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Double menace de grève de l’Unsa


Tahiti, le 21 janvier 2020 – L’Unsa en Polynésie française menace de déposer deux préavis de grève. Le premier pendant la visite de la ministre des Outre-mer début février, si elle n’obtient pas « d’éclaircissements » sur l’application de la réforme nationale des retraites au fenua. Le second dans les prochains jours, si elle n’obtient pas de « clarification » d’Edouard Fritch sur le maintien de l’affiliation des fonctionnaires d’Etat polynésiens à la Sécurité sociale.
 
Les fonctionnaires d’Etat polynésiens sont bien décidés à se faire entendre. Mardi matin, l’Union nationale des syndicats autonome (Unsa) en Polynésie française a organisé une conférence de presse au siège de l’union syndicale à Papeete pour évoquer deux sujets d’actualité : d’abord la réforme nationale des retraites et ensuite la cotisation des fonctionnaires d’Etat à la CPS.

Menace sur la visite de Girardin

Sur le premier sujet, l’Unsa a dévoilé un courrier de trois pages daté du 10 janvier dernier et co-signé par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, et par le secrétaire d’Etat chargé des retraites, Laurent Pietraszewski. Un courrier adressé aux parlementaires, conseils généraux et régionaux et maires ultramarins qui précise les spécificités de la de la réforme des retraites dans les outre-mer. « C’est déjà une avancée. Avant notre grève du 5 décembre, le rapport Delevoye n’avait rien prévu du tout pour la Polynésie en considérant que tous les Polynésiens relevaient de la CPS », entame la secrétaire générale de l’Unsa, Diana Yieng Kow. Le courrier de la ministre et du secrétaire d’Etat précise notamment qu’une partie de la sur-rémunération des fonctionnaires d’Etat ultramarins sera intégrée à la retraite et sera donc soumise à cotisation. Il précise également les conditions d’adaptation au système de « bonifications de dépaysement » ou encore d’extinction de l’indemnité temporaire de retraite (ITR).
 
Pour l’Unsa, ces éléments méritent néanmoins des « éclaircissements et approfondissements » pour « lever des points d’achoppement ». Deux courriers ont donc été envoyés à la ministre et au secrétaire d’Etat. Parmi, les questions de l’union syndicale polynésienne figurent notamment la calcul de la moyenne des salaires pour la retraite, la précision du taux de cotisation sur la sur-rémunération ou encore la compensation de l’ITR… Et s’il n’obtient pas de réponses à ses questions, l’Unsa annonce une grève des fonctionnaires d’Etat au moment de la visite de la ministre Annick Girardin en Polynésie française début février. « Nous sommes dans une période où nous avons besoin d’éclaircissements. Je prône le dialogue social et j’attends des réponses. Mais si nous n’avons pas de réponses, je déposerai un préavis de grève et je pense que les autres syndicats se joindront à nous », prévient Diana Yieng Kow.

A Fritch de clarifier sa position

Sur le second sujet, l’Unsa réagit aux articles de Tahiti Infos sur le rapport Igas-Iga-IGF qui préconise l’affiliation des fonctionnaires d’Etat à la CPS pour la maladie. Diana Yieng Kow explique que lors de la grève du 5 décembre dernier, l’Unsa a obtenu l’assurance du vice-président, Teva Rohfritsch, que le système resterait inchangé. Elle s’étonne de découvrir les propos du ministre de la Santé, Jacques Raynal, dans nos colonnes, personnellement favorable à l’affiliation des fonctionnaires d’Etat à la CPS. « Nous sommes prêts à nous mettre autour d’une table pour qu’on s’explique, que nous donnions nos arguments et qu’ils nous donnent les leurs », tonne Diana Yien Kow. « Nous sommes contre, d’abord parce que c’est notre statut de fonctionnaires d’Etat et nous tenons à le rester avec la Sécurité sociale garantie. Ensuite, on nous dit que nous coûtons à la CPS sans retour. C’est faux. Toutes nos dépenses sont remboursées par la Sécurité sociale, qui verse également des frais de gestion à la CPS. Ensuite, nous ne serions pas solidaires. C’est faux. Nous cotisons très fortement à la CST. Pour ce qui relève par exemple seulement de l’éducation, nous reversons plus de 3 milliards de Fcfp par an au Pays. »
 
La secrétaire générale de l’Unsa a donc également envoyé un courrier au président Edouard Fritch pour lui demander de clarifier sa position sur le sujet, avec là aussi un ultimatum : « Rassurez-nous monsieur le président, faute de quoi nous sommes prêts à déposer un préavis de grève ».

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 21 Janvier 2020 à 16:09 | Lu 3496 fois