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Electricité : les prochains défis de la TEP


"Pour qu'un nouvel opérateur puisse s'installer, il faut qu'il y ait des règles du jeu définies (conditions d'accès et de raccordement, c'est ce qui nous est demandé de produire très rapidement", a rappelé Thierry Trouillet, le directeur général de la TEP (à droite).
"Pour qu'un nouvel opérateur puisse s'installer, il faut qu'il y ait des règles du jeu définies (conditions d'accès et de raccordement, c'est ce qui nous est demandé de produire très rapidement", a rappelé Thierry Trouillet, le directeur général de la TEP (à droite).
PAPEETE, le 12 mai 2016. Pour réduire ses charges et financer de gros investissements, la TEP a pris une série de mesures. Ainsi, c'est désormais EDT qui s'occupera des transformateurs de distribution. La TEP devra aussi terminer les travaux de la boucle Nord, comme le souhaite le Pays.

A la fin du mois d'avril, Marc Chapman a été élu président du conseil d’administration de la société d’économie mixte Transport d'Énergie électrique en Polynésie (TEP), tandis que Thierry Trouillet en prenait la direction générale. Ce nouveau duo remplace ainsi celui de Bruno Marty et Guy Stalens. Le vice-président Nuihau Laurey, en charge des énergies, avait indiqué que ce changement de gouvernance avait pour but "d'impulser une nouvelle dynamique et surtout de s’inscrire dans le cadre du plan de transition énergétique".

Avec le Plan de transition énergétique 2015-2030, les missions de la TEP ont été élargies. La société a en charge désormais les conditions d’accès et de raccordement aux réseaux électriques, le contrôle des règles de placement et le stockage de l’énergie pour favoriser les énergies renouvelables. Pour montrer ce changement de cap, la nouvelle direction a tenu une conférence de presse ce jeudi après son conseil d'administration.

ALLÉGER LES CHARGES
"Les attentes vis-à-vis de la SEML TEP sont fortes aussi bien de la part de la population que de la part de Polynésie française, à la fois en sa qualité d’autorité concédante mais aussi en sa qualité d’actionnaire majoritaire de la société avec le lancement des investissements structurants : le réseau de transport pour les 15 prochaines années et notamment le bouclage par le Nord du réseau 90 000 volts", a noté Thierry Trouillet.
Pour réaliser ces investissements, "l’allègement des charges sont des prérequis indispensables", souligne le directeur général. Pour alléger les charges, trois décisions ont été prises : la "suppression de la caducité, la cession d'actifs au distributeur EDT et la suppression des pertes Marama Nui".
Un amortissement de caducité est un amortissement financier qui permet aux concessionnaires de remettre gratuitement des biens, à l'expiration de la concession, à l'autorité concédante. "Tous les investissements ont une durée de vie", explique Thierry Trouillet. "La plupart d'entre eux vont au-delà de la durée de la concession. Supprimer l'amortissement de caducité va permettre d'alléger les charges et notamment de mener à bien le plan d'investissements qui est lourd. Plus on fait d'investissements importants proches de la fin de la concession (la fin de la concession de la TP est prévue le 31 décembre 2027), plus cela va impacter les charges de caducité."
Autre mesures pour diminuer les charges : la cession d'actifs au distributeur EDT. Il s'agit des transformateurs de distribution "qui ont été initialement et historiquement financés par le transporteur. Il a été convenu qu'il serait plus opportun que ce soient les distributeurs qui les financent". Cette mesure devrait faire gagner pas moins de 380 millions de Fcfp à la TEP.
Dernière mesure importante pour réduire les charges : la suppression de la prise en charge des pertes de Marama Nui (société qui assure la production d'hydroélectricité) par la TEP, ce qui coûtait en moyenne 65 millions de Fcfp par an à la TEP. Tout réseau électrique connait des pertes d’électricité. Le matériau conducteur offre, en effet, de la résistance à la circulation des électrons ce qui entraîne des pertes.

Ces trois mesures "devront être actées dans les plus brefs délais et seront traitées au prochain conseil d'administration, prévu en juin, afin d'engager les travaux d'investissements structurants qui permettront de répondre aux objectifs du plan de transition énergétique et d'avoir une pluralité d'acteurs", souligne Thierry Trouillet, qui a déjà dirigé la TEP de 2009 à 2014.

LES TRAVAUX DE LA BOUCLE NORD
Le chantier de la boucle Nord est un des gros projets que le gouvernement souhaite voir réalisé rapidement. La première partie concerne la ligne 30 000 Volts entre le début de la vallée de la Papeno'o et le bas de la Maroto. Ce projet, dont la convention a été signée en avril, sera financé par le FEI (Fonds exceptionnel d'investissement) à hauteur de 240 millions Fcfp sur un projet de 440 millions de Fcfp.
La seconde étape concerte la ligne 90 000 Volts entre Papeno'o et la vallée de la Faatautia, à Hitia'a. Une défiscalisation à hauteur de 720 millions de Fcfp sur un budget total de 1,8 milliard de Fcfp est attendue.
Des lignes et des postes doivent aussi être créés et être financés dans le cadre du contrat de projets à hauteur d'1.4 milliard.


La société EDT-Engie sortie du capital "avant la fin de l'année"

Nuihau Laurey avait insisté, en novembre, lors de la présentation du plan de transition énergétique de la Polynésie française sur la nécessité qu'EDT sorte du capital de la TEP. Actuellement, EDT est actionnaire à 39% de cette société d'économie mixte. "Pour faire de la TEP un acteur neutre, il est difficile d'avoir dans son capital l'acteur le plus prépondérant du système électrique polynésien", justifiait Nuihau Laurey qui indiquait souhaiter que la société EDT "cède ses parts à la société nationale RTE (réseau de transport d'électricité, filiale d'EDF en France métropolitaine)".
Lors de la conférence de prévue ce jeudi, Thierry Trouillet a confirmé que la sortie du capital d'EDT-Engie se ferait "au plus tôt afin que la TEP puisse devenir un acteur totalement indépendant". "L'objectif est de pouvoir le réaliser au plus tôt, le plus tôt étant avec la fin de cette année."

Le rapport de la commission de régulation de l'énergie recommandait déjà en décembre 2012 de "limiter les participations des producteurs d’électricité au capital de la TEP à 20 %". "En tout état de cause, il convient de limiter les droits de vote des acteurs du secteur électrique polynésien dans la TEP à un niveau inférieur au seuil nécessaire pour constituer une minorité de blocage ; cette dernière mesure conduirait EDT à réduire sa participation dans la TEP, voire à sortir du capital de la société", ajoutait la commission.


Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 12 Mai 2016 à 15:54 | Lu 2288 fois