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Guyane: des élus refusent un essai thérapeutique contre le coronavirus


Paris, France | AFP | mardi 30/06/2020 - Le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, et les deux sénateurs LREM de ce territoire ont "exigé" mardi que l'essai thérapeutique mené par le professeur Karine Lacombe, consistant à injecter à des patients souffrant du Covid-19 le plasma de patients guéris, "n'ait pas lieu en Guyane".

"Nous avons exigé que la mission du professeur Lacombe n'ait pas lieu en Guyane. Elle n'est pas la bienvenue et nous avons demandé au préfet de prendre toutes les dispositions pour qu'elle ne soit pas accueillie en Guyane", a expliqué Rodolphe Alexandre, entouré des sénateurs Georges Patient et Antoine Karam, dans une vidéo diffusée à l'issue d'un rendez-vous avec le préfet et la directrice de l'Agence régionale de santé (ARS) mercredi soir (jeudi matin à Paris).

Le projet d'étendre à la Guyane et à Mayotte cet essai thérapeutique, déjà en cours en métropole, a été annoncé le 25 juin par Mme Lacombe au cours d'une audition à l'Assemblée nationale, mais cette initiative suscite de vives oppositions en Guyane, où certains refusent d'être "des cobayes".

Dans un courrier à la directrice de l'ARS de Guyane, le député GDR de Guyane Gabriel Serville acte "sa rupture de confiance": "D'où vous vient cette idée unilatérale que les chiffres guyanais justifieraient l'installation d'un centre thérapeutique en lieu et place de la France hexagonale? demande-t-il, arguant qu'au 29 juin, la Guyane ne comptait "que 120 hospitalisations, dont 19 en réanimation", alors que la métropole comptait encore le 26 juin "8.886 personnes hospitalisées et 634 en réanimation".   

Lundi, la Guyane comptait un total de 3.774 cas et 15 décès.

"L’avancée inquiétante de l'épidémie (...) ne saurait pour autant faire de la Guyane un terrain de jeu" pour "des chercheurs de l’Hexagone", avait déjà écrit lundi, le sénateur Karam dans une lettre au ministre de la Santé Olivier Véran. 

Lancé le 7 avril par l'Etablissement français du sang (EFS), l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'Inserm, cet essai consiste à injecter à des patients souffrant du Covid-19 le plasma de patients guéris, contenant des anticorps dirigés contre le coronavirus.

Environ 200 patients guéris devaient être prélevés en Ile-de-France, dans le Grand-Est et en Bourgogne-Franche-Comté, tandis que l'essai devait inclure 120 patients en phase aiguë de Covid-19: 60 recevant le plasma et 60, un placebo.

Mais ce chiffre n'a pas encore été atteint, a expliqué Mme Lacombe, car quand l'essai a été lancé début avril "nous étions déjà en phase de décélération de l'épidémie", et que beaucoup de patients arrivés à l'hôpital à ce moment-là ne remplissaient pas "les critères d'inclusion pour bénéficier de l'essai plasma".

le Mardi 30 Juin 2020 à 05:33 | Lu 330 fois