Tahiti Infos

Edouard Fritch : "On ne se parle pas assez dans nos familles"


PAPEETE, le 25 février 2016. Face à 540 jeunes sont réunis à la présidence depuis jeudi matin, le président du Pays a insisté sur le rôle des parents. "Je n’incrimine pas les jeunes. J’incrimine les parents qui laissent leurs enfants se livrer à eux-mêmes", a-t-il insisté.

"Si nous laissons la situation pourrir nous risquons d'aller à l'explosion de notre société",
lâche Edouard Fritch. Le président du Pays ne cache pas son inquiétude face aux jeunes en face de lui. Depuis ce jeudi matin, ils sont près de 540 venus de 17 collèges et lycées et de 18 communes à la présidence pour les assises de la jeunesse. Ils ont travaillé sur les thèmes du "fenua, des loisirs, de l'avenir, de la santé et de la famille". Leurs propositions seront présentées ce vendredi. L'objectif est "de faire émerger des propositions concrètes pour une politique de jeunesse renouvelée, synthétisées en un acte-cadre au profit de la jeunesse".
Dans son discours, le président du Pays Edouard Fritch est revenu notamment sur la vague d'indignation après le décès de Sandy Ellacott. En septembre dernier, la Polynésie avait été particulièrement bouleversée par le décès de Sandy Ellacott, un jeune homme de 34 ans mort des suites de ses blessures après une agression particulièrement violente perpétrée par un groupe de trois individus à Bora Bora. Une marche blanche avait été organisée. "Le Pays s'est levé en masse, spontanément, pour dire stop aux actes d’incivilité et de violence qui se sont déroulés en série", rappelle le président du Pays. " Ces actes traduisent à mes yeux un malaise ou un mal-être. Est-ce un malaise au sein de nos familles qui ne jouent plus leur rôle protecteur et éducateur ? Est-ce un mal-être dû à des incompréhensions. Vos Assises pourront peut-être apportées des réponses ou des éclairages à ces questions", espère Edouard Fritch.

"On ne se parle pas assez dans nos familles"
Edouard Fritch se veut optimiste, sûr que "tout Polynésien naît avec les mêmes capacités et les mêmes potentiels que n’importe quel autre enfant de cette planète. Tout enfant, polynésien ou autre, naît avec toute la bonté d’un être innocent, et toute l’intelligence d’un enfant qui doit être éduqué et formé." "C’est son éducation, son environnement familial ou l’absence d’environnement familial, ses amitiés bonnes ou mauvaises, ses fréquentations qui façonnent l’évolution de cette personne", ajoute-t-il. Pour, lui, le rôle des familles est prépondérant et il n'a pas caché quelques reproches aux parents : "On constate qu'il n'y a pas assez de communication entre les parents et les enfants. On ne se parle pas assez dans nos familles. (…) Chacun s'isole fait ses activités dans son coin. Par conséquence, les enfants cherchent des amitiés en dehors de leur foyer familial. (…) Je suis énervé lorsque je vois des enfants de moins de 14 ans traîner au bord des routes après 22 heures. Je n’incrimine pas les jeunes. J’incrimine les parents qui laissent leurs enfants se livrer à eux-mêmes."
Edouard Fritch poursuit : " Eduquer, c’est communiquer. Eduquer, c’est aussi savoir dire non à ses enfants. On peut aimer son enfant, rechercher son bien, le protéger, en lui refusant certaines de ses demandes. Eduquer, c’est faire comprendre par des mots, par des actes, des attitudes et des comportements, les différences entre le bien et le mal".
Le résultat de ces assises fera l'objet d'une présentation en avril sous forme "d'acte".

La conférence de la famille se prépare

Le comité de pilotage en charge de l’organisation de la conférence de la famille s’est réuni, mercredi, à la présidence, afin de faire le point sur les travaux préparatoires à cet évènement. Pour le président du Pays, l'objectif est "de prévenir les violences et les comportements déviants". Depuis janvier, un comité de pilotage "s’attèle à définir, au cours de réunions hebdomadaires, un plan d’action visant à la mise en œuvre d’une politique de la famille et de reconstruction du lien social, celle-ci ayant été définie par le Pays comme étant une priorité", indique la présidence dans un communiqué. Le travail de ce comité doit permettre la tenue de la conférence de la famille au mois de juin. Il complètera ainsi les propositions issues ses assises de la jeunesse

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 25 Février 2016 à 16:05 | Lu 2728 fois