Tahiti Infos

Devant sa famille "plongée en enfer", l'hommage de son village à Mauranne, tuée à Marseille


Éguilles, France | AFP | lundi 02/10/2017 - La sirène de la mairie, le glas de l'église puis la Marseillaise: la petite ville d'Eguilles a rendu lundi un hommage ému, où perçait la colère, à Mauranne, l'étudiante en médecine tuée dimanche avec sa cousine devant la gare Saint Charles à Marseille.

Environ 200 à 300 personnes de tous âges sont venues observer lundi soir une minute de silence, devant l'ancien château où est installée la mairie. Sous un soleil rasant, devant un panorama plongeant sur la plaine d'Aix-en-Provence, le maire Robert Dagorne a fait sonner à 18H00 "la sirène de l'alerte et de la détresse".
Cinq adultes et cinq adolescents: à l'écart de la foule, dans un coin du parking de la mairie de ce village de Provence où elle a grandi, les parents et les membres de la famille de Mauranne forment un groupe compact, qui s'étreint, tête contre tête, et fond en sanglots.
"Un odieux barbare, une personne sans foi ni loi a enlevé la vie à deux jeunes filles et a plongé leurs familles dans l'enfer", déclare l'élu, ceint de son écharpe tricolore. 
Mauranne, enfant d'une famille de quatre enfants, a fréquenté l'école communale de cette commune de 8.000 âmes. Installée à Marseille, elle retournait de temps à autre à Eguilles: elle avait travaillé au centre aéré et voulait y proposer du tutorat pour ceux qui tentaient des études de médecine.
Son portrait, celui d'une jeune femme au visage généreux, brune aux cheveux fins, radieuse devant un champ de coquelicots ensoleillé, trône sur un chevalet, près du livre de condoléances que remplissent des dizaines d'habitants. Suit une minute de silence, rythmée par le glas de l'église, attenante à la mairie. Puis, des aînés entonnent une Marseillaise, reprise par la foule.
 

- "Il faut que ça cesse!" -

 
"C'était une jeune fille vraiment très très intelligente", témoigne après la cérémonie un jeune homme en chemise, un ancien camarade de lycée: "elle n'aurait pas dû se trouver là à ce moment-là". Autour de lui, les amis de Mauranne, en habits sombres, pleurent. Certains la connaissaient depuis l'école.
Beaucoup d'autres ont simplement voulu exprimer leur solidarité, comme Julien, 43 ans: "Je suis chamboulé, je voulais m'opposer à cet acte de barbarie". Certains habitants laissent exploser leur colère : "Il faut que ça cesse! Il faut qu'on se défende!  On va se laisser trucider encore combien de temps comme ça ?", lance une femme qui habite ici depuis 18 ans. 
La même émotion était palpable à l'Université de  médecine de la Timone, à Marseille, dont Mauranne était une brillante étudiante de 3e année. Le matin, les étudiants ont appris la nouvelle, pour certains sans pouvoir y croire, alors qu'ils venaient à peine de s'installer en amphi. 
"On est tous choqués et très affectés", a déclaré Anthony Mezouard, président de l'association des étudiants, décrivant une "fille plutôt réservée, sérieuse et de bonne humeur".
C'était une étudiante "calme et réservée, très impliquée dans la vie associative", a souligné le président de l'Université Aix-Marseille, Yvon Berlan. Ses résultats étaient particulièrement brillants : réussite du premier coup du très sélectif concours de première année, moyenne de 15/20 la deuxième.
Sur Facebook lundi soir, le petit ami de Mauranne n'affichait que sa tristesse: "Repose en paix mon amour, tu as été la femme qui a illuminé ma vie. Je t'aime pour toujours et à jamais. Je pense également à Laura et à toute sa famille, courage pour cette épreuve difficile".
Laura, la cousine de Mauranne qui avait également 20 ans, se destinait elle aussi au monde de la santé. Elle étudiait à Lyon pour devenir infirmière, et s'affichait, complice et souriante, aux côtés de sa cousine Mauranne sur Facebook. C'est après un weekend à Marseille, auprès de cette dernière, qu'elle a été tuée à ses côtés. 

le Mardi 3 Octobre 2017 à 04:58 | Lu 1852 fois