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Groupe Tahoera'a : Teura Iriti, sommée de rendre des comptes détaillés "sous quinzaine"


PAPEETE, 31 mars 2015 – Quatorze représentants Tahoera’a signent un courrier demandant à Teura Iriti un "bilan financier détaillé" de l’utilisation des 624 millions Fcfp de crédits gérés depuis 21 mois par le groupe orange à l’Assemblée. La présidente du groupe politique se dit "étonnée" et assure que les comptes sont réguliers et à jour.

"Nous attacherons du prix à ce que notre demande puisse recevoir une réponse positive de votre part sous quinzaine, au nom de la transparence sur l’utilisation des fonds publics", termine la demande officielle remise ce mardi à Teura Iriti, la présidente du groupe Tahoera'a. Le courrier est signé par 14 représentants du groupe orange. Les élus insistent pour que ce bilan soit "distinct du rapport fourni au président de l’assemblée qui ne retrace pas le détail des dépenses".

Les signataires de cette demande sont : Joseph Ah-Sha, Dylma Aro, Virginie Bruant, Michel Buillard, Jacquie Graffe, Beatrice Lucas, Sylvana Puhetini, Maina Sage, Puta'i Taae, Jeannine Tata, Teapehu Teahe, Lana Tetuanui, Moehau Teriitahi et John Toromona, qui sont notoirement dans ce que l’on a fini par désigner par le camp des pro-Fritch.

Le groupe Tahoera’a Huira’atira a le statut d’une association de type loi 1901 et se trouve en position de ne gérer que des deniers issus de fonds publics. A ce titre, à l'instar des autres formations constituées à Tarahoi, le groupe orange a l'obligation chaque année de communiquer un rapport comptable au président de l’institution. Mais en dépit de cela, compte tenu de la nature sommaire des précisions ainsi apportées, traditionnellement l’utilisation précise des deniers alloués aux groupes de l’Assemblée demeure très opaque.

En 21 mois, depuis la constitution du groupe à l’Assemblée, la demande de précisions exprimée par les élus signataires, notifiée à Teura Iriti mardi après-midi, porte sur un montant "de l’ordre de 624 millions Fcfp".

"Depuis notre élection en mai 2013, nous avons accepté de mutualiser nos crédits collaborateurs", détaille la demande. "Ces crédits représentent une somme mensuelle de l’ordre de 27 millions de francs, soit près de 324 millions de francs sur un exercice. Nous nous sommes engagés à ce que vous gériez ces crédits en respectant notre droit à utiliser la moitié de nos crédits sur des recrutements de nos choix. Or, force est de constater que ces engagements concernant l’utilisation des crédits collaborateurs ne sont pas respectés".

"De même", précise encore la demande, "l’Assemblée de la Polynésie française verse au groupe à travers l’association dont vous êtes la présidente, une dotation mensuelle de plus de 2,6 millions de francs, soit une somme de plus de 31 millions de francs sur un exercice".

Cette demande intervient, mardi, dans un contexte politique extrêmement agité cette semaine. Un conseil politique est annoncé au Tahoera’a jeudi soir pour délibérer sur la sanction que prononcera le parti à l’égard de Lana Tetuanui, Nuihau Laurey et leurs suppléants Michel Buillard et Teahe Teapehu, après le maintien de leur candidature aux sénatoriales partielles du 3 mai en dépit de la position du parti. Elle intervient aussi alors que la reprise de la session administrative de l’Assemblée doit avoir lieu le 9 avril prochain et qu’à cette occasion sera décidée la répartition des présidences de commission. Elle intervient enfin alors que depuis plusieurs semaines les tensions au sein du Tahoera’a laissent craindre la constitution prochaine, par les frondeurs du parti, d’un quatrième groupe à l’Assemblée en phase avec l’exécutif Fritch.

Il demeure que répondre précisément à une telle injonction contraindra la président du groupe Tahoera’a à apporter des précisions, notamment sur la totalité des dépenses engagées par le groupe depuis le mois de septembre dernier. Des précisions qui pourraient révéler les dépenses faites en faveur de Gaston Flosse, après la déchéance de tous ses mandats électifs publics. La question sera alors de savoir si toutes ces dépenses ont bien été faites dans le cadre de missions de service public, comme le stipule l’article 432-15 du code pénal ; où si elles peuvent être assimilées à un détournement de fonds publics.

Faute de réponse satisfaisante sous quinzaine, les élus signataires pourraient annoncer leur démission du groupe Tahoera’a à l’Assemblée et confier cette affaire à la justice.

Teura Iriti : "Il n’y a pas de souci"

"On est à jour, il n’y a pas de problème", assure Teura Iriti, qui se dit "étonnée" qu’une telle demande lui soit formulée aujourd’hui et par écrit.

Toutes les dépenses faites par le groupe Tahoera’a l’ont-elles bien été dans le cadre du financement de missions de service public ?

Teura Iriti : Toujours. Et en tous les cas dans le cadre des besoins du groupe et pour le bien des élus Tahoera’a à l’Assemblée.

Comment percevez-vous cette demande de production de comptes détaillés ?

Teura Iriti : Avec beaucoup d’étonnement. On aurait pu me questionner oralement. C’est une première depuis mai 2013. Mais ce n’est pas grave : j’ai tout ce qu’il faut et, comme je le rappelle, annuellement le bureau de l’Assemblée est tenu au courant du bilan financier de chaque groupe politique.

Le courrier exprime la demande d’un compte détaillé différent de ce bilan financier. En 15 jours, c’est possible ?

Teura Iriti : C’est ce qu’on va faire, il n’y a pas de souci. Tout est prêt, bien rangé, mensuellement. On suit ça de très près, donc il n’y a pas de souci.

Quand pensez-vous être en mesure de faire cette présentation devant les élus du groupe, en conséquence ?

Teura Iriti : On va s’organiser pour que les 38 élus soient là, ou au moins représentés.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 31 Mars 2015 à 16:38 | Lu 6739 fois