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Entre Air France et ses pilotes, une négociation à l'issue incertaine


Paris, France | AFP | mercredi 08/02/2017 - Direction et pilotes d'Air France peinent à s'entendre sur une nouvelle compagnie transnationale à coûts réduits, alors que les négociations sont censées aboutir mercredi. Quel est le projet de la direction? Pourquoi les pilotes sont-ils méfiants?

Que veut Air France?
Face à la forte concurrence des compagnies low-cost et du Golfe, la direction veut créer une filiale, aux coûts inférieurs à Air France, permettant d'exploiter de nouvelles routes, de maintenir ou de rouvrir certaines lignes d'Air France non rentables.

La prestation serait proche d'Air France mais ses coûts d'exploitation inférieurs. Comment? En recrutant des hôtesses et stewards payés "au niveau de coût du marché", soit 40% moins cher qu'à Air France.

La compagnie (projet "Boost") serait lancée à l'automne sur moyen-courrier et à l'été 2018 sur long-courrier, avec sa propre flotte (28 avions prévus en 2020).

Qui négocie quoi?
Les syndicats de pilotes et la direction négocient l'application du plan stratégique d'Air France-KLM, "Trust Together" (la confiance ensemble), dont "Boost" est une des composantes. Ils discutent également des conditions d'emploi à Air France et dans la low-cost du groupe, Transavia.

En vertu d'accords passés, la direction doit nécessairement obtenir le feu vert du SNPL, majoritaire chez les pilotes (65% des voix), pour modifier le périmètre d'activité des différentes compagnies. Le Spaf, deuxième syndicat (21%), négocie aussi mais n'a pas le pouvoir de signer seul un accord.

Les syndicats d'hôtesses et stewards (PNC) d'Air France ne sont pas associés aux discussions.

Que souhaite la direction?
La direction souhaitait initialement dupliquer le modèle Transavia avec des pilotes d'Air France détachés volontairement, travaillant sous des modalités propres à la nouvelle compagnie. Elle a finalement accepté que les pilotes "Boost" conservent les règles d'utilisation et de rémunération d'Air France, une concession de taille.

En échange, l'ensemble des pilotes sont mis à contribution: "Les efforts de 15% demandés aux pilotes chez Boost seront en fait répartis sur tous les pilotes Air France à hauteur de 1,5%", selon les syndicats Unsa-aérien et SNPNC.

La direction "voudrait encore rejouer une partition d'efforts salariaux déjà vue dans le plan +Perform+" objet d'une grève en juin, explique à l'AFP son président, Grégoire Aplincourt.

La direction promet des avancements de carrière plus rapides, des embauches ("environ 200 pilotes par an") et la mise en place d'un "dispositif supplémentaire d'intéressement" pour les pilotes.

Pourquoi ça coince?
AU-delà des efforts demandés aux pilotes, le SNPL refuse le principe d'une filiale, par crainte d'une vente future et par solidarité avec les PNC. A son initiative, l'ensemble des pilotes sont consultés jusqu'à lundi pour dire s'ils approuvent "l'externalisation d'une partie de l'activité et de la flotte long et moyen-courrier d'Air France dans une nouvelle structure".

Le SNPL voudrait que le projet voie le jour en interne. Mais "la création d'un secteur d'Air France +Boost+ ne permettrait pas d'atteindre les objectifs de coûts réduits, en particulier pour les PNC", a tranché la direction.

Un accord est-il possible?
"En l'état actuel, au-delà de la divergence de fond, objet de la consultation (...), le projet n'est pas abouti", a jugé mardi le SNPL.

Le syndicat a vivement déploré que la fin des négociations ait été fixée à mercredi, reprochant à la direction d'avoir présenté cela comme une décision partagée. Cette dernière n'a pas fixé de date-butoir mais espère conclure au plus vite.

Une grève est-elle envisagée?
Les pilotes ne l'envisagent pas, mais la menace est agitée par les syndicats de PNC, qui craignent la disparition à terme des PNC Air France au profit de "Boost". Le SNPNC et l'Unsa anticipent des "conflits majeurs dans les jours à venir".

La situation est d'autant plus tendue avec les organisations PNC qu'elles négocient dans le même temps leur futur accord d'entreprise. Dans ce cadre-là, la direction veut "réaliser 7,5% d'efforts économiques sur 5 ans", selon elles, notamment sous forme de réduction d'équipages, de nouvelles règles concernant les heures supplémentaires et de ralentissement de la progression salariale.

jta/cel/pad

Rédigé par () le Mercredi 8 Février 2017 à 05:43 | Lu 280 fois