Païta, France | AFP | dimanche 08/06/2025 - Sur le bord de la route qui traverse la Nouvelle-Calédonie du nord au sud, à hauteur de la tribu de Saint-Laurent, à Païta, un totem sculpté par des jeunes marque désormais l'endroit où Lionel Païta, 26 ans, a été mortellement blessé.
Le jeune homme participait à la mobilisation indépendantiste contre la réforme électorale, le 3 juin 2024, lorsqu'il a été atteint par un tir de gendarme qui n'était pas en service. Il est décédé quatre jours plus tard, le 7 juin.
Un an après, sa tribu lui a rendu hommage samedi, en installant une œuvre ornée d'oiseaux, son prénom kanak, "Nyaravü", signifiant "hirondelle".
Famille et proches s'interrogent toujours sur les circonstances de sa mort. L'enquête a été confiée à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), mais une audience tenue le 15 avril dernier au tribunal de Nouméa a permis de mieux cerner les faits.
Elie Païta, 33 ans, cousin de Lionel, qui se trouvait avec lui lors du drame, était jugé pour "violence avec usage ou menace d'une arme sans incapacité". Il est accusé d'avoir volontairement percuté, avec un pick-up, une voiture de location à bord de laquelle se trouvaient des gendarmes en civil.
Selon lui, les militaires, partis sans autorisation de leur hiérarchie pour déjeuner à Nouméa, avaient traversé à vive allure le barrage indépendantiste sur lequel il se trouvait. À l'époque, le territoire connaissait un climat insurrectionnel, ponctué de nombreux barrages et d'affrontements.
Deux semaines plus tôt, trois jeunes Kanak avaient été tués par des civils armés en marge de pillages et d'affrontements, réveillant les souvenirs douloureux de la quasi-guerre civile des années 1980 et alimentant les craintes de "milices".
Elie et Lionel Païta se seraient alors lancés à la poursuite du véhicule, "dans le but de le bloquer", selon Elie. Le pick-up percute la voiture. L'un des gendarmes, sans tir de sommation ni annonce de son statut, ouvre le feu à treize reprises. Elie Païta, au volant, est blessé au bras.
Lionel descend alors du véhicule et tire à deux reprises avec un fusil de chasse. Il est atteint mortellement par un tir de riposte d'un second gendarme.
- Hommage chargé de colère -
La gendarmerie nationale n'a pas souhaité commenter les faits. Mais cette version, contrastant avec les déclarations initiales du parquet qui évoquait un "contexte d'embuscade" et une attaque menée par "deux hommes armés", alimente encore la colère de nombreux jeunes de la tribu.
Début mars, des incidents ont opposé certains d'entre eux, alcoolisés, aux forces de l'ordre. La commémoration de samedi a donc pris une tournure résolument politique, à l'initiative du comité local de l'Union calédonienne (UC), le principal parti indépendantiste.
"On essaie d'ouvrir des espaces de parole pour nos jeunes, pour qu'ils expriment cette colère autrement et que l'on puisse se tourner vers l'avenir", explique Allan Païta, secrétaire du comité et oncle de Lionel Païta.
Une avocate a été conviée pour répondre à leurs questions et expliquer le fonctionnement de la justice. Le long du chemin qui mène à la maison commune de la tribu, des affichettes rappellent les grandes étapes de la lutte indépendantiste.
Une exposition retrace la mobilisation contre la réforme électorale à partir de novembre 2023 et les manifestations qui ont précédé l'explosion de violences du 13 mai 2024, qui s'est soldée par la mort de 14 personnes, dont deux gendarmes, et plusieurs milliards d'euros de dégâts.
"Il faut que l'on réinscrive ces jeunes dans l'histoire du combat politique et de la lutte pacifique", poursuit Allan Païta.
À l'entrée du site, une feuille A4 placardée résume le message: "Si Kanaky (nom donné à la Nouvelle-Calédonie par les indépendantistes, ndlr) est grande, alors sois à la hauteur".
Le jeune homme participait à la mobilisation indépendantiste contre la réforme électorale, le 3 juin 2024, lorsqu'il a été atteint par un tir de gendarme qui n'était pas en service. Il est décédé quatre jours plus tard, le 7 juin.
Un an après, sa tribu lui a rendu hommage samedi, en installant une œuvre ornée d'oiseaux, son prénom kanak, "Nyaravü", signifiant "hirondelle".
Famille et proches s'interrogent toujours sur les circonstances de sa mort. L'enquête a été confiée à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), mais une audience tenue le 15 avril dernier au tribunal de Nouméa a permis de mieux cerner les faits.
Elie Païta, 33 ans, cousin de Lionel, qui se trouvait avec lui lors du drame, était jugé pour "violence avec usage ou menace d'une arme sans incapacité". Il est accusé d'avoir volontairement percuté, avec un pick-up, une voiture de location à bord de laquelle se trouvaient des gendarmes en civil.
Selon lui, les militaires, partis sans autorisation de leur hiérarchie pour déjeuner à Nouméa, avaient traversé à vive allure le barrage indépendantiste sur lequel il se trouvait. À l'époque, le territoire connaissait un climat insurrectionnel, ponctué de nombreux barrages et d'affrontements.
Deux semaines plus tôt, trois jeunes Kanak avaient été tués par des civils armés en marge de pillages et d'affrontements, réveillant les souvenirs douloureux de la quasi-guerre civile des années 1980 et alimentant les craintes de "milices".
Elie et Lionel Païta se seraient alors lancés à la poursuite du véhicule, "dans le but de le bloquer", selon Elie. Le pick-up percute la voiture. L'un des gendarmes, sans tir de sommation ni annonce de son statut, ouvre le feu à treize reprises. Elie Païta, au volant, est blessé au bras.
Lionel descend alors du véhicule et tire à deux reprises avec un fusil de chasse. Il est atteint mortellement par un tir de riposte d'un second gendarme.
- Hommage chargé de colère -
La gendarmerie nationale n'a pas souhaité commenter les faits. Mais cette version, contrastant avec les déclarations initiales du parquet qui évoquait un "contexte d'embuscade" et une attaque menée par "deux hommes armés", alimente encore la colère de nombreux jeunes de la tribu.
Début mars, des incidents ont opposé certains d'entre eux, alcoolisés, aux forces de l'ordre. La commémoration de samedi a donc pris une tournure résolument politique, à l'initiative du comité local de l'Union calédonienne (UC), le principal parti indépendantiste.
"On essaie d'ouvrir des espaces de parole pour nos jeunes, pour qu'ils expriment cette colère autrement et que l'on puisse se tourner vers l'avenir", explique Allan Païta, secrétaire du comité et oncle de Lionel Païta.
Une avocate a été conviée pour répondre à leurs questions et expliquer le fonctionnement de la justice. Le long du chemin qui mène à la maison commune de la tribu, des affichettes rappellent les grandes étapes de la lutte indépendantiste.
Une exposition retrace la mobilisation contre la réforme électorale à partir de novembre 2023 et les manifestations qui ont précédé l'explosion de violences du 13 mai 2024, qui s'est soldée par la mort de 14 personnes, dont deux gendarmes, et plusieurs milliards d'euros de dégâts.
"Il faut que l'on réinscrive ces jeunes dans l'histoire du combat politique et de la lutte pacifique", poursuit Allan Païta.
À l'entrée du site, une feuille A4 placardée résume le message: "Si Kanaky (nom donné à la Nouvelle-Calédonie par les indépendantistes, ndlr) est grande, alors sois à la hauteur".