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Dix millions de salariés en chômage partiel, afflux encore limité à Pôle emploi


Paris, France | AFP | mercredi 22/04/2020 - Plus d'un salarié du secteur privé sur deux est désormais concerné par le chômage partiel, ce qui a permis de limiter jusqu'ici la hausse des inscriptions à Pôle emploi alors que les embauches chutent.

Mercredi, la barre symbolique des dix millions de salariés en chômage partiel a été franchie. Ce dispositif, qui permet au salarié d'être indemnisé à hauteur de 84% du salaire net, a été demandé à l'Etat par 820.000 entreprises, soit plus de 6 sur 10.

"C'est considérable, on n'a jamais fait ça dans notre pays", a commenté la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

La crise du coronavirus a mis un coup d'arrêt à de nombreux secteurs professionnels, notamment l'hôtellerie-restauration et le BTP, où 9 salariés sur 10 sont au chômage partiel.

Le coût global du chômage partiel est estimé à 24 milliards d'euros - deux-tiers pour l'Etat, un tiers pour l'Unedic - sur la base d'une durée de chômage partiel de trois mois. Les délais de remboursement à l'entreprise sont de "7 à 10 jours", selon Mme Pénicaud, à partir du moment où celle-ci a fait sa demande de paiement, ce qu'une entreprise seulement sur deux a fait pour le moment.

Et ces chiffres continuent d'augmenter au fur et à mesure que le gouvernement allonge la liste des catégories professionnelles pouvant y prétendre. 

Après un décret vendredi qui a inclus les intermittents du spectacle ou les journalistes pigistes, le conseil des ministres a adopté mercredi une ordonnance pour permettre l'indemnisation des heures travaillées par contrat ou convention au-delà de 35 heures (comme une assistante maternelle qui travaillait 45 heures par exemple).

Cette ordonnance va aussi permettre aux entreprises de demander le chômage partiel pour un poste ciblé, et non plus obligatoirement à l'échelle d'un service ou d'un établissement. Cela facilitera l'adaptation des entreprises à une reprise progressive de leur activité, à laquelle pousse le gouvernement car "plus la crise dure, plus les lendemains seront difficiles", a rappelé Mme Pénicaud.

Recul des embauches

Pour l'instant, le chômage partiel a permis d'éviter les licenciements, les réductions d'effectifs constatées dans les entreprises étant le fait essentiellement de non-renouvellement de CDD, mission d’intérim ou de reports/annulations d'embauches.

Cela a permis de contenir jusqu'ici la hausse des demandes d'inscriptions à Pôle emploi. Selon les chiffres publiés mercredi par la Dares (le service de statistiques du ministère du Travail), celles-ci ont augmenté de 12,6% entre le 15 mars et le 11 avril par rapport à la même période de l'année précédente. 

Après un pic (+31%) lors de la troisième semaine de mars, la hausse a ralenti depuis, avec même une stabilité lors de la dernière semaine mesurée (4 au 11 avril). 

Malgré cela, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoit une hausse du nombre de chômeurs de 460.000 pendant les seuls deux mois de confinement. "Cela va être une année difficile en terme d'emplois", a reconnu Mme Pénicaud.

Lundi prochain, Pôle emploi publiera les chiffres de demandeurs d'emploi pour le premier trimestre, mais ceux-ci seront un peu décalés puisqu'ils pourraient s'afficher... en baisse.

En effet les mois de janvier et de février ont enregistré une poursuite de la forte baisse du nombre d'inscrits constatée au dernier trimestre 2019, à une époque où les créations d'emplois étaient massives et où une entreprise sur deux se plaignait de difficultés de recrutement...

Depuis lors, les embauches se sont brutalement réduites même si elles ne se sont pas totalement interrompues.

En mars, le nombre de déclarations d'embauche de plus d'un mois (hors intérim) a reculé de 22,6% par rapport au mois de février, selon les Urssaf.  

Sur le site de Pôle emploi, on compte 437.000 offres d'emplois disponibles contre plus de 700.000 au début du confinement. Et selon l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), les offres pour les cadres ont chuté de 40% en mars.

La Dares constate néanmoins un redressement des offres mises en ligne, et certains secteurs "essentiels" (santé, agroalimentaire, transports, logistique, aide à domicile ou télécommunications) recrutent: 13.300 offres étaient disponibles mercredi sur la plateforme mobilisationemploi lancée fin mars.  

le Mercredi 22 Avril 2020 à 06:49 | Lu 191 fois