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Edouard Fritch : "Nous avons demandé un deuxième emprunt au Président"


Tahiti, le 26 juillet 2021 – Interrogé lors de la visite du président de la République à Hiva Oa, lundi matin, le président Édouard Fritch a indiqué avoir sollicité le chef de l'État sur le second emprunt du Pays –après celui de 28,6 milliards en août dernier– et attendre sa réponse lors de son discours de mardi soir à la Présidence. "Parce que nous n'allons pas tenir avec les difficultés de la CPS, les difficultés d'Air Tahiti Nui", a indiqué Édouard Fritch.
 
Comment jugez-vous l'accueil réservé au Président de la République ?

"Les îles, parce que nous sommes à Atuona je tiens à le souligner, ont souhaité exprimer, par la qualité de leur accueil, la joie et le bonheur qu'ils ressentent à accueillir pour la première fois un président dans leurs îles. Il y a eu beaucoup d'investissement personnel, communautaire. Je disais hier que c'est la première fois que je vois l'ensemble des îles Marquises s'exprimer dans une même danse. Ce rassemblement, cette union des îles Marquises est annonciateur d'un avenir où, autour du dossier de l'Unesco, ils vont se souder et être unis."
 
Sur quels sujets avez-vous échangé avec Emmanuel Macron depuis son arrivée ?

"Nous l'avons enfermé une petite heure en conseil des ministres parce que nous voulions lui donner une idée du contexte polynésien. Pas que des bonnes choses, mais aussi des difficultés que nous connaissons. Nous avons parlé de la création d'emplois, de l'activité dans les archipels, de la délinquance, de la violence chez nous. Et, bien sûr, nous avons mis en avant les rendez-vous que nous avons souhaité avec l'État, en particulier sur le financement de nos projets, le financement à venir des moyens de redressement dans la situation du Pays. Je parle du plan de relance. Et puis dans l'immédiat, le prêt garanti par l'État. Le numéro deux. Nous avons demandé un deuxième emprunt, parce que nous n'allons pas tenir avec les difficultés de la CPS, les difficultés d'Air Tahiti Nui. Nous avons reformulé la demande. Et nous espérons très fort avoir une réponse mardi soir. Le dossier est en préparation à Paris. Nous avons donné tous les éléments qu'il faut. Mais le président se prononcera mardi."
 
En pleine progression de l'épidémie de Covid et de variant Delta, ce déplacement est l'occasion de bains de foule et de rassemblements, comme hier à Atuona. N'est-ce pas dangereux ?

"Hier, ils étaient en extérieur. Vous voulez que la culture s'exprime ou on enferme tout le monde et on ne fait rien ? On a beaucoup parlé avec la mairie et c'était une demande. Le public était masqué. Pas tous, mais vous savez comment c'est. Partout, certains respectent et d'autres s'en foutent. Je crois qu'ils ont fait l'effort. Nous étions à l'extérieur avec un vent suffisamment fort. Je suis convaincu que les Polynésiens sont respectueux des règles. Ici, aux Marquises, pendant de longs mois ils ont été Covid free. Il y a eu quelques alertes sur le Delta il y a quinze jours, mais tout ça est effacé aujourd'hui. Le danger ne pouvait venir que de nous."
 
Vous ne craignez pas un cluster ?

"Personne ne peut le dire. La Covid nous a réservé tellement de surprises. Pas seulement à nous. Les scientifiques qui font des recherches sur la Covid découvrent tous les jours quelque chose. C'est donc difficile à dire. Je croise les doigts. Ce qui est certain, c'est qu'ici toutes les précautions ont été prises alors qu'ils étaient Covid free. Nous, les visiteurs, nous nous sommes masqués jusqu'au bout. Sauf lorsque les organisateurs nous disent non. Nous sommes allés sur le paepae et on nous a demandé de ne pas mettre nos masques sur un lieu sacré. Nous suivons ce qui nous est demandé."
 
Comment Emmanuel Macron pourra-t-il tenir sa promesse de défendre l'inscription des Marquises à l'Unesco s'il n'est pas réélu l'an prochain ?

"Ca n'a rien à voir avec les élections présidentielles. Ce dossier est sur le bureau depuis 25 ans. Je ne sais pas combien de présidents se sont succédé en 25 ans… Mais il est important que le président sente ce besoin des Marquisiens de faire reconnaître, par ce classement, certains sites ici et de leurs îles. Ce qui est important, c'est que le président qui préside encore jusqu'à l'année prochaine sensibilise les services de la culture française, pour que ces gens appuient le dossier."
 
Pourquoi ce dossier avancerait davantage aujourd'hui, alors qu'il date de 25 ans ? Qu'est-ce qui fait que les choses vont se débloquer ?

"Non, il n'est pas bloqué depuis 25 ans. Il ne faut pas abréger sur ce sujet très complexe. Il faut expliquer. Ce qui a bloqué, c'est de constituer le dossier lui-même. Je disais hier que c'est un dossier innovant, puisque nous avons souhaité joindre la culture à la nature. Taputapuātea était un dossier culture unique. Ici, nous avons deux sujets qui sont menés parallèlement parce que des Marquisiens souhaitent que les deux soient liés. C'est un dossier qui n'est pas commun, que l'on ne voit pas souvent sur les bureaux de ceux qui l'instruisent. C'est la cause du retard."
 
Vous-même, vous êtes confiant sur l'avancée réelle de ce dossier ?

"Je pense que c'est important que le président de la République sente l'intérêt pour la France de soutenir ce dossier. Bien sûr qu'il va le faire, parce qu'il l'a dit. Et bien sur que ça nous donne une lueur d'espoir pour que les choses se déroulent normalement. Ça n'ira pas plus vite, parce qu'il faut le temps de l'instruction. Il faut le temps de la présentation. Il faut le temps de convaincre. Et après on ira devant l'ONU, puisque l'Unesco c'est cela."
 
Un sujet remarqué hier, pourquoi avoir chanté la Marseillaise uniquement et pas l'hymne polynésien ?

"Parce que c'est le président de la République française et qu'il n'y a pas de raison. Lorsque demain soir il viendra à la présidence, il y aura les deux hymnes. Sinon, il faut en faire trois ou quatre… Là, on reçoit le président de la République française. Lorsque je viens aux Marquises, on joue les deux hymnes. Il ne faut pas mélanger les choses."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 26 Juillet 2021 à 16:17 | Lu 4429 fois