Tahiti Infos

En Corée du sud la ministre de la Culture tenait une "liste noire" d'artistes opposants


Un homme manifeste le 21 janvier contre le gouvernement à Séoul, un oiseau sur la tête. Photo : Ed JONES / AFP
Un homme manifeste le 21 janvier contre le gouvernement à Séoul, un oiseau sur la tête. Photo : Ed JONES / AFP
Séoul, Corée du Sud | AFP | samedi 21/01/2017 - La ministre sud-coréenne de la Culture a démissionné samedi après avoir été arrêtée pour avoir constitué une "liste noire" de quelque dix mille artistes critiques de la présidente destituée Park Geun-Hye, a annoncé l'agence Yonhap.

Cho Yoon-Sun aurait agi ainsi pour priver les artistes de subventions gouvernementales et d'investissements privés et les placer sous la surveillance des autorités.

La ministre a remis sa démission au Premier ministre Hwang Kyo-Ahn, qui l'a aussitôt acceptée, a précisé Yonhap, l'agence de presse sud-coréenne. Mme Cho a présenté sa démission après que le tribunal de Séoul eut émis un mandat d'arrêt à son encontre, pour abus de pouvoir et parjure, à la demande du Parquet.

Mme Cho, 50 ans, souvent qualifiée dans les médias sud-coréens de "la Cendrillon de (la présidente) Park", est une fervente partisane de la présidente destituée, pour qui elle avait également servi en tant que ministre pour l'Egalité des genres.

Le même tribunal de Séoul a également émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Kim Ki-Choon, ancien chef de cabinet de la présidente Park, accusé d'avoir demandé à Mme Cho d'établir cette liste d'artistes "gauchisants".

"Les charges sont vérifiées, et il y a des risques que les accusés cherchent à détruire des preuves", a précisé le magistrat à l'origine des mandats d'arrêt visant Mme Cho et M. Kim.

Dans cette "liste noire" dressée par Mme Cho figurent des artistes appartenant tant au milieu du cinéma que du théâtre ou de la musique, ou encore de la littérature, représentant un véritable Who's who de la scène artistique sud-coréenne.

Parmi les personnes visées, la romancière Han Kang, vainqueur en 2016 du Man Booker Prize, l'un des principaux prix littéraires pour les écrivains de langue anglaise, ou encore Park Chan-Wook, le réalisateur de "Old boy", qui avait remporté le Grand Prix du festival de Cannes, en 2004.

Plusieurs des artistes visés ont exprimé leur soutien aux partis de l'opposition ou ont critiqué l'administration de Park Geun-Hye ou celle de son père, Park Chung-Hee, qui a dirigé le pays de 1961 à 1979.

L'existence de cette "liste noire" a suscité beaucoup de ressentiment dans le pays, ravivant précisément les souvenirs de la dictature militaire des années 1960 à 1980, au cours desquelles le monde de la presse, des arts et des spectacles subissait une censure stricte.

Park Geun-Hye a été destituée par le Parlement le mois dernier, en raison d'un vaste scandale de corruption. Sa destitution est encore en cours d'examen par la Cour constitutionnelle sud-coréenne.

Samedi, des milliers de personnes ont bravé le froid et les routes verglacées pour venir à nouveau manifester à Séoul, exigeant le départ de Mme Park et l'arrestation de Lee Jae-Yong, héritier de l'empire Samsung, accusé d'avoir versé de l'argent à une proche de Mme Park. Un tribunal a toutefois rejeté récemment cette demande d'arrestation, estimant que les preuves étaient insuffisantes.

jhw/slb/eb/mt/ol/plh/ia/cr


Rédigé par AFP le Samedi 21 Janvier 2017 à 09:07 | Lu 518 fois