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Feux en Australie: mobilisation en France au secours des marsupiaux orphelins


Carcassonne, France | AFP | jeudi 23/01/2020 - "Maintenant il va falloir des bénévoles pour trier": dans son parc animalier, Carole Masson n'anticipait pas l'élan qu'a suscité en France son appel à confectionner des pochons en tissu pour secourir les bébés kangourous ou koalas victimes des feux en Australie. 

En quelques jours, "nous avons reçu des milliers de poches", envoyées par des écoles, des Ehpad, des clubs de couture, des particuliers, s’enthousiasme cette biologiste "passionnée de marsupiaux et d'Australie". 
Simples à réaliser, ces étuis en tissu deviendront des viatiques pour les petits marsupiaux, que leur mère ait été tuée ou qu'elle les ait éjectés "sous le coup du stress". "Pour se développer, ils ont besoin d'être contenus", de pouvoir s'enrouler, explique Mme Masson. 
A ses pieds, bien calé dans un panier, c'est ce que fait Diego, un bébé kangourou roux de six mois tombé début décembre de la poche de sa mère dans le "Parc australien" de Carcassonne (Aude), qui accueille une cinquantaine de spécimens. 
Après ce genre d'accident, les mères kangourous "ne recherchent pas leurs petits" explique Mme Masson. A charge pour les humains de prendre le relais jusqu'au sevrage, à huit mois, une opération "relativement simple" mais astreignante, "à raison d'un biberon toutes les 3 heures". 
 

- Emballement -

 
Devant l'ampleur du désastre en Australie, où plus d'un milliard d'animaux ont péri depuis le début des incendies en septembre, des associations ont lancé un appel international à l'aide, relayé en France par le Parc australien. 
Recueillant aussi les excréments des bébés, les poches doivent être changées "très très souvent": "il en faut trente par bébé kangourou" pour les prendre en charge avant leur sevrage alors que les feux ont laissé "une quantité astronomique de marsupiaux non sevrés" explique Mme Masson. 
Au téléphone, son assistante, Annia Aubry, explique patiemment que "non il ne faut pas de synthétique", et que les poches -- un étui intérieur glissé dans un pochon -- doivent être cousues en "coutures anglaises" pour que les bébés ne se prennent pas les griffes dedans. 
Les tailles requises -- pour koalas, possums, wallabies...-  et les détails de confection figurent sur le site du Parc, mais désormais avec l'avertissement qu'il ne faut plus lancer de nouvelles fabrications, les objectifs ayant été largement atteints. 
"L'appel s'est diffusé à une vitesse terrible, Facebook s'est emballé avec deux millions de personnes touchées", s'étonne encore Mme Masson. Pour qui le ressort de cet engouement a été "face à un désastre énorme, de pouvoir être acteur d'une solution à son échelle, à son niveau".  
 

- "Belle action" -

 
"On est dans un monde où tout le monde est individualiste devant son téléphone. Là, on fait une belle action tous ensemble: ça me réconcilie avec la nature humaine", lui fait écho Francine, à l'autre bout de la France. 
Cette sexagénaire s'est jointe la semaine dernière à l'atelier pochon monté par des couturières bénévoles du centre social municipal "Espace Maës" de Boulogne-sur-mer. 
En cinq jours, elles ont cousu une centaine de poches, aidées par des habitants venus "spontanément" apporter des tissus, selon l'animatrice Magaly Gatoux. L'ambiance était studieuse, "car on savait qu’il y avait un caractère urgent", raconte l’octogénaire Lucienne. 
A Carcassonne aussi, l'atelier "La petite fabrique" a mobilisé sur ses machines à coudre dix volontaires, toutes des femmes de 30 à 60 ans. La démarche s'inscrit aussi dans un regain de la pratique de la couture vue comme éco-responsable, relève la chargée de développement, Charlène Rizza. 
Face à l'afflux des sacs et colis -- à ouvrir, trier et empaqueter-- le Parc australien a lancé une collecte en ligne pour assurer le fret. Bilan, près de 10.000 euros récoltés, et une proposition d'aide d'une compagnie américaine de transport. Le départ est prévu le 10 février. 

le Jeudi 23 Janvier 2020 à 04:56 | Lu 226 fois