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En Polynésie, Octobre Rose rappelle l’urgence du dépistage du cancer du sein


La mammographie, c’est 20 minutes et ça peut sauver 20 ans de vie. ©DM
La mammographie, c’est 20 minutes et ça peut sauver 20 ans de vie. ©DM
 
Tahiti, le 1er octobre 2025 - À l’occasion du lancement d’Octobre Rose, autorités, associations et bénévoles se sont réunis dans les jardins de la mairie de Papeete pour rappeler l’importance du dépistage. Gratuit à partir de 50 ans, il pourrait bientôt être accessible dès 45 ans afin de détecter plus tôt la maladie. Entre émotion, témoignages et ateliers pratiques, cette journée a marqué le coup d’envoi d’un mois de mobilisation.
 
En Polynésie, le cancer du sein reste le premier cancer chez la femme, avec un taux de mortalité encore trop élevé, principalement en raison d’un dépistage insuffisant. Ce constat a été rappelé dans les jardins de la mairie de Papeete, lors de l’inauguration officielle d’Octobre Rose, ce mercredi 1er octobre.
  
S’il est presque inutile de rappeler qu’Octobre Rose est un mois de mobilisation autour du cancer du sein, il est en revanche essentiel de marteler que le dépistage demeure l’objectif principal de cette manifestation. “La mammographie, c’est 20 minutes et ça peut sauver 20 ans de vie”, a souligné dans son discours Teanini Tematahotoa, directrice de l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF).

Le message a également été relayé avec émotion par Nohoarii Thuau, le nouveau Mister Tahiti : “Ma mamie est décédée en raison de son cancer du sein car elle l’a appris trop tard. Elle ne s’est pas dépistée. Je voudrais dire donc à toutes les femmes d’aller se faire dépister. Le cancer peut arriver à tout le monde. En plus, je viens d’apprendre que ça peut aussi toucher les hommes.


La radio tītī gratuite à partir de 45 ans ?
 
Aujourd’hui, la mammographie est gratuite pour les femmes de plus de 50 ans. En revanche, elle n’est pas encore accessible dans l’ensemble de la Polynésie. Une difficulté qui n’échappe pas aux autorités : “On va faire en sorte qu’il y ait des mammographies sur les îles. On souhaiterait aussi abaisser l’âge du dépistage gratuit à 45 ans”, a annoncé le ministre de la Santé, Cédric Mercadal.
 
Pour Laurent Stein, responsable du pôle dépistage à l’ICPF, cette mesure serait une avancée majeure car “un tiers des cancers apparaît avant 50 ans”. Même constat pour Natacha Helm, présidente du comité polynésien de la Ligue contre le cancer : “Depuis quelques années, nous observons des cancers du sein qui apparaissent de plus en plus tôt. C’est pourquoi il est pertinent d’abaisser l’âge du dépistage à 45 ans. D’autant plus que nous avons aujourd’hui une génération de femmes prêtes à franchir le pas, à montrer l’exemple.” 
 
Mais le cancer du sein touche également des femmes plus jeunes. Pour les sensibiliser, les organisateurs ont proposé, lors de cette journée d’inauguration, des ateliers d’autopalpation. Ce geste préventif doit être pratiqué une fois par mois, deux à trois jours après les règles, dès l’âge de 25 ans.
 
Pour beaucoup de lycéennes, il s’agissait d’une première expérience. “C’était un peu bizarre la sensation car c’est dur de se faire palper, mais on va y penser désormais”, confient Briana et Teanuhei, 17 ans. Même constat pour Hinaupoko Deveze, Miss Tahiti, et Anaiva Calmajis, sa deuxième dauphine : “On pratique de l’autopalpation de temps en temps. Mais c’est vrai qu’on ne nous a jamais renseignées sur ce qu’il faut ressentir et comment le faire correctement.
 
Au-delà de l’autopalpation, d’autres signes peuvent alerter. “Il y a aussi des symptômes visibles à l’œil nu, comme la forme, l’aspect, ou la couleur de la peau qui change à un moment donné”, rappelle Natacha Helm.
 
Cette journée d’ouverture n’est qu’un premier rendez-vous : tout au long du mois, de nombreux événements viendront renforcer la sensibilisation au dépistage et au soutien des malades.

Marie-Christine Seroux, présidente de l’association Amazones du Pacifique
“Octobre Rose, c’est un mois de mobilisation, de sensibilisation et surtout d’espoir. Derrière le ruban rose, il y a des histoires de courage et une volonté collective : faire reculer le cancer du sein. Se faire dépister, c’est donner à chacune la chance d’un diagnostic plus rapide, de traitements plus efficaces et d’une meilleure qualité de vie. J'ai une pensée particulière pour toutes les femmes touchées par la maladie, pour leurs familles, ainsi que pour celles et ceux qui, au quotidien, se tiennent à leur côté, proches, bénévoles et soignants. Ce sont eux les véritables héros de cette lutte. Ensemble, unissons nos forces pour sauver des vies et offrir de l’espérance.”

Natacha Helme, Présidente du comité de Polynésie de la Ligue contre le cancer
“Octobre Rose, c'est, bien sûr, l'occasion de rappeler la nécessité du dépistage, de la prévention, de rappeler notre soutien. Mais le cancer du sein, ce n'est pas qu'en octobre qu'il faut en prendre conscience. C'est toute l'année. Toute l'année, vous devez penser au dépistage. Je rappelle aussi que les hommes sont aussi concernés. Près de 1 % des hommes peuvent l'avoir. N'oublions pas également nos îles et toutes ces femmes éloignées qui n'ont pas la chance d'avoir l'information, qui n'ont pas la chance d'avoir le dépistage systématique ou les soins sur place. Il y a encore du travail à faire, mais nous comptons sur la solidarité polynésienne et celle du gouvernement.”
 

Dr Teanini Tematahotoa, directrice de l’ICPF – Institut du cancer de Polynésie française
“Octobre Rose permet aussi de lever les tabous autour de la santé des femmes. Surveiller sa poitrine, en parler sans honte, oser aller au dépistage : c’est un geste qui peut sauver une vie. Ensemble, avec les communes, les associations, les médecins et les familles, nous construisons une solidarité vivante. Je remercie les mairies avec lesquelles on travaille toute l'année sur le programme permettant aux femmes de se déplacer, en bus communal pour faire leur mammographie. On vit des moments intenses lors de ces journées avec des femmes qui n'ont pas fait d'examen depuis des années, qui avaient peur d'y aller. Et l'effet de groupe est magnifique parce qu'elles parlent entre elles et elles sortent de là parfois en pleurant mais soulagées d'avoir fait leur examen.”
 
 

Rédigé par Darianna Myszka le Mercredi 1 Octobre 2025 à 14:17 | Lu 1247 fois