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Furosémide Teva: "fin d'alerte" mais le mystère reste entier


Furosémide Teva: "fin d'alerte" mais le mystère reste entier
PARIS, 20 juin 2013 (AFP) - Le patron de l'Agence du médicament a annoncé jeudi la "fin de l'alerte" sur le diurétique Furosémide du laboratoire Teva après le retrait de toutes les boîtes, mais le mystère reste entier sur la présence de somnifère dans une boîte constatée par un pharmacien.

"Il faut rassurer les patients: il y a fin d'alerte, 800.000 personnes prennent du Furosémide (...), elles doivent continuer leur traitement", a déclaré Dominique Maraninchi, directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur Europe 1.

"Maintenant, nous savons que ceux qui ont pris du Furosémide Teva n'étaient pas en danger, qu'on a eu un phénomène isolé", a avancé le Pr Maraninchi alors que beaucoup s'interrogent sur le bien-fondé de cet emballement basé sur un seul signalement par un pharmacien à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Pour autant, ceux qui auraient conservé chez eux par négligence ou ignorance des boîtes de Furosémide fabriquées par Teva sont toujours priés de ne pas les consommer et de les rapporter à leur pharmacien car le doute subsiste.

"Pour l'instant il n'y a plus de Furosémide Teva qui circule et aucune production n'est relancée (...) tant que la cause de cette substitution n'a pas été élucidée" a souligné le patron de l'ANSM lors d'un point presse au siège de l'Agence à Saint-Denis.

Cette "fin d'alerte" ne signifie pas non plus que le laboratoire israélien Teva, spécialiste des médicaments génériques, va cesser de passer au crible toutes les boîtes des deux lots incriminés (Y175 et Y176).

Ce travail de fourmi, fait manuellement et sous contrôle d'huissiers au site de Teva à Sens dans l'Yonne, n'a pour l'instant porté que sur une faible part des 190.000 boîtes des deux lots suspects (2.374 boîtes exactement selon le point au 18 juin au soir).

Aucun "comprimé suspect" n'a été retrouvé lors des vérifications sur les boîtes rendues, "c'est rassurant", a commenté jeudi le Pr Maraninchi, qui parle de "phénomène isolé" mais précise que la vérification va "continuer jusqu'à ce que toutes les boîtes soient examinées".

"Sûr de mon témoignage"

Les conditions au départ relativement floues dans lesquelles l'alerte avait été lancée, le 7 juin, ont été progressivement clarifiées par le fabricant et par l'Agence du médicament, mais sans explication convaincante sur la présence de deux somnifères Zopiclone de Teva dans une boîte de Furosémide du même génériqueur.

"A la suite d'un défaut détecté par un patient qui avait trouvé un comprimé différent (de Zopiclone Teva) dans une boîte de Furosémide Teva 40 mg, le pharmacien à l'origine du signalement a procédé à l'extraction des comprimés des boîtes (...) rapportées par le patient. Il a trouvé un second comprimé de Zopiclone Teva dans un blister (plaquette scellée, ndlr) du lot Y176", selon un communiqué de l'ANSM diffusé mercredi.

Face aux doutes suscités par son témoignage, le pharmacien malouin a détaillé dans plusieurs médias les circonstances de sa découverte et déclaré au Parisien: "je suis sûr de mon témoignage".

"Il faut pas stigmatiser, il faut au contraire protéger les donneurs d'alerte, des personnes importantes, consciencieuses et qui permettent éventuellement de repérer un phénomène sanitaire" a commenté Dominique Maraninchi.

L'alerte sanitaire a pris de l'ampleur après l'annonce du décès de plusieurs personnes âgées sous Furosémide, alors que la substitution de ce produit (indiqué pour l'hypertension et les oedèmes) par un somnifère peut présenter des risques sérieux pour la santé.

Plusieurs enquêtes préliminaires ont été ouvertes pour déterminer si ces décès pouvaient être liés à la prise de médicaments. Pour l'instant, aucun lien ne semble avoir été établi.

Sur le premier décès suspect, un Marseillais de 91 ans sous Furosémide Teva mort d'un oedème pulmonaire, le procureur de Marseille Jacques Dallest a indiqué jeudi que les résultats des analyses toxicologiques n'étaient pas encore connus: "pour l'instant, nous ne connaissons pas les causes réelles du décès".

Rédigé par Par Olivier THIBAULT le Jeudi 20 Juin 2013 à 06:18 | Lu 210 fois