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Erreur et fureur médicales au tribunal administratif


 Erreur et fureur médicales au tribunal administratif
Tahiti, le 11 février 2020 - Diagnostiqué tardivement et victime de graves complications après une infection à la leptospirose en 2013, un sexagénaire de Moorea tente aujourd’hui d’obtenir l’ouverture d’une procédure disciplinaire à l’encontre du médecin qui l’avait pris en charge à l’époque. 
 
En juin 2017 la Polynésie française a été condamnée par le tribunal administratif, en sa qualité de gestionnaire de l'hôpital de Moorea, à verser une indemnité de 2,45 millions de Fcfp à un agriculteur de l'île sœur, victime de graves complications suite à sa prise en charge médicale tardive dans le traitement d'une leptospirose contractée en avril 2013 lors d'une pêche aux chevrettes.

Fort de cette indemnité, le sexagénaire a porté plainte en novembre 2018 contre le médecin de permanence qui l’avait pris en consultation à l’époque. Il tente aujourd’hui d’obtenir l'ouverture d'une procédure disciplinaire à son encontre. Ce plaignant a saisi le conseil de l’Ordre des médecins, mais l’organisme a décidé début 2019 de ne pas donner suite. L’homme se tourne donc vers le tribunal administratif pour obtenir l’annulation de la décision de refus du Conseil de l’ordre de déférer le praticien mis en cause devant la chambre disciplinaire de première instance.
 
Pas d’erreur d’appréciation
 
L’affaire était examinée mardi en audience. Le dimanche 21 avril 2013, consulté pour une forte fièvre et des courbatures, le médecin de permanence de l’hôpital de Moorea avait renvoyé le malade à son domicile avec du paracétamol, en attendant le résultat d'examens biologiques permettant d’identifier les marqueurs d’une dengue ou de la leptospirose. La leptospirose avait finalement été diagnostiquée le mercredi suivant par le laboratoire d'analyses, mais l'état de santé du sexagénaire s'était déjà brutalement dégradé. De graves complications cardiaques, rénales et pulmonaires avaient nécessité son évacuation d'urgence au service de réanimation du Centre hospitalier du Taaone où il avait dû être placé en coma artificiel.

Dans la décision rendue en juin 2017, le tribunal a estimé que le retard dans l’administration d’antibiotiques à ce malade était une faute de l’hôpital de Moorea. Mais “cela n’engage pas la responsabilité du docteur”, a estimé le rapporteur public du tribunal administratif mardi. En effet, pour le magistrat, ce praticien “est soumis à une obligation de moyen” et n’a pas commis d’erreur manifeste d’appréciation en observant une pratique de l’établissement de soin de Moorea qui ne tendait à ne prescrire un traitement aux antibiotiques qu’en cas de besoin avéré. 

Le rapporteur public estime en outre que le Conseil de l’ordre des médecins n’a pas manqué à ses obligations en refusant de saisir la chambre disciplinaire de première instance, comme le demande le plaignant. Il a conclu en faveur d’un rejet de sa demande. Une décision est attendue sous quinzaine.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 11 Février 2020 à 14:56 | Lu 2866 fois