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Grand débat: Macron face aux particularités de l'Outre-mer


Paris, France | AFP | vendredi 01/02/2019 - Emmanuel Macron poursuit vendredi le grand débat pour tenter de résoudre la crise des "gilets jaunes", en rencontrant à l'Elysée une soixantaine de maires ultramarins, bien décidés à faire valoir les particularités et les besoins de leur territoires.

C'est la quatrième fois que le président de la République se prête au jeu d'une discussion avec des maires, après les réunions de Grand Bourgtheroulde (Eure, 600 maires), Souillac (Lot, 600 maires), et Valence (60 élus).
"Nous vivons une crise très grave et très profonde", a souligné le chef de l'Etat en ouvrant les débats, soulignant que les territoires ultramarins n'avaient pas "tous été touchés de la même façon par ce mécontentement". 
En Outre-mer, les "gilets jaunes" ont peu mobilisé, même si plusieurs mouvements sociaux (aux Antilles en 2009, en Guyane en 2017, à Mayotte en 2018), avaient déjà reflété l'exaspération de la population. Seule La Réunion a connu son mouvement de "gilets jaunes", qui ont bloqué l'île pendant quinze jours en décembre, pour dénoncer la vie chère et les inégalités sociales. 
"Dites les choses de manière directe, et apportez votre part de vérité", a demandé Emmanuel Macron aux maires, rappelant que dans les territoires ultramarins il y avait déjà eu "beaucoup de débats" avec les assises des Outre-mer, une grande consultation de 8 mois qui a aboutit en juin 2018 au Livre bleu Outre-mer. 
Dans cette "feuille de route", le gouvernement a pris des engagements pour ces territoires qui cumulent difficultés sociales et économiques (taux de chômage élevé, PIB par habitant inférieur à la moyenne nationale, accès aux soins et à l'éducation difficile, cherté de la vie lié à l'éloignement et à l'insularité).
Le livre bleu prévoit par exemple la création d'un fonds de 400 millions d'euros pour soutenir les entreprises, le renforcement du fonds exceptionnel d'investissement (FEI) pour accompagner des projets locaux, la mobilisation de 700 millions pour la formation des jeunes, la création d'une centaine de postes de médecins et de 6.500 places de crèches.
"L'action commence, avec un agenda qui est connu et des étapes qui sont bien bordées", a assuré Emmanuel Macron à la soixantaine d'édiles ultramarins (sur environ 130 invités) de Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Mayotte qui ont accepté de faire le déplacement, à leurs frais. Les élus des trois territoires du Pacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna) n'ont pas été invités, l’Etat n'exerçant pas de responsabilité économique et sociale dans ces territoires aux statuts particuliers.
"La Réunion et les territoires ultra marins ont leurs spécificités et leurs besoins", a déclaré Maurice Marceau Gironcel, maire communiste de Sainte-Suzanne, en rappelant que 40% des Réunionnais vivaient "en dessous du seuil de pauvreté" alors que tous les prix sont plus chers que dans la métropole. "Les Réunionnais ont un avis sur ce qui les concerne (…) Il faut les écouter".
Mais certains maires soulignent que sur le terrain, les besoins sont toujours là, malgré ces assises et les nombreuses consultations précédentes, comme les états généraux de Nicolas Sarkozy, les discussions pour la loi Égalité réelle outre-mer, avec François Hollande.  
Les annonces d'Annick Girardin lors de son déplacement à la Réunion après la crise des gilets jaunes (création d'un "compteur emploi" pour contrôler l'efficacité des aides aux entreprises, participation de citoyens volontaires à l'observatoire des prix, hausse du minimum vieillesse, etc) n'ont pas comblé toutes les attentes, et plusieurs élus entendent encore réclamer au président des mesures pour l'emploi et le pouvoir d'achat. 
Le chef de l'Etat, qui s'est déjà rendu à quatre reprises dans les Outre-mer (Saint-Martin et Saint-Barth, Guyane, Nouvelle-Calédonie, Les Antilles) depuis le début de son mandat, est aussi attendu sur les sargasses et le chlordécone aux Antilles, l'accès à l'eau potable, la piste longue pour l'aéroport de Mayotte, l'immigration clandestine, la réduction de l'abattement fiscal spécifique aux Outre-mer, l'habitat insalubre, le projet guyanais de la Montagne d'or, les accords de Guyane de 2017 dont certaines demandes sont toujours insatisfaites... 

le Vendredi 1 Février 2019 à 05:42 | Lu 360 fois