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Départ à la retraite de 3 piliers de la Culture polynésienne


Départ à la retraite de 3 piliers de la Culture polynésienne
Trois piliers et passionnés de Culture polynésienne prennent leur retraite après de longues années passées au Service de la Culture et du Patrimoine (SCP). Un établissement phare qui se joint au Ministère de la Culture, de l’Artisanat, de la Famille chargé de la condition féminine pour remercier chaleureusement M. Raymond GRAFFE-TERIIEROOITERAI, Mme Suzanne TETUANUI-PETERS (dit Tutana) et Mme Eugénie MAITERAI pour leurs bons et loyaux services.

Un déjeuner, avec des proches, amis, collègues et anciens collègues de travail, a été célébré en leur honneur, vendredi 29 juillet 2011 à 12h dans les jardins du SCP.

Lors de son discours, M. Teddy TEHEI, directeur du SCP a tenu à partager ses respects pour chacune de leurs contributions. Madame Chantal TAHIATA, Ministre de la Culture, de l’Artisanat, de la Famille chargé de la condition féminine en a dit autant, lors de son partage de vœux concernant leurs projets à venir.


Ci-dessous les portraits des 3 retraités, réalisés à l’aide des fiches d’idenfication remis par le Service de la Culture et du Patrimoine et des interview de Mme Natea Montillier Tetuanui, responsable du bureau ethnologie et traditions orales.


Eugénie MAITERAI
Née le 22 janvier 1950 à Paea, a travaillé 30 ans au service du Pays. Elle intègre comme Raymond et Tutana le CPSH dans un premier temps, puis le Service de la Culture et du Patrimoine par la suite.
En qualité de secrétaire comptable, elle avait pour missions principales de rédiger, saisir et mettre en forme les actes comptables. Elle a participé à l’élaboration et à la prise de décision de budgets. Elle a instruit et assuré le suivi, le contrôle des dépenses et des opérations financières et comptables.
Compétente également en matière de dossiers administratifs et juridiques, Eugénie a élaboré l’ensemble des actes de ces derniers : rapports, arrêtés, certificats, actes d’engagement et de liquidation, bilans financiers, …



Suzanne TETUANUI-PETERS, dit Tutana
Attachée à ses racines tahitiennes et marquisiennes, Tutana vit de la culture polynésienne depuis son plus jeune âge. Passionnée par l’histoire, les rites, traditions ancestrales et l’ethnologique, elle a participé à la conception de plusieurs programmes de recherche ethnologique pour le Fenua. Car il y a là autant de savoirs et de savoirs-faire qu’elle souhaite transmettre aux générations futures, à commencer par ses enfants.
Son parcours
Née le 23 janvier 1944 à Omoa (Fatu-Hiva), elle est reconnue par sa mère Tetuanui a Tetuanui et sa grand-mère paternelle Catherine Vai’au Peters, qui l’élève avec son époux, sur l’île de Fatu-Hiva. Son grand père adoptif donc, William Grelet, était le chef de l’île. « Il m’a donné le goût de la lecture, de la nourriture occidentale, lui enseigne les bonnes manières. C’était un homme de la terre qui m’emmenait avec lui pendants ses activités d’horticulture, d’élevage des bovins et de récolte du coprah ». Tutana grandit également chez sa soeur et sa famille très proche qui pratiquaient des rites tels des offrandes. Immergée, elle perd ses repères quand elle arrive pour ses études dans la capitale, Papeete. En famille d’accueil, elle découvre un mode de vie et des habitudes opposés à ceux de son cocon. Ses grands-parents l’amènent alors en pension chez les sœurs Saint-Joseph de Cluny. A 18ans, son grand père meurt. Après la succession réglée sur Papeete, Tutana repart aux Marquises avec son époux et revient s’installer définitivement à … en 1978.
En 1983, elle rencontre Jean-Marc Pambrun, alors directeur du département des traditions orales du CPSH qui cherche à recruter quelqu’un des Marquises. Elle accepte et remet un premier rapport d’étude de plusieurs mois, sur la médecine traditionnelle et le uru. Au 1er Janvier 1985, elle prend ses fonctions au sein du CPSH en tant que Responsable d’enquêtes ethnographique et au 1er Janvier 1988 jusqu’à ce jour, au sein du Service de la Culture et du Patrimoine, en tant que Chargée de la collecte et de la valorisation du patrimoine culturel polynésien.
Tutana a essentiellement participé au recueil, à la transcription, à la rédaction de fiches et à la saisie de données liées à l’inventaire ethnologique. Elle a aussi aidé à la transmission de savoirs par l’oral et les gestes de l’art culinaire, du tressage, du tapa, de parfums, des teintures, …
Différentes rencontres fortuites lui ont permis d’en savoir davantage sur les mémoires et les richesses de notre patrimoine. « Parmis les moments forts de mon métier, je cite ma rencontre une dame de 80ans de Teahupo’o, lors d’une enquête ethnologique. C’était une tradipraticienne et horticultrice très active. Elle me communiqua quelques recettes de famille. […]En 2003, c’est Pualani, un professeur de danse hawaïenne, qui est venue à ma rencontre. Nous parlions en hawaïen et en marquisien. Elle me fit part d’une légende hawaïenne qui ne m’était pas inconnue. La tradition orale nous avait réunies et on complétait l’une et l’autre nos connaissances ancestrales. […] Autrement, j’ai apprécié à maintes reprises l’éloquence du Président de l’académie tahitienne, Maco Tevane. »




Raymond GRAFFE-TERIIEROOITERAI
Très connu pour ses célébrations de marche sur le feu, Raymond GRAFFE est un grand chef coutumier à qui les traditions, les rites ancestraux et traditionnels n’échappent pas. Il sait d’où il vient et connaît jusqu’à 50 générations avant lui, aussi bien du côté de sa mère qui est originaire de Punaauia, que du côté de son père des Australes. Il quitte aujourd’hui le Service de la Culture et du Patrimoine en y laissant, par souci de partage, objets et ouvrages historiques.
Son parcours
Né le 16 novembre 1946 à Punaauia, Raymond-Teriimana-Maru GRAFFE-TERIIEROOITERAI grandit avec ses parents et ses grands-parents maternels sur les terres familiales. D’abord à Paea, puis à Punaauia, Pirae et Papenoo. Il est investi depuis son jeune âge par la sauvegarde et l’exploitation de ses terres familiales. « Sur la terre de ma mère, à Papenoo, il y avait un troupeau de bœufs à côté. Mais nous avons décidé de nous en séparer car d’autres enfants avaient besoin de cette parcelle de terre. Nous avons alors construit. J’ai 13 enfants. Je vis depuis 1955 sur ce terrain avec ma femme et mon dernier enfant. »
En Janvier 1979, Raymon entre au CPSH en tant qu’aide archéologue puis au Service de la Culture et du Patrimoine en 2000 en tant que technicien en Archéologie. Ce sont 32 années dans l’administration pendant lesquelles il a réalisé l’inventaire et la carte archéologique de la Polynésie Française, mis en œuvre et/ou dirigié des fouille archéologiques de sauvetage et des chantiers de restauration des sites et monuments. Sa participation à la publication de résultats scientifiques a été récompensée puisque des livres avec ses études ont été publiés.
Raymond a aussi entrepris des stages d’initiation à l’étude anatomique des bois de Tahiti et Rurutu, des stages de fouilles archéologiques et préhistoriques, des stages de formation à l’analyse de matériaux pédologiques et archéologiques (sédimentologiques, géochimiques et radiocristallographiques).
Son engagement pour la protection et la valorisation de la Culture et du Patrimoine polynésien ne s’arrête pas là. Il est aussi orateur, maître tatoueur et maître de cérémonie du Umu ti., ou marche sur le feu. Sa première représentation date du 26 juin 1983. Il a, entre autre, fondé les associations Haururu et Toohitu no Papenoo, dont il est encore membre aujourd’hui. Il a beaucoup intéressé les médias, aussi bien locaux, régionaux qu’ internationaux pour ses connaissances sur la culture, les coutumes, les marae et la terre, les esprits et les Dieux, les anciennes navigations, les symboles, …


Rédigé par communiqué du MCA le Vendredi 29 Juillet 2011 à 16:37 | Lu 1989 fois