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En Calédonie aussi, les Polynésiens sont plus enclins à l'obésité


Tahiti, le 16 octobre 2020 - Selon une étude parue dans la revue scientifique The Lancet, la probabilité d’être en surpoids ou obèse est "5,4 fois plus élevés chez les Polynésiens" que ceux des autres communautés calédoniennes.

Alors que 43% de nos adolescents âgés de 13 et 17 ans sont en surpoids selon un rapport de la Direction de la santé diffusé en 2018, les chiffres sont tout aussi inquiétants du côté des jeunes Calédoniens d'origine polynésienne. "La probabilité d’être en surpoids ou obèse est 1,7 fois plus élevée chez les Mélanésiens et 5,4 fois plus élevés chez les Polynésiens", selon une étude sur les habitudes des ados de Nouvelle-Calédonie menée par le LIRE (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Éducation de l’UNC).

Publiées le 12 septembre dans la revue internationale The Lancet Regional Health – Western Pacific, les premières conclusions montrent que les adolescents mélanésiens et polynésiens sont davantage touchés par les problèmes de surpoids et d’obésité que ceux des autres communautés calédoniennes. "Cela ne s’explique pas uniquement par les apports nutritionnels", insiste Olivier Galy, maître de conférences HDR en sciences et techniques des activités physiques et sportives à l’UNC et porteur du projet.

Le rôle important du facteur génétique

De nombreux facteurs du mode de vie passés au crible (sommeil, écran, alimentation et activité physique) jouent un rôle dans le surpoids, mais les travaux suggèrent également le "rôle important" du facteur génétique. "Des études récentes menées sur des populations maories, des îles Salomon et de plusieurs autres pays du Pacifique ont montré l’existence d’un gène associé au surpoids". Si aucune enquête de ce type n’est encore envisagée en Calédonie ou en Polynésie, "elle permettrait d’approfondir la piste génétique, largement débattue depuis une vingtaine d’années" souligne l'étude.

Mais le manque de sommeil et l'alimentation jouent également un rôle déterminant. "Nous avons trouvé des choses assez similaires à ce que l’on observe dans d’autres pays : les adolescents qui dorment le moins ont plus de risque d’être en surpoids" précise Stéphane Frayon, docteur en endocrinologie et chercheur associé au laboratoire. Or, les Polynésiens dorment 40 minutes de moins que les autres. Même constat pour leurs homologues Maori qui dorment en moyenne 15 à 41 minutes de moins que leurs confrères d'origine européenne en Nouvelle-Zélande.

90% des jeunes en surpoids le resteront à l’âge adulte 

L'enquête met notamment en évidence un apport énergétique conséquent. "Les aliments traditionnels comme les ignames, le taro, le poisson, les fruits et les légumes indigènes ont été remplacés par du sucre importé, des boissons gazeuses, du riz, des conserves et des en-cas riches en calories" note l'étude. "Plus généralement, des changements alimentaires ont été observés dans cinq pays insulaires du Pacifique entre 1961 et 2000 et se sont traduits par une augmentation de l'apport alimentaire et énergétique, avec une hausse notable de la consommation d'aliments gras et de viande. Ce qui peut être corrélé avec la hausse de l'IMC observée au cours de la même période".

Enfin, 90% des jeunes en surpoids le resteront à l’âge adulte et présenteront un risque accru de développer une maladie métabolique comme le diabète de type 2, mettent en garde les chercheurs.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Vendredi 16 Octobre 2020 à 10:57 | Lu 33516 fois