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Hommage aux Tahitiens tombés pour la France en Indochine


Hommage aux Tahitiens tombés pour la France en Indochine
PAPEETE, 12 juin 2019 - La journée nationale d’hommage aux soldats tombés pour la France pendant la guerre d’Indochine est organisée ce jeudi. Treize Tahitiens ont laissé leur vie dans ce conflit.
 
Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées salue, aujourd’hui, la mémoire des soldats tombés pour la France pendant la guerre d’Indochine. La journée nationale d’hommage du 8 juin, instituée en leur honneur par décret en 2005, a été repoussée cette année pour se dérouler le 13 juin, en accord avec le comité national d’entente des anciens d’Indochine. L’occasion de se souvenir qu’une centaine de Tamari’i Tahiti ont été engagés dans cette guerre. Treize l’ont payé de leur vie. 

Au milieu des années 1940, la Seconde Guerre mondiale s’estompe tandis que la crise indochinoise se profile déjà. Comme lors des deux conflits mondiaux qui viennent de ponctuer le début du XXe siècle, les Etablissements français d’Océanie (EFO) vont apporter à cette guerre coloniale leur tribut de sang à la reconquête de l’Indo-Chine française. D’abord contre les Japonais puis face au mouvement insurrectionnel vietminh. En opération à Rach Goi en Cochinchine, l’aspirant tahitien Jules Helme sera la première victime. Ce volontaire du 6e régiment d’infanterie coloniale est mortellement blessé le 8 janvier 1946.

Ils sont volontaires ou ont devancé l’appel pour s’engager. Ils sont alors désignés d’office avec leurs unités pour suivre le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Quelques soldats du Bataillon du Pacifique ont directement rempilé et n’ont pas fait partie du voyage retour des Tamari’i Volontaires, le 5 mai 1946. Leurs rangs se renforceront plus tard de ces anciens du Bataillon du Pacifique qui se rengageront. Leur histoire reste aujourd’hui assez méconnue de nos contemporains. 

Après Tamari’i Volontaires et Poilus tahitiens, leurs épopées individuelles faites tout autant de courage, de sacrifices et de souffrances, méritaient d’être racontées. Qui connaît aujourd’hui les visages de ces combattants tahitiens ?

La Guerre d’Indochine débute avec le coup de force japonais du 9 mars 1945 pour se conclure avec la guerre américaine du Vietnam : une guerre particulièrement difficile et cruelle. La guerre prend un autre visage que celui des combats de la Seconde Guerre mondiale. La jungle, les rizières, les arroyos en Indochine sont inhospitaliers et les maladies tropicales redoutables. Le Vietminh est un combattant déterminé. Il évolue dans un élément qui est le sien. Il se meut avec rapidité et silence pour se fondre dans les rachs (arroyos en vietnamien), la jungle, les bourgs et les populations locales. Les soldats tahitiens vont être confrontés à des adversaires particulièrement téméraires et redoutables. Si les Vietnamiens se battent pour un idéal de liberté, les Tahitiens comme leurs autres frères d’armes de France ou de l’Empire vont se battre pour sauver leur peau.
La guerre d’Indochine est par ailleurs ingrate, assombrie par une détestable propagande de guerre coloniale car dénoncée par le parti communiste français qui mobilise toute sa force militante contre la sale guerre. Les dockers empêchent le départ des contingents et les ouvriers sabotent dans les usines d’armement et de matériels militaires divers.

L’absence de mémoire pour ces Tahitiens engagés dans la guerre d’Indochine émane peut-être de ce postulat : le constat amer d’une guerre pour rien, un soubresaut d’Empire engagé dans un conflit armé inéluctablement perdu d’avance face à d’autres hommes qui se battaient pour leur souveraineté. 

Pour en savoir plus sur ces Tamari'i tahiti tombés pour la France, le livre les Tahitiens dans les Guerres d’Indochine et de Corée est disponible directement auprès de l’auteur ([email protected]) ou dans toutes les librairies de la place.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 12 Juin 2019 à 09:35 | Lu 4404 fois