrique de petites quantités qu'elle propose autour d'elle pour "habituer les gens au produit".

Elle remporte Ohipa Maita

En parallèle, elle a avancé sur l'aspect financier, administratif, marketing. "J'ai envoyé ma candidature au jeu de télé-réalité Ohipa Maitai et, contre toute attente, j'ai été prise." Elle a participé à l'aventure qu'elle a remportée. "Cela a été un véritable tremplin. J'ai reçu comme convenu un million de Fcfp, bénéficié d'une certaine notoriété grâce à la communication et obtenu un accompagnement par la chambre de commerce, d'industrie, des services et des métiers."

Grâce aux fonds ainsi récoltés elle a créé sa société et a pu lancer la construction d'un laboratoire aux normes d'hygiène. "Il est quasiment terminé, il ne manquait que ça pour me lancer." Sa clientèle, aujourd'hui fidèle, grossit. "Vue la demande, j'envisage en volume, la fabrication de mille pots par mois. Des pots équivalant aux pots de vana, environ 300 g."

Contre-temps

L'aventure pourrait s'arrêter-là, ou plutôt commencer-là. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Pendant qu'elle donnait naissance à I'a Here, Hereiti Thieme a été recontactée par la Direction des affaires sociales pour récupérer son poste à Moorea. Elle a accepté un CDD et a recruté un salarié pour assurer la production de ses recettes de poissons fumés. "Quand j'ai reçu la proposition, j'avais besoin d'un salaire pour continuer." Mais, elle sait déjà, qu'elle se donnera à 100% à I'a Here dès qu'elle le pourra.

Pour consolider son affaire, elle a postulé pour intégrer l'incubateur polynésien Prism. Elle a été retenue dans les quatorze projets en lice. Mais, rattrapée par la réalité de la fabrication, des commandes, elle n'a pu aller au bout de son projet. Elle mettra les bouchées double pour avancer sans.


Contacts

Facebook : I'a Here
Tél.: 87 20 42 67

Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 19 Janvier 2018 à 10:16 | Lu 3346 fois