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Droits des femmes: haro sur les inégalités de salaire et les violences conjugales


Paris, France | AFP | vendredi 08/03/2019 - Après le choc "MeToo" et la nouvelle déflagration "Ligue du LOL", l'égalité professionnelle et la lutte contre les violences conjugales sont vendredi au coeur des revendications de la 42e Journée internationale pour les droits des femmes.

Des milliers de personnes - femmes et hommes - sont invitées à manifester et/ou à débrayer partout en France à partir de 15h40, heure théorique à partir de laquelle les femmes travaillent "gratuitement", si l'on considère qu'elles sont payées en moyenne 26% de moins que les hommes.
A Paris (place de la République), mais aussi Toulouse, Lyon, Marseille ou de nombreuses autres villes, les manifestants doivent se rassembler à l'heure fatidique, munis d'un foulard violet. Ils seront rejoints par la marche des "jeunes pour le climat".
Les Français et les Françaises ont des perceptions très différentes des inégalités de salaire: 56% des hommes, mais seulement 32% des femmes, pensent que la situation s'est améliorée ces dernières années, selon un sondage Elabe.
Depuis une semaine, les grandes entreprises ont commencé, conformément à une nouvelle loi, à publier leur "index de l'égalité hommes-femmes", qui rend compte, notamment, des écarts de rémunération. Les entreprises mal notées (moins de 75 points sur 100), et dont l'Etat est actionnaire, seront rappelées à l'ordre, a souligné vendredi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avertissant que des sanctions pourraient tomber "dès cette année". 
Bien qu'accompagné de pénalités financières, ce nouveau thermomètre déçoit toutefois les syndicats: sept d'entre eux ont interpellé le gouvernement et le patronat, estimant que, par son mode de calcul, cette note "masque une partie des écarts" de rémunérations.
Au côté de l'égalité professionnelle, la lutte contre les violences faites aux femmes est l'autre grand thème de ce 8 mars. 

- "Diplomatie féministe" -

 
Tous les trois jours en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Depuis le 1er janvier, le bilan atteint déjà 30 victimes, a déploré cette semaine la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité des sexes, Marlène Schiappa, évoquant une "honte pour tout notre pays".
Une loi contre les violences sexuelles et sexistes permet la pénalisation des "outrages sexistes". Depuis son entrée en vigueur en septembre 2018, elle a donné lieu à 332 amendes. "Il y a encore quelques années, lorsqu'une femme se faisait harceler dans la rue, personne ne lui venait en aide", a commenté Mme Schiappa dans Le Parisien vendredi. "Maintenant, le seuil de tolérance sociale du harcèlement de rue a baissé", s'est-elle félicitée.
La mobilisation intervient quelques semaines après la révélation de l'affaire de la "Ligue du LOL", ces journalistes et communicants qui harcelaient sur internet principalement des jeunes femmes. 
Ce dossier a déclenché des dénonciations en chaîne du sexisme encore souvent bien ancré dans les rédactions, et a débouché ces derniers jours sur le licenciement de quatre journalistes, à Libération et aux Inrocks.
Les violences sexistes et sexuelles sont d'ailleurs "massives" dans les médias, selon une enquête publiée jeudi, menée en ligne auprès de 1.800 journalistes et étudiants en journalisme par les collectifs NousToutes, Prenons la Une et Paye Ton Journal.
Selon le CSA, la question de l'égalité des sexes dans les médias se pose également dans les émissions: après une légère amélioration ces dernières années, la proportion de femmes à l'antenne s'est dégradée en 2018 à la radio et est restée stable à la télévision, selon le rapport annuel du gendarme de l'audiovisuel, qui pointe notamment une baisse "préoccupante" des invitées politiques dans ces médias.
Pour le gouvernement, la lutte pour l'égalité se mène aussi à l'étranger, via une "diplomatie féministe" qu'il entend promouvoir via sa présidence du G7 en 2019, expliquent Marlène Schiappa et le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, dans une tribune publiée ce vendredi dans Libération.
Dans cette optique, le président Emmanuel Macron a remis vendredi matin le premier Prix Simone-Veil, qu'il a créé pour récompenser "des actions partout dans le monde en faveur des droits des femmes", à la Camerounaise Aissa Doumara Ngatansou, qui gère une association d'aide aux victimes de viols et de mariages forcés dans son pays.
La France va consacrer 120 millions d'euros à un fonds pour soutenir "la lutte contre les violences et les discriminations faites aux femmes" dans le monde, a annoncé le chef de l'Etat, soulignant que "beaucoup de femmes sont en première ligne dans ce combat, mais c'est la société toute entière qui doit se mobiliser, y compris les hommes".

le Vendredi 8 Mars 2019 à 06:41 | Lu 202 fois