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Hôpital du Taone: "Si le Pays ne valide pas le budget, il faudra transférer les malades vers la métropole ou la Nouvelle Zélande"


Hôpital du Taone: "Si le Pays ne valide pas le budget, il faudra transférer les malades vers la métropole ou la Nouvelle Zélande"
Le syndicat des médecins praticiens hospitaliers s'alarme: le ministre de la santé Charles Tetaria n'a, à ce jour, toujours pas signé le budget de l'hôpital ; Le Pays veut imposer une baisse de 6% au budget de fonctionnement du centre hospitalier, ce qui n'est pas envisageable selon le SPHPF, compte tenu de divers éléments évoqués ci-dessous. Sans solution, il devra être envisagé des évacuations sanitaires hors du Pays:

Communiqué du SPHPF

Objet : Budget du CHPF : vote du conseil d’administration du CHPF
Référence : --/SPHPF

Le budget du CHPF n’est toujours pas voté. L'hôpital a terminé l'année 2011 en déficit. Le ministère de la santé s’entête à imposer un budget de -6%, soit 860 millions en moins, en 2012. Le CHPF est donc dans une impasse budgétaire et doit, malgré tout, faire face aux besoins de la population, dont la demande de soins est en progression constante.
Ce jeudi 23 février, le budget du CHPF sera à nouveau proposé au conseil d’administration du CHPF. Lors de sa dernière séance de décembre, il avait rejeté la proposition du budget de 2012, diminué de 6% (860 millions en moins) par rapport à 2011. En effet, le budget de 2011 n’avait pas permis de financer la totalité des activités de l’hôpital ; 464 millions d’impayés en 2011 ont été reportés sur le budget de 2012. Le budget du CHPF est donc en déséquilibre depuis 2011 en raison de l’insuffisance de financement de l’activité générée par son transfert au Taaone. Le nouvel hôpital, plus grand, plus moderne, offre de nouvelles activités, comme la radiothérapie, et attire plus de patients que l’hôpital de Mamao. Alors que l'activité du nouvel hôpital apparaît 10% supérieure à celle de Mamao, le ministère de la santé s’entête à imposer un budget réduit de 6%, soit 860 millions en moins. Même la CPS n’avait pas imaginé aller aussi loin dans la restriction budgétaire.
Sous la pression, la direction financière du CHPF a fait une trouvaille : les ressortissants français et étrangers qui ne relèvent pas de la CPS payent un prix de journée qui n’a pas été revalorisé depuis des années. En revalorisant, presque au double, le prix de journée pour les non-ayant droits de la CPS, la direction espère engranger une recette supplémentaire d’environ 1,8 milliards qui compenserait la diminution de -6% du budget ainsi que le déficit de 2011 (et le déficit à venir de 2012). Tout ceci reste à démontrer, d'autant que la diminution de l'activité économique et les départs des armées rendent moins nombreux les non-ayant droits de la CPS.

L’hôpital a montré jusqu'à présent qu'il était capable de s'adapter à un ralentissement de son financement malgré la progression constante de son activité. Entre 2007 et 2011, l'activité à augmenté de 16% alors que le financement n'a progressé que de 4%. Cela a été réalisé d'une part grâce à l'augmentation de productivité du personnel médical et para médical, il y a, par exemple, moins d'infirmières et moins de médecins dans les services pour un même nombre de malade hospitalisé, d'autre part grâce à la modification des pratiques, par exemple en réalisant en hôpital de jour ce qui auparavant était réalisé en hospitalisation continue. Pour 2012, la restriction budgétaire demandée est trop importante pour être absorbable par un nouvelle amélioration de la productivité du personnel. Il va y avoir nécessairement suppression d'activité.

On peut craindre aussi que l’effondrement de l’offre de soins dans le secteur libéral et dans les structures gérées par la direction de la santé provoque un afflux de patient vers le CHPF qui n’aura aucun moyen d’y faire face.


Ce jeudi 23 février, le conseil d’administration du CHPF va à nouveau se pencher sur le budget 2012. Le CHPF est l’établissement de dernier recours de la Polynésie française ; si son activité est limitée par des contraintes budgétaires sévères, il n’y a pas d’autre alternative que le transfert des patients vers la métropole ou la Nouvelle Zélande. Quel sera alors le bénéfice pour la collectivité qui devra financer le coût des évacuations sanitaires ?
Le SPHPF veut alerter nos concitoyens sur les conséquences des décisions qui vont être prise le 23 février prochain par le conseil d'administration du CHPF. Il faut s'attendre à moins de capacités d'accueil des malades, à moins de capacités à soigner les malades les plus difficiles, et à plus d'évacuations sanitaires en dehors du Pays.





Le Président du SPHPF
Dr Marc LEVY

Rédigé par Marc LEVY le Jeudi 23 Février 2012 à 05:25 | Lu 2542 fois