Tahiti Infos

Franck Falletta, au sujet du rachat du Sofitel : "l'offre est valide jusqu'au 31 août"


Franck Falletta, patron de Tahiti Nui Travel
Franck Falletta, patron de Tahiti Nui Travel
"Chaque jour que Dieu fait, je doit donner de quoi faire aux personnes qui travaillent pour moi", annonce paternel et nourricier, l'homme d'affaires qui, comptable à l'appui et le geste ample, expose près d'1,8 Mds Fcfp de charges annuelles pour le groupe qu'il dirige, à Tahiti. De projets, Franck Falletta n'en manque pas : ouverture avant la fin de l'année de deux antennes de Tahiti Nui Travel en Californie, l'une sur Hollywood Blvd, au Kodak Theater à Los Angeles, l'autre à San Diego ; et une troisième en Nouvelle Calédonie, la "Caledonian Travel". Il expose également diverses joint venture : en Australie, au Viet Nan, au Cambodge et dans le Golfe persique. "Il faut bien que je trouve des leviers pour donner du travail à toutes mes sociétés dans le tourisme et développer ce secteur en Polynésie, je n'ai pas le choix", explique-t-il.

A Tahiti Franck Falletta s'est, depuis quelques jours et l'annonce de la fermeture du Sofitel Maeva Beach, un peu malgré lui retrouvé au devant de la scène médiatique. Il se dit en effet, depuis 2009, en relation avec un fonds de pension américain (CIM) prêt a investir en Polynésie et notamment dans le rachat de l'antenne tahitienne du groupe ACCOR. Mais cette opération est conditionnée : l'acquéreur doit être légalement en mesure de pouvoir installer un casino. Le Pays a son mot à dire et le sujet fâche. A commencer par le président Oscar Temaru, qui clame sur toutes les ondes son opposition viscérale à l'industrie du jeu.

Franck Falletta prévient : "En ce qui concerne l’opération Sofitel, la société américaine reste sur les rangs, sous certaines conditions, jusqu’au 31 août 2012 avec d’autres sociétés internationales pour cette reprise. Après cette date butoir, elle se désengagera car « fiu » d’attendre depuis des mois. Ils ont été sollicités par ailleurs, dans d’autres pays, pour avancer sur leurs dossiers. C’est bien dommage pour cette opération". Autant dire que l'affaire a peu de chances d'aboutir, d'ici là...
Mais le sujet demeure et les affaires continuent. Le patron de Tahiti Nui Travel et Tahiti Tours, croit dans l'industrie du tourisme en Polynésie : "C'est notre devoir de professionnels d'y croire et d'avoir des projets", clame-t-il, "Sinon qui ?"

Tahiti infos : Vous dites qu'il y a plein de niches économiques en Polynésie, mais qu'il faut le courage et les idées pour les développer. Compte tenu des tensions que crée la proposition que vous faites pour la reprise du Sofitel Tahiti, pensez-vous que les gens qui nous gouvernent manquent de ces vertus ?

Franck Falletta : Non, je pense simplement qu'il faut donner plus de liberté aux chefs d'entreprises et au secteur privé en général. Les hommes politiques font de la politique ; nous faisons notre travail. Il faut donner de l'espoir au privé, ce n'est pas compliqué.

Tahiti infos : Vous nous annoncez la création de plusieurs succursales de Tahiti Nui Travel à travers le monde. Certaines personnes vous reprochent d'agir en annonce et finalement de ne pas forcément concrétiser. Que vous évoque cette perception ?

Franck Falletta : Ces gens-là, je les laisse chanter. Je suis un homme concret. Chaque dossier prend le temps qu'il faut avant de se réaliser. En ce qui concerne la grande distribution, j'avais annoncé que je comptais me lancer dans cette activité. Aujourd'hui, on me reproche presque de n'avoir installé "que" trois supermarchés (Casino et Géant Casino, ndlr)... Arrêtons de dire des bêtises comme ça. Je suis un élément moteur : j'ai fait bouger les choses. Même la concurrence a bougé. J'ai donné de l'espoir. Des magasins casino je compte en implanter 18, à Tahiti et dans les îles, notez bien cela.
Quant au projet que j'ai présenté en 2009 déjà, d'investissement de près de 30 Mds Fcfp, il n'a pas avancé. A qui la faute ? Si les américains que je représente ont donné certaines conditions, c'est leur droit. Si le Pays ne souhaite pas coopérer, et bien on s'arrête là et ils s'en vont avec leur argent. C'est tout de même dommage.


"Des tripots, il y en a partout en Polynésie"

Franck Falletta, au sujet du rachat du Sofitel : "l'offre est valide jusqu'au 31 août"
Tahiti infos : Décidément, si vous avez un leitmotiv c'est bien "Casino" : la chaîne de magasins ; l'établissements de jeux d'argent.

Franck Falletta : Tout cela fonctionne ensemble : l'industrie du tourisme ; les divertissements ; le commerce alimentaire. Les touristes il faut bien qu'ils se nourrissent et qu'ils se divertissent.

Tahiti infos : Le Président Temaru a fait une glissade verbale en évoquant des "forces occultes" oeuvrant pour l'installation de casinos en Polynésie, vous avez répondu dans le même registre en évoquant a contrario des "forces divines". Ne pensez-vous pas que ce débat a quelque chose de sulfureux ?

Franck Falletta : Je ne crois pas. Pour amener les gens à changer d'avis, c'est très difficile. Moi, je suis un orphelin de guerre. Samedi, j'étais à SOS Village Enfant, pour tenter d'aider ces enfants. Je suis fier de cela. Je connais la détresse que ressent un orphelin. (...)
Les religieux ne peuvent pas comprendre. Aurai-je l'occasion de leur expliquer, face à face, et huis clos toutes les vérités qui se sont passées, toutes les vérités ? Et ils vont comprendre ; il y a des choses qu'ils comprendront.


Tahiti infos : L'installation de casinos en Polynésie est une question de business : elle n'a rien à voir avec ce débat mystique.

Franck Falletta : Non, les casinos sont un élément moteur pour le développement du tourisme. Ensuite, les investisseurs que je représente sont prêts à ouvrir le capital de leur société à des investisseurs locaux : CPS, banques, EdT, etc, jusqu'aux particuliers qui le souhaitent. On ouvre le capital : c'est ça la force.
Je vous le dis franchement : tous les tour operators réclament que nous étoffions notre offre de divertissements pour rendre notre destination plus attractive. Regardez ce que réalisent les amérindiens, dans leurs réserves, avec leurs casinos... et qui en profite.
En Polynésie cela pourrait créer jusqu'à 3.000 emplois.
Et puis il faut se renseigner : les casinos sont extrêmement contrôlés aujourd'hui. Allez voir en France comment ça se passe.


Tahiti infos : Sur Polynésie 1ere, dimanche soir, Oscar Temaru annonçait que les casinos sont une source de "misère et de pauvreté".

Franck Falletta : Comment voulez-vous que ce soit une source de pauvreté, si vous donnez du travail aux gens ? Si le Pays reçoit des revenus de cette activité, comment voulez-vous que ça conduise à la pauvreté ? Des tripots, il y en a partout en Polynésie. Ce sont des millions Fcfp qui se baladent sans aucun contrôle et qui profitent à des gens qui sont hors la loi. Il le sait. Je pense que l'on est en train de faire toute une histoire avec cela. Levez les yeux et regardez : il y a des centaines de casinos partout en Europe, en Allemagne, en France... Partout. Pourquoi en faire une telle histoire à Tahiti ? Je ne comprend pas.
Nous avons un beau produit : Tahiti. Nous devons l'enjoliver pour pouvoir le vendre mieux. Nous sommes au fond de la sinistrose à 152.000 touristes par an. Jusqu'où va-t-on aller comme ça ? Il faut bien imaginer quelque chose d'innovant. Sinon, les hôtels vont fermer les uns après les autres. Et croyez moi, ça c'est source de misère et de pauvreté !

Tahiti infos : Ne trouvez-vous pas troublant que le président Temaru repousse d'un revers de main la proposition que vous faites pour le Sofitel Tahiti en arguant la présence de repreneurs potentiels russes ?

Franck Falletta : A ma connaissance, sur le Sofitel Tahiti nous sommes six repreneurs potentiels de diverses nationalités, sur les rangs. Le mieux offrant remportera le marché. Nous avons certaines conditions, dont la possibilité d'installer un casino. Et puis il y a une date butoir : le 31 août. Parce que cela fait trois ans que les investisseurs avec qui je suis en relation sont menés en bateau et qu'ils en ont assez. Ils iront investir leur argent ailleurs. Et moi, je ne souhaite pas entrer dans des polémiques. Nous sommes en relation avec le groupe ACCOR à Paris et la direction régionale de la chaîne hôtelière. Il ne s'agit pas de politique : ce sont des affaires.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 20 Août 2012 à 17:44 | Lu 5791 fois